Keboemen
17 juin 1935
Ta chère
lettre, est seulement arrivée cet après midi, un retard dû aux nouveaux
règlements probablement. Ce soir nous avons été informés par radio que le
prochain courrier par avion sera aussi en retard, parce que le mécanicien est
subitement tombé malade à bord. L’avion a atterri à Bagdad et attend là un
remplaçant, de sorte que nous aurons probablement 2 courriers en même temps
dans 10 jours environ.
Mamali,
j’ai été si contente de recevoir une lettre, parce qu’il faut que je t’avoue,
j’ai été inquiète plus ou moins pendant toute la semaine. Je suis bien contente
d’apprendre que tu vas mieux, c’est surtout ton écriture qui nous a donné cette
assertion, mais il faut encore bien te soigner.
C’est
décidé maintenant, les Engelhart commenceront leur voyage en avril prochain,
ainsi tu as encore le temps de te soigner, car ils ne repartiront qu’après un
séjour de 6 mois en Europe. Oh, quand je t’aurai ici ! Mais suffit,
cela c’est un petit rêve que l’on
garde tout gentiment pour soi, tout au fond de son cœur.
Savez-vous
que nous allons recevoir un deuxième petit chien ? Un même que Tipsie,
mais un mâle, il reste chez les Engelhart encore jusqu’à notre retour de Soerabaya.
Nous avons
un peu changé nos plans. Je ne sais pas si je vous l’ai déjà raconté dans ma
dernière lettre mais nous avons décidé d’aller passer quelques jours dans les
montagnes après nos 2 semaines de service. Nous allons maintenant ne pas sortir
tellement à S. c’est à dire ne pas
nous payer des soirées trop chères dans les dancings de là, ni trop de petits
soupers et de parties de plaisir comme nous en avions l’intention. Nous nous
ficherons une bosse de cinéma et nous irons flâner le soir, s’asseoir sur les
boulevards (cela ne coûte pas cher) nous ferons sûrement aussi très vite des
connaissances. Oscar a écrit aujourd’hui à un premier lieutenant qui a étudié
avec lui à Delft et qui demeure à S.
Nous avons reçu ce soir l’offre du Simpang
Hotel, un hôtel qui appartient à la Banque, un des premiers hôtels de S.
Ils nous demandent Fl. 4.-, par
personne par jour, alors qu’une pension que nous avait recommandée Elout nous
demande Fl. 4.50 !!! Nous
attendons encore deux autres offres, et ensuite nous déciderons, mais je crois
que ce sera le Simpang. Je m’en réjouis, car il est placé au centre de la ville
et puis un bon hôtel, c’est déjà tout un bout de jouissance. C’est là que les
Meyenringh ont habité tous ces mois, et ils en ont été très contents. C’est
peut être par leur recommandation que nous avons un prix pareil, je ne sais
pas. Il y a quelques jours j’ai reçu une photo de madame M. avec quelques mots
en réponse à une lettre que je lui avais écrite.
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lac de Sarangan |
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lac de Sarangan |
Ils ont passé quelques temps à
Sarangan, dans les montagnes. Ce
doit être un endroit merveilleux au bord un petit lac de montagne dans lequel
on peut se baigner. C’est là que nous avons l’intention de finir nos vacances.
Demain madame Engelhart me donnera des renseignements quant aux hôtels etc, car
naturellement ce devra être bon marché. Mais j’aime mieux dépenser notre argent
ainsi, en soignant notre santé, que de le dépenser à faire la noce qui ne
laisse souvent qu’une gueule de bois. Nous sommes pourtant des enfants sages,
pas ? Mais j’ai le sentiment que je vous ai déjà une fois raconté tout
cela, peut être dans ma dernière lettre, je ne sais plus.
Je ne vous
écrirai pas une très longue lettre, ayant encore à finir une petite robe que je
veux porter demain. Elle est en tussor, genre chemisier, avec une amusante cravate
en tabralco carreaux bleu-blanc. Je l’ai eue coupée et faufilée en un peu plus
d’un matin, et c’est mon type qui l’a cousue pour 75 cents. Il m‘en a aussi
cousue une autre, qui va un peu moins bien, mais c’est ma faute, car je ne l’ai
pas essayée assez exactement. Samedi soir, non vendredi, Buby a préparé ses
paperasses militaires et moi j’ai coupé une robe, par terre, sur le tapis,
d’après une des deux moulures que tu m’avais envoyées, tout au commencement. La
robe est très réussie, elle me va très bien, surtout la couleur qui me flatte
énormément, une sorte de bois de rose. Cela fera un très joli ensemble d’après
midi avec des accessoires noirs. Il me reste maintenant encore tous les
raccommodages à faire, j’ai encore un turbin fou, et le temps va si vite.
Mardi
passé j’ai de nouveau eu un beau jour à Premboen. Mr. Engelhart m’a fait
visiter toute la fabrique (pour la cane à sucre, à l’arrêt). Elle
est immense, elle a bien la superficie de notre jardin du Chalet, et des
machines, des machines. Il y a entre autre 18 immenses chaudrons, qui ont la
hauteur de notre maison ici, non ce ne sont pas des chaudrons mais des
chaudières à vapeur. Ensuite ils ont 6 batteries de centrifuges de 8
centrifuges chacune et les meules pour
presser la cane à sucre !
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chaudières |
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meule ou presse |
Jamais je ne m’aurais imaginé cela aussi
formidable, et dire que tout est fermé et ne travaillera peut être plus. Il y a
bien quelques fabriques qui recommencent à planter et la récolte est pour 1936, mais Premboen n’en est pas, parce
qu’elle est trop éloignée de la
côte. Il s’en est gagné de l’argent dans le temps, dans les bonnes années,
ha ! et dépensé aussi.
Je pense
que vous devez avoir reçu les photos maintenant, tu dois en avoir du plaisir de
nouveau. Je peux bien m’imaginer comme tu les étudies à la loupe !
Mes chers,
j’arrive à la fin, Buby a déjà fini ses deux feuillets (à la main, il a moins à
écrire pour les remplir !). Portez-vous bien. Mamali soigne-toi, n’est-ce
pas ? Mon Faaather, tu me fais plaisir quand tu la gâtes. Je suis si
contente que vous ayez des gens sympathiques au Chalet, cela rendra votre
séjour tellement plus agréable. Une chose qui me fait bien plaisir, c’est de
lire que le Chalet est maintenant bien
en ordre, une chose rare de notre temps !!!
Mes chers
chéris, mes meilleures pensées, toujours votre……
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