samedi 30 avril 2016




Keboemen

1er septembre 1935

C’est dimanche aujourd’hui, il est nécessaire que je l’écrive noir sur blanc pour m’en apercevoir, car c’est de nouveau la fin du mois et Buby est collé au bureau. Hier c’était le jour national hollandais, la fête de la reine. D’habitude tout est fermé, c’est grand jour férié, les banques, les postes, les magasins, les commerces, tout a congé. Oscar a demandé à Visser le jour avant ce qu’il fallait faire (car toutes les autres fabriques de la Mexolie ferment  également) mais Visser a répondu : oh, pour ces peu de gens qui viendront au bureau ce n’est pas la peine de fermer la caisse ! Il est à gifler de temps en temps. Justement parce qu’il y a peu de gens à la caisse un jour pareil, c’est la meilleure raison pour fermer, car on ne perd pas grand chose ou rien du tout, mais voilà bien la nonchalance de Visser. Il se fout bel et bien de ses employés, qu’ils restent collés au bureau, eux, lui n’y vient pas, alors il s’en fout. Röhwer a eu congé vu que la fabrique ne tourne pas, mais Buby a été au bureau travailler à sa fin de mois, avec le plaisir de la terminer un jour trop tôt, puisque à Batavia ils ne l’attendent pas à la date régulière, ayant aussi fermé hier. Ce n’est pas de la méchanceté de Visser, non, c’est seulement une immense nonchalance, une terrible indifférence envers ses employés, envers tout ce qui ne le concerne pas personnellement, ce qui ne le touche pas lui et sa famille. Il est très bon pour les affaires il a du flair, il est commerçant, mais rien de plus, aucun intérêt en dehors de ce rayon-là et celui de sa famille. Enfin zut, faut pas s’en faire cela ne change rien à l’état des choses.
Merci mille fois pour la lettre 101. Je l’ai reçue mardi de nouveau comme d’habitude. Oui, que cette nouvelle série de 100 nous apporte le même bonheur que la première et toujours d’aussi bonnes nouvelles.
Mardi matin, comme je venais de baigner après avoir expédié mon courrier, madame E. avec cette jeune Hollandaise, sont venues me chercher. Elles voulaient aller visiter l’hôpital, parce que cette jeune femme a été garde malade en Hollande, elle a aussi son diplôme de sage femme. Nous avons donc visité tout l’hôpital de Keboemen en compagnie d’un jeune docteur nouvellement débarqué. C’est la première fois que j’ai ainsi visité tout l’hôpital et vraiment c’est à être surpris comme tout est bien installé, up to date tout à fait. C’est un immense bloc de maisons toutes reliées entre elles par des galeries couvertes, entre lesquelles verdissent de jolies pelouses. Il y a deux bâtiments pour les hommes, et deux pour les femmes indigènes, à part la salle d’opérations bâtie séparément, la salle Röntgen, la polyclinique, la pharmacie, le laboratoire, les cuisines. Dans une aile séparée se trouvent les chambres pour Européens et Javanais payants. Viennent ensuite les maisons d’habitations des docteurs, des sœurs, des gades javanais internes. Vraiment jamais vous ne vous imaginerez comme tout est bien, beau et propre. Keboemen est connu pour cela, parce que dans le temps du sucre la population était très dense ici de sorte que la Mission a tout fait pour avoir un hôpital de grande utilité. Le plus beau, c’était naturellement la chambre des poupons. Oh, vous auriez dû voir cela, ces petits chinois et javanais. On leur donnait justement à manger, de la bouillie de riz et des épinards, ensuite ils devaient aller sur le pot. Pour cela les sœurs les alignaient le long de la paroi en les attachant un peu pour qu’ils ne se sauvent pas avant d’être prêts. Ces enfants sont toujours nus pendant le jour, surtout s’ils sont déjà guéris, le plus souvent ils ne sont pas malades, mais ce sont des enfants trouvés ou sauvés de conditions de famille impossibles, alors le long de cette paroi ils formaient une rangée de petits Bouddhas bruns sur un trône d’émail blanc. Toi, si tu avais vu cela tu y serais encore à l’heure qu’il est !!! Moi aussi j’ai eu de la peine à m’en séparer.
En rentrant, ces dames sont encore venues boire un verre de sirop chez moi, et elles n’étaient pas parties 10 minutes, voilà que Frank (van der Stok ?) arrive sur sa moto. Il est juste resté un jour pendant lequel j’ai toujours eu la chance de cuire et mettre sur la table juste ce qu’il aimait, de sorte que ce jeune a bouffé, a bouffé comme les garçons quand ils reviennent du service. Cela m’a tellement rappelé de choses que je le bourrais come je pouvais. Un jeune qui vit depuis 3 ans d’une pension à l’autre, sait apprécier quand on fait quelque chose pour lui. Il ira en Europe le printemps prochain, je lui ai déjà fait promettre de prendre un paquet pour vous. On verra.
Mes chers, est-ce que ce n’est pas affreux cet accident de la reine Astrid (accident de voiture près de Lucerne)? J’en ai été toute bouleversée et ce pauvre Léopold (roi de Belgique), bon sang, ce qu’il doit souffrir ce pauvre homme. C’est déjà terrible quand une chose pareille arrive à un particulier, comme à Frans, mais encore un roi qui doit faire face au deuil de toute une nation. J’attends avec impatience le Journal du Jura pour avoir une version juste de tout l’accident, ici les télégrammes se contredisaient quelque peu et l’on doit attendre les nouvelles par lettre pour en savoir plus long.

Demain matin je vais à Premboen et de là avec les Engelhart à Poerworedjo. Je suis contente de cette occasion pour faire des achats chez le chinois épicier de là, qui est bon marché et a toujours beaucoup de choix.
Depuis vendredi nous avons notre deuxième petit chien, Bruno, Bruintje, Brunou et encore beaucoup de dérivatifs. Il est exactement comme Tipsie, on a de la peine à les reconnaître l’un de l’autre. C’est fou ce qu’ils s’amusent ensemble, c’est toujours fête au village maintenant et je pense souvent à toi, avec tes Tiptopsy.


Nous avons attendu John et Jans pour le weekend, mais ils ne sont pas venus, et nous n’avons pas de nouvelles concernant notre auto non plus. Je serai si contente quand nous en aurons une, même si nous n’avons les moyens de sortir qu’une fois par mois, si ce n’est que pour aller chez un bon coiffeur quelque part.
Ce matin j’ai acheté un très joli tapis, fait par des indigènes de Sumatra. C’est un type qui voulait rentrer et avait besoin de son argent, ainsi je l’ai eu très bon marché, et c’est une chose qui a beaucoup de valeur en Hollande, seulement je ne m’y connais pas encore assez bien pour l’évaluer.
Mercredi passé j’ai été à Premboen pour aider à déménager. Mme E. était étonnée de mon savoir faire et vraiment, sans moi elle ne serait pas encore où elle en est. Diable, j’ai été à bonne école entre Sutz et Bienne, hein, nous on sait faire cela !
Mes bien chers, les nouvelles qu’on reçoit au sujet de l’Italie et Ethiopie sont toujours alarmantes. Vraiment, je me sauve presque chaque fois qu’ils lisent ces dernières nouvelles au radio, je ne peux plus entendre tout cela. Qu’elle est ton opinion, Charlot ?
Mon Fatherli, je vois que tu as toujours beaucoup de soucis. Mon cher, cher vieux macaroni, ne te décourage pas, garde confiance, cela aide à vivre. J’aimerais tant une fois tirer le gros lot, ce que je vous aiderais alors !
Mamali, tu sembles avoir une frousse terrible de ce que j’attrape la malaria. Oui, je sais, en Europe on en a très peur, mais vraiment ici, on s’en fait beaucoup moins, car presque chacun y passe. Cette peur en Europe provient aussi de ce qu’on ne connaît pas bien la maladie et ses causes, alors on s’en fait une idée exagérée. C’est vrai pourtant que la malaria en Europe est plus dangereuse qu’ici, surtout parce qu’on n’est pas habitué à la soigner etc. La malaria est causée par la piqûre d’un moustique qui dépose dans le sang une certaine sorte de microbe. Ces microbes agissent sur les globules blanches dans le sang, je ne peux pas bien vous dire comment, suffit que cela cause de la fièvre. Alors on prend de la quinine, qui tue ces microbes. Une fois qu’ils sont tués, on prend encore autre chose qui les fait disparaître du sang. C’est ce que madame E. vient de faire. Cela se fait le plus souvent après la malaria tropica, la forme la plus dangereuse. Il y a aussi la malaria terziana, une forme de microbes qui ne travaille que tous les trois jours, alors on est deux jours sans fièvre et le troisième on a près de 40°. Cela peut durer des semaines. Van Tinteren et John ont cette sorte-là. En général, la malaria n’est pas une maladie dangereuse qui cause la mort par elle-même. Elle devient dangereuse parce que ces fièvres, si elles se répètent souvent, affaiblissent le malade et diminuent sa force de résistance. Dans le temps quand on ne savait pas encore bien  comment lutter contre la maladie, ces microbes ne disparaissaient pas du sang et ainsi le malade était toujours embêté par la fièvre. Aujourd’hui, les dr. savent tout de suite à quoi ils en sont et ont aussi les remèdes nécessaires pour nettoyer le sang à fond. Une fois le sang nettoyé de ces microbes, on n’a plus rien, jusqu’à la piqûre du prochain moustique. Inutile de vous dire qu’on possède aussi d’excellents moyens pour lutter contre les moustiques, tels que le Flit etc, ainsi que les maisons claires et bien aérées. C’est toute une hygiène tropicale que l’on ne connaît pas en Europe. On est beaucoup plus propre ici qu’en Europe. C’est sûr qu’on est aussi obligé d’attacher beaucoup plus d’importance à l’hygiène ici et je connais beaucoup de gens, des types (je ne veux nommer personne !) qui apprendraient encore bien à se baigner souvent, se laver les gousses etc. et changer de chemises et de chaussettes. Dans ces choses-là il n’y a pas d’économie qui fasse ici. Je vais encore ajouter, quoique je l’aie déjà écrit, il me semble que la quinine, le principal remède contre la malaria, est une écorce d’un arbre qui croît ici, c’est donc un remède tout naturel. Il y a toutefois des gens qui ne la supportent pas si bien que d’autres. Là, es-tu au courant maintenant ? ou faut-il t’en écrire encore plus long là-dessus ? Enfin il sera toujours temps de recommencer quand tu auras de nouveau oublié tout ce que tu viens de lire !!!
C’est lundi soir, Buby vient de quitter pour le bureau de nouveau. Il en aura bien jusqu’à minuit. C’est donc moi qui vais écrire à papa Woldringh. Je suis si contente, nous lui avons écrit à propos de notre plan d’acheter une petite voiture et il nous approuve, même si nous n’avons pas beaucoup de sous. Il dit que nous en aurons un tel plaisir et que cela restera un de nos plus beaux souvenirs de notre vie aux Indes, notre première auto.  Vous ne m’écrivez rien à ce sujet, je me demande pourquoi ? N’êtes-vous pas d’accord ou trouvez-vous que nous nous lançons trop ? Il est vrai que nous n’avons presque plus rien de côté quand nous aurons payé la voiture, si nous l’aurons, ce qui n’est pas encore dit, vu que ces petites voitures sont très demandées maintenant. Nous pourrions en avoir beaucoup de grandes pour Fl. 100.- mais ce sont des voitures qui mangent beaucoup de benzine, ce qui vient cher par la suite.
Ainsi vous avez de nouveau été tous ensemble au Chalet comme autrefois, j’aurais bien voulu y être aussi mais zut, on ne peut pas tout avoir en ce monde. Il fait beau ici aussi avec Buby !
Il me faut encore écrire à Flock. La petite nouille, est-ce qu’elle ne m’envoie pas tout un paquet de….paprika ? je ne savais pas ce qui m’arrivait en l’ouvrant. Le poivre rouge qui croît ici et que j’achète pour rien si j’en veux !!! Ohlalala
Mardi matin, mes chers, je n’ai presque plus de temps, je dois m’habiller et mon train part dans une demi-heure. J’avais encore beaucoup à dire, mais maintenant plus rien ne me vient à l’idée.
Les Röhwer ont aussi reçu leur radio hier soir, gare la fête maintenant que toutes les trois maisons ont leur appareil.
Mes chers je me réjouis de lire votre lettre ce soir…
Salutations à Mina, qu’elle ne désespère pas, une lettre viendra une fois !




mercredi 27 avril 2016




Keboemen

26 août 1935


Ouf, quel sale jour aujourd’hui, je suis encore en monture sur mes trois zigues, surtout sur ma baboe. Ce matin nous sommes partis pour Premboen, Oscar et Visser s’en allant en tournée à Poerworedjo, ils m’ont prise avec jusqu’à Premboen. En partant j’ai dit à la baboe que nous voulions manger à 1 heure au lieu de midi, qu’elle devait faire le dîner prêt pour cette heure-là. Ben, nous revenons à 1 heure, qu’est-ce qu’on voit ? rien, rien n’est encore cuit, elle n‘avait pas encore commencé. Quelle engueulée on a lâchée, Oscar et moi, vous pouvez bien vous l’imaginer, et elle a encore eu le culot de me répondre que j’avais dit qu’elle devait commencer à faire le dîner à 1 heure ! Oh, mais zut, on en avait plein le dos. Pour comble j’ai à la cuisine des coolies de la fabrique chargés d’enlever une espèce de fourneau pour bois que je n’employais  pas et qui prenait seulement de la place. Bah, voilà maintenant que je vous l’ai raconté je ne suis plus en colère, de plus le djongos est venu me faire toute une histoire d’excuses, qui, bien qu’elles consistent en mensonges pour les trois quarts, m’ont désarmée. Bah, personne n’a jamais fini de faire ses expériences avec ces javanais, c’est un peuple de gosses roués et malins.

Oh mes chers, il est arrivé quelque chose de terrible à Anne et Frans. J’avais écrit il y a quelques jours à Anne de m’acheter différentes petites choses à Soerabaya. Ce soir je reçois un billet de Anne m’annonçant qu’ils ont eu hier un terrible accident d’auto. Ils étaient partis en weekend avec la jeune madame van Dyl, celle qui vivait à la pension Justina (Soerabaya). Et bien cette jeune femme a été tuée dans cet accident. L’auto a capoté sur un mauvais chemin en pente, parce qu’elle a été entraînée à une trop grande vitesse, et Frans en voulant changer de vitesse n’a pas pu embrayer. Enfin, je ne peux pas vous donner tous les détails de cet accident, suffit que c’est terrible et ce pauvre Frans doit presque devenir fou de douleur et des reproches qu’il se fait. Madame van Dyl laisse un petit garçon de 3 ans.
Anne  n’a pas écrit beaucoup, seulement que Frans s’en faisait tant. Tous les autres détails, nous les avons entendus par radio tantôt. C’est terrible, et nous en sommes tout malades et nous devons encore leur écrire ce soir pour leur aider à passer tout ce qui va venir. Frans est allé lui-même s’annoncer à la justice, pauvre garçon, il est si droit et si bon. Oscar a peur que si l’affaire finit mal, cela peut lui coûter sa carrière, ce qui serait terrible pour ces deux, si sympathiques.  Dans ma lettre je leur annonçais justement notre intention d’acheter la puce. Et cette jeune femme qui m’a encore donné des Ullsteinmuster (Verlag Ullstein, Allemagne, pour patrons à coudre) et une petite broche en argent parce que j’ai été lui rendre visite pendant qu’elle était malade là à la pension. Je ne la connaissais pas encore bien, mais nous demeurions sur le même palier et comme je n’avais pas beaucoup à faire le matin, j’allais passer un moment vers elle, cela lui faisait tant plaisir, vu qu’elle était si seule. Elle était jolie, aussi grande que moi et je lui avais aussi promis de lui envoyer le patron de ma fameuse robe à succès, maintenant elle ne la portera plus. Je vous dis, c’est terrible d’y penser. Buby abrège aussi la lettre à son père pour pouvoir écrire à Frans et lui aider. Pauvres, pauvres amis.
Mes chers, vous ne m’en voudrez pas de ne pas vous en écrire beaucoup plus long ce soir, mais vraiment il faut que j’écrive à Anne.
Lundi matin
Je vous envoie par bateau toutes nos photos de Soerabaya en série complète. Celles que tu auras double, tu pourras en faire cadeau à Tata et Max ou Banely.
Tata, merci beaucoup pour votre carte de Londres. Cela me fait toujours plaisir de recevoir ces petits signes d’amitiés. J’espère que vous avez eu de très belles et bonnes vacances. Comment avez-vous trouvé Londres, correspondait-elle à ce que vous en attendiez ?
Merci beaucoup pour ta lettre no 100, qui est arrivée par le 2ème avion de la semaine. Au lieu de la recevoir mardi comme d’habitude, je ne l’ai reçue que vendredi, ce qui m’a un peu inquiétée d’abord, vu que dans la 99 les nouvelles de ta pression du sang n’étaient pas trop bonnes. Je suis contente que Banely ait pu venir, même que pour une courte visite. Cela fait toujours un changement agréable.
Et toi, mon bien cher Faaatherli, tu as de nouveau des soucis, ou plutôt toujours encore. Oui, cela n’en finit plus et me fait tant et tant de peine pour toi, et je ne puis pas t’être utile. Mais courage, il faut bien que cela tourne une fois.


image internet
Sans cela je ne vois rien de spécial à vous raconter pour cette semaine, sauf que j’ai été inquiète de cette lettre qui n’arrivait pas. Ne pouvez-vous pas vous renseigner une fois pourquoi vos lettres maintenant sont si irrégulières, une fois elles viennent par Bâle-Leipzig, une fois par Halle, une autre fois par Budapest etc. Est-ce que l’employé ne peut pas  choisir une fois un cours de route pour de bon et s’en tenir là ? Il y a aussi que tu oublies toujours de laisser de la place pour les timbres quand tu écris l’adresse, alors ils doivent coller les timbres au verso ou n’importe comment, ce qui pourrait bien amener un retard une fois, car ici ils sont sévères pour cela, et une lettre est si vite perdue à cette grande distance, qu’il faut éviter tous les risques.
Chez nous c’est le printemps qui commence à percer, j’ai été très occupée avec mon jardin, faisant planter beaucoup de fleurs et de plantes reçues de Premboen. Autrement notre petite vie a repris son cours, calme et heureux. Nous sommes encore toujours occupés avec notre album de photos et nos soirées sont si heimelig que nous n’arrivons jamais à aller au lit avant minuit.
Chuggou est de nouveau en Angleterre ? A chacun all the best, prenez la vie comme elle est, elle est si courte. Votre Ge……






Keboemen

12 août 1935

Oui, voilà les deux années de mariage déjà passées. Déjà ! Elle va vite la vie. Surtout pour les gens heureux. Merci de tout mon cœur pour votre lettre 98 avec tous vos bons vœux qui se réalisent vraiment. Merci pour les grains de sel de papali, les mots de Chaggi et Chüggu (Charlot et Louis).  Cela m’a fait plaisir, cette lettre de famille, car elles deviennent rares les lettres où chacun écrit un bout et c’est à maman que revient la tâche de remplir les deux feuillets habituels. Votre lettre a d’ailleurs été la seule qui soit arrivée à temps avec une lettre pré-anniversaire de papa Woldringh. Les lettres avion n’arriveront que demain, probablement. Mais allons vite aux faits, car j’en ai beaucoup à raconter et il est déjà lundi soir, de sorte qu’il ne reste plus trop de temps.

J’en suis restée à nos vacances à Sarangan. Nous sommes arrivés avec le train jusqu’à Madioen(Madoera), une jolie résidence qui a quelque chose de français, je ne sais quoi, mais il m’a fallu penser au pays de Neuchâtel et de Vaud en y passant. Là, nous attendait l’auto de l’hôtel Lawoe qui nous a conduit à Sarangan en une bonne demi-heure, non sans s’arrêter au pied de la montagne pour remettre nos bagages à des coolies qui les montaient à l’hôtel, parce que la pente de la route était si forte qu’elle ne permettait pas à l’auto de les transporter avec nous. Quand ce fut fait, nous repartions pour aussitôt attaquer une grimpée qui m‘a fait pousser les hauts cris. Bon sang, j’ai fermé les yeux, pendant que Buby riait, mais je vous dis, j’avais l’impression d’être à la foire de carnaval, sur l’un ou l’autre des Grands Huits ou Tobogan ou engin à émotion. C’était formidable, figurez-vous que nous avons grimpé 1500 m en trois km au plus, Oscar dit que c’est plutôt 2 km, mais je vous écris trois pour éviter d’exagérer. Tout de même c’était comme si on montait à Chasseral (sommet du Jura suisse) en ligne droite. Fou ! 
Hotel Lawoe
Photo Javapost

Une fois arrivés, nous avons un peu été déçus à la vue de l’hôtel qui était plein de gosses, une vraie pension de famille, mais à la longue on en a été très contents, car la nourriture était excellente et abondante. Aussi le service était assez soigné, un djongos pour 2 chambres. Nous avions une des chambres les plus simples, une petite chambre de bain avec wc, ensuite la chambre à coucher, meublées simplement mais propre et une voorgalery vitrée très gentiment arrangée. La vue était magnifique et me faisait penser à Macolin (au dessus du lac de Bienne). Ce sont des Allemands qui ont cet hôtel, comme d’ailleurs presque partout. Tous les hôtel de Sarangan sont en mains allemandes, des soldats retenus pour une raison ou une autre pendant la guerre. Dommage qu’il n’y ait pas plus d’hoteliers suisses qui s’expatrient, cela me semble une assez bonne affaire ici. Nous avons eu des Apfelstrudel, et un tas de mets allemand, c’était heimelig. Toujours des légumes frais, entre autre aussi des asperges fraiches, cultivées à Sarangan même, mais elles n’avaient pas trop de goût, dommage. Là, j’ai bouffé, mes chers, j’ai bouffé, c’était presque une honte. Mais cet air me donnait un appétit terrible. Il y avait de la salade à chaque repas, alors j’ai demandé une petite assiette spéciale, comme Faaather le dimanche, n’ayant plus de place sur ma grande assiette, et là j’empilais une pyramide de salade. Tout le monde me regardait, mais cela m’était parfaitement égal et ne m’a pas empêchée de jouir de tout ce que j’avalais, et deux trois jours après, presque tout le monde m’a imité avec l’assiette à salade ! Je crois que l’hôtelier devait être content de me voir décamper ! C’est tout de même autre chose quand la cuisine européenne est faite par un Européen, ces baboe-koki, cela n’apprend jamais les finesses de notre cuisine. L’hôtel a 20 chambres seulement, toutes réparties en pavillons. La prochaine fois nous irons au Grand Hotel qui n’est pas beaucoup plus cher et offre un public plus varié. Nous avons payé Fl. 8.-, pour les deux par jour. Cela fait environ Frs. 17.--, ce qui n’est pas bon marché, mais il fallait compter avec la haute saison des vacances scolaires.

 Sarangan Lake
Photo Nelly

Sarangan est unique. Le village est bâti au bord d’un petit lac qui s’est formé dans le cratère d’un volcan éteint, de sorte que l’on peut baigner, ramer, faire un peu de voile et surtout des excursions, des ascensions, des promenades dans des forêts profondes, tantôt encore vierge, tantôt ressemblant tout à fait à nos forêts jurassiennes aux sapins plantés en lignes droites. Nous avons passé toutes nos matinées dans ces forêts. Tous les matins nous étions debout à 7 heures, buvions notre café avec un petit pain, nous faisions notre toilette et allions déjeuner. A 8 ½ heures nous étions déjà en chemin, munis de nos appareils de photos, de jumpers, lunettes fumées, chapeaux et un petit plan de la contrée, et nous allions à l’aventure, marchant où bon nous semblait, mais presque toujours nous grimpions jusqu’à la limite des forêts, là où se trouvaient les pâturages couvrant les pentes du Lawoe, le plus haut volcan de Java avec le Smeroe, 3400 m. 
vue depuis le lac
(photo Javapost)
L’année passée nous avions été avec John et Jans sur l’autre côté du Lawoe, à Tawangmangoe, ce que je vous avais raconté. Nous revenions toujours vers 1 heure, affamés et sainement fatigués au commencement, par la suite on était bien entrainé et on aurait pu faire les plus grandes excursions, mais hélas, il fallait partir. Après le lunch, bien rassasiés, nous allions nous étendre à l’air, sur la terrasse devant notre chambre, sous des sapins et restions couchés jusqu’au thé, après quoi nous repartions pour une petite promenade autour du lac ou au village, ou encore, Buby jouait au tennis. Le soir nous allions toujours nous coucher tôt, ainsi nous n’avons pas pris part aux « social evenings » au salon et pas fait de connaissances non plus, mais c’est compréhensible, vu que nous  n’avions que 8 jours là-haut. Là aussi, nous en avons eu 100% pour notre argent. Mes chers, vous auriez dû voir nos mines resplendissantes et comme nous avons encore bonne mine. Je ne peux cesser de me regarder dans la glace, tant mon image me fait plaisir. Buby est bronzé comme un nègre, moi j’ai plutôt rapporté des joues rouges comme si j’étais constamment fardée. Et une joie et un entrain de vivre, de travailler, une légèreté de caractère, un contentement, un bonheur, un bien être fantastiques. Vous aurez des photos de Sarangan aussi. Nous voulons tâcher d’y aller avec Anne et Frans l’année prochaine, ou peut être y passer Noël !
Nous sommes partis de là, le samedi après-midi pour Solo, où nous avons reçu un cordial accueil de nos chers patapouffes John et Jans, qui nous ont fêtés tant et plus avec des liqueurs et du vin, tellement que nous avons eu les 4, non surtout nous deux, Buby et moi, deux très bonnes chiques ! John aussi en avait son compte, il n’y a eu que Jans qui a gardé la tête à sa place, ma bonne chère Jans. Nous ne devions que passer la soirée là, et voulions profiter d’être ensemble, mais John et Jans craignaient une famille qui voulait venir en visite. Alors comme j’avais attrapé un rhume juste le dernier jour à Sarangan, John m’a installé sur leur chaise longue, avec une couverture etc. dans leur salon. Les visites sont venues, mais à ma vue elles n’ont eu aucune envie de rester, et nous nous sommes tordu les côtes une fois seuls. Il n’y a que John pour se tirer d’affaire !
Et maintenant la grrrrrande nouvelle !
Derrière la maison, dans la cour, John avait, avait….. devinez quoi ? Une petite Fiat, two-seater, modèle 509, peinte en rouge vif et noir qu’il était chargé de vendre pour Fl. 350.-. Nous en avons offert 150.- et le lendemain matin, en l’examinant mieux, 200.- vu qu’il y avait déjà un amateur qui offrait autant. Le 7 courant, juste le jour de notre mariage, John téléphone qu’il s’est présenté 2 amateurs pour Fl. 250.-, mais que John s’était assuré la priorité pour nous, si nous voulions mettre ce prix. Il a tout à fait démonté la voiture, l’a essayée, nettoyée et rafistolée et nous a assuré qu’elle valait bien Fl. 250.-. Nous nous sommes mis à compter et recompter nos maigres économies depuis Soerabaya sans pouvoir prendre de décision. Vous savez qu’il y a longtemps que nous avons décidé l’achat d’une voiture, toutefois nous comptions toujours y mettre Fl. 150.-, comptant, mais alors il se serait agi d’une Ford ou d’une cariolle de ce genre, marchant 1 :7 ou 8. Ce genre de chiottes sont très bon marché ici, tandis que les petites voitures ne demandant pas beaucoup de benzine sont plus recherchées. Cette Fiat marche 1 :13 ce qui n’est pas mal, qu’en pensez-vous Chauffeurs Marchand ? 
Fiat 509, 1935
photo internet

A la fin, et surtout parce que c’était justement le jour de notre mariage nous avons décidé de la prendre, en payant Fl. 150.- comptant et le reste en 4 mois. Nous pourrions payer comptant Fl. 200.- vu que je les ai, mais j’aime autant qu’ils m’apportent les intérêts à moi qu’au vendeur. La voiture, avec impôts, assurance et tout ce qui s’en suit, nous coûtera Fl. 10.- par mois, bien compté, et la benzine alors à volonté. C’est là qu’il faudra montrer de la volonté. Nous savons parfaitement que ce sera difficile, mais nous allons risquer l’aventure. Cela nous remet presque à notre premier mois de mariage, vu que cela demande toutes nos économies, sauf Fl. 100.- auxquels nous ne touchons pas. Nous avons aussi pris cette décision parce que les fabriques ont fait quelques bénéfices jusqu’à présent. Les frais généraux sont couverts pour toute l’année, et ce que nous gagnerons maintenant peut être compté comme bénéfice, mais ce sera employé pour acheter des stocks de coprah, afin de ne pas être pris au dépourvu pendant la saison de pluie, et de pouvoir ainsi tourner sans trop d’interruptions. La situation n’est pas encore brillante, mais elle est meilleure que l’année passée, et Buby a bon espoir, Moi, j’ai encore de temps en temps un peu de souci au sujet du risque que nous prenons d’acheter cette chiotte ainsi, mais zut, nous pourrons toujours la revendre s’il le faut. Nous aurons la réponse du vendeur vers le 18 août, nous saurons seulement alors si oui ou non nous pouvons compter dessus. Qu’en dites-vous, mes chers ? Trouvez-vous que nous sommes trop téméraires ? Maintenant que l’on paye l’impôt sur la benzine au lieu d’un impôt sur la voiture, les petites chiottes au roulement économique sont très demandées et cela restera. Et une deux place avec un petit porte bagage derrière pour les valises et une place au besoin nous dispensera d’inviter qui que ce soit, ce qui se fait souvent par politesse ici. Je me demande ce que vous en dites ?
Le 7 août Wies est arrivée avec la petite, dans une voiture neuve Stream Line qu’ils ont prise à la place de leur vieille Chevrolet.  Ils ont amené Nieburg avec eux, le jeune comptable d’ici qui est maintenant à Tjilatjap. J’ai donc eu tout un petit monde pour souper, heureusement que Wies avait pris du pain avec. J’avais deux poulets, des pommes allumettes et de la belle salade de Premboen, ensuite on a mangé du pain avec un tas de choses, telles que sardines, foie gras etc. Van Tinteren et Nieburg sont repartis à 10 heures. Le jeudi matin nous avons été saluer la Rickshaw, parce que Röhwer a été le patron de v.T. en son temps à Kediri. Là la petite était très grinche, et en rentrant elle n’a pas voulu manger, le soir elle avait de la fièvre, et le médecin a constaté un léger mal de gorge. Il a fallu la tenir au lit pendant tout le temps, ce n’était pas facile et Wies a été très inquiète. Does (donc v.T.) est revenu de Tjilatjap tous les soirs. Malgré cet ennui, nous avons beaucoup joui de cette visite. Le samedi, le 10, le soir nous n’avons donc eu que les Engelhart. La soirée s’est bien passée, à part ma montagne de sandwiches inutilisés, mais la bowle était très bonne et le petit hors d’œuvre apprécié. La Stimmung aussi était passablement bonne, on s’est raconté des Witz.
Les Engelhart, pourtant, qui le matin même m’avaient envoyé des fleurs en quantité suffisante pour en inonder toute ma maison, et des légumes de toutes sortes, deux immenses paniers, ont dû nous annoncer une mauvaise nouvelle. Mr. E. était donc administrateur de Premboen, et depuis 20 ans dans l’affaire, a été remis au titre de simple employé et il doit quitter sa belle maison et aller demeurer dans une plus petite, une toute petite maison sans jardin. Cela pour économiser les impôts sur la grande maison soit disant, mais les E. ne se font plus d’illusions et pensent que c’est le commencement de la fin, que Premboen ne tournera plus et sera une ruine sous peu, ainsi que tant d’autres fabriques de sucre ici. C’est leur magnifique jardin qu’ils regrettent le plus. Cela nous fait tant de peine pour eux, la fin de ce mois ils doivent avoir quitté leur maison, vous pensez ce que cela donne à faire et madame qui n’est pas encore bien remise de sa malaria, elle est encore très faible. Ils ont quinze de grandes chambres et maintenant ils doivent habiter une maison plus petite que la nôtre ici. Je vais aller souvent à Premboen, ce mois-ci, et leur aider autant que possible, surtout moralement. Pour mon anniversaire (10.08.) Madame E. m’a donné un beau  coussin qu’elle a peint elle-même, et des petits vases que nous avons peints ensemble, et toutes ces fleurs, vous devriez voir cela, j’en ai partout partout. Des v.T. j’ai reçu une belle cuillère en argent de Djocja, des jolis mouchoirs de Tootal, et des boutons avec une barrette de ceinture assortie pour une robe. Le clou comme cadeau de fête a de nouveau été le présent de papa Woldringh qui m’a fait parvenir un billet de Fl. 50.- pour mon propre usage.

Vois-tu, maintenant que j’ai Anne à Soerabaya, et que nous aurons une chiotte (je vois la figure de Faaather chaque fois qu’il lit ce mot, beau entre tous !) ou plutôt la puce comme je l’ai immédiatement baptisée, je pourrai bouger un peu plus.
La première chose que j’ai faite le jour de ma fête cela a été d’embrasser mes trois chères Guege. J’ai sauté du lit et j’ai plaqué quelques bons baisers sur vos frimousses qui me souriaient et me souhaitaient bonne fête. J’ai pensé à vous comme vous aussi avez bien pensé à moi en ces jours-ci. Ils ont été si heureux.
Vous ai-je écrit qu’à Soerabaya j’ai découvert un magasin d’horlogerie suisse, un nommé Pfister, chez lequel j’ai été porter mes montres à rhabiller. J’ai voulu parler Bärndütsch, mais diable je ne le sais plus et lui non plus, on tombait toujours dans le hollandais. Sa femme est de la ville de Berne,  quand je lui ai dit que je venais de Bienne, j’ai ri. Je me suis informée un peu, ils ne vendent que du Cyma qui est excessivement bien introduit ici, et du Mauthe parce que c’est le seul qui puisse concurrencer tant soit peu le japonais. Au surplus ils vivent surtout de rhabillages. Parce que j’étais Suisse, il m’a fait deux montres pour rien, par contre il m’a compté Fl. 2.50 pour remplacer un ressort, le prix fixe ici pour ce rhabillage-là.
Dans 15 jours nous aurons peut être la visite de John et Jans, qui amèneront la puce, peut être ! Ensuite un peu plus tard, la visite du Frank van der Stock, le jeune homme qui nous a attendu au bateau à notre arrivée à Batavia, il fait un tour à travers Java pour ses vacances et passera une à deux nuits ici. Le 31 août, si tout va bien, nous irons peut être à un bal masqué à Tjilatjap mais seulement si nos finances sont très bonnes. Nous n’avons pas une envie folle d’y aller, mais les v.T. nous invitent tellement que peut être nous irons un peu pour eux, pour être avec eux. Vous voyez qu’il se passe toujours quelque chose ici, de sorte que le temps passe comme un voleur.

Votre Ge……

dimanche 24 avril 2016




Keboemen

5 août 1935

Mes bien chers
Hoho, Haha ! J’y suis de nouveau à ma machine, avec la meilleure des intentions, mais si j’arrive à écrire beaucoup, beaucoup, cela c’est une autre question.
En arrivant ici, nous avons appris que madame Engelhart, ma tante Engel, avait été très gravement malade de malaria tropica. Elle a eu deux attaques consécutives, qui l’ont très affaiblie. Un soir après notre arrivée, M. Engelhart s’est plaint vers nous qu’elle ne voulait absolument pas rester tranquille comme le médecin le lui avait recommandé. Elle devrait faire de la chaise longue tout le jour pour reprendre plus vite des forces et comme elle n’a jamais été malade cela lui est difficile, elle n’a pas de patience, et elle va toujours travailler dans son jardin. J’ai offert d’aller lui tenir compagnie un peu, et mon offre a été acceptée avec tellement de plaisir et d’empressement, que j’y ai presque été  tous les jours depuis notre arrivée. Je pars d’ici le matin à 8 heures, j’arrive à Premboen à 9 ½ heures et nous nous installons au jardin, à l’ombre, où nous restons jusqu’à 1 heure. Je m’amuse avec les chiens, les singes, je cueille les fleurs pour la maison, et nous nous sommes mises à la peinture. Nous peignons des vases de terre cuite que nous faisons acheter au marché pour 1 cent ou deux. Nous avons des couleurs d’émail bon marché et nous nous amusons à qui mieux mieux. Nous dînons et à 2 heures je reprends le train pour Keboemen, juste à temps pour aller me coucher et faire mon somme ordinaire et être prête pour le thé quand Buby rentre. Je vois moi-même que mes visites font beaucoup de bien à madame E. car ses enfants lui manquent et surtout maintenant qu’elle est encore faible, elle n’est pas toujours maître de ses idées noires. Quand elle peut travailler elle ne les a pas, mais ainsi c’est compréhensible. Pour moi ces visites sont plus qu’agréables et utiles aussi car elles sont une bonne transition de Soerabaya à Keboemen, et l’amitié entre les E. et nous est bien établie maintenant.
L’ombre au tableau c’est que depuis deux jours Buby est au lit avec une angine. Il a pris froid en allant travailler le soir sans vouloir mettre un paletot malgré les recommandations de sa femme. Ah, ces hommes ! Il n’a plus de fièvre, seulement 37,5 etc, mais je le garde au lit tout de même.
Et maintenant, nos vacances !
Aaaah quand j’y pense ! C’est fou, c’est fantastique le plaisir que nous avons eu. D’abord, pour quitter ici, aucune des dames ne m’aurait offert de surveiller la maison un peu, de prendre soin de Tipsy, rien, rien. Oscar a donc demandé à Liang de le faire, et il l’a fait très consciencieusement, nous écrivant régulièrement l’état des choses.
Nous avons donc quitté ici le 6 juillet, le matin à 10 heures. M. Visser avec Nieke et les Röhwer étaient à la gare ! ces derniers nous souhaitant du plaisir à contre cœur. Le jeune Liang a déposé à notre place un sac d’oranges pour le voyage. C’est une attention qui nous a touchés, surtout qu’il n’a pas de sous. Une fois partis, dans le train, on s’est senti à presque 2 ans en arrière, quand on allait de Batavia à Keboemen, seulement cette fois-ci on avait le cœur plus léger ! Le voyage s’est bien passé, sans encombre et aussi sans incident. Nous sommes arrivés à Soerabaya à 6 heures. Frans et Anne (Gerbens) nous attendaient. La première chose qui m’a agréablement surprise en Anne, c’est qu’elle était bien habillée, pas avec un chic fantastique, ni même très élégante, mais d’une façon très distinguée, simple et de bon goût. Elle a de très beaux yeux et réciproquement dans le premier regard, nous nous sommes pesées, évaluées, jugées et trouvées sympathiques. Oscar et Frans, surtout Frans, ont eu un plaisir immense à se revoir. Pensez donc, des anciens copains de service. Nous avons d’abord été à la pension avec tous nos bagages, une malle, 2 valises, un immense sac à linge d’un mètre de haut, tout bourrée, 1 boîte à chapeau !!! et nos raquettes. A la pension j’ai choisi une chambre au premier étage, trouvant trop drôle de monter et descendre des escaliers de nouveau. C’était une très grande chambre, avec eau courante, une armoire à glace, une table et deux fauteuils et un bureau de dame. La Voorgalery donnait sur la rivière, assez large et coulant doucement entre des bords fleuris à la hollandaise. Une vue tout à fait gentille. Un pont qui passe sur la rivière et où se déroule  toujours beaucoup de trafic. C’est juste ce qu’il me fallait, et l’après midi nous prenions toujours le thé là. Donc ce soir-là en arrivant, nous avons vite baigné puis les Gerbens sont venus nous chercher pour aller faire des emplettes nécessaires.
Oscar avec puttees

 Une paire de souliers hauts pour Buby, et des puttees (bandes molletières), ensuite la Stimmung était déjà tellement bien établie que Anne et Frans nous ont spontanément demandé si nous voulions souper avec eux, ce que nous avons accepté. Nous avons passé la soirée chez eux, à faire mieux connaissance, et là aussi j’ai eu une nouvelle surprise. Ils sont installés tout à fait moderne, et absolument dans mon goût. Je ne peux pas vous dire ce que cela m’a fait du bien ; ils ont encore plus de livres que nous, Anne est très instruite et Frans aussi naturellement. Enfin, en deux mots, ce sont des gens de notre genre.
Oscar a donc commencé son service. Ils n’étaient que deux officiers pour ce cours de répétition, de sorte qu’ils n’ont eu que de la théorie, parce qu’il paraît qu’ici aux Indes ils sont beaucoup plus avancés qu’en Hollande. Les pièces d’artillerie sont du dernier moderne, et tout est en parfait état. Buby en est tout enthousiaste. Son service durait de 7 heures du matin à 1 heure. Il rentrait à la pension, nous dînions et allions dormir jusqu’à 4-5 heures, ensuite on prenait notre thé, on allait baigner, s’habiller et on sortait pour ne rentrer que vers minuit, ou plus tard. Nous n’avons jamais soupé à la pension, étant souvent invités chez les Gerbens qui vivent tout à fait à la hollandaise et ne mangent que du pain le soir avec un tas de bonnes choses dessus. Anne, ayant appris que je ne pouvais pas me procurer la plupart de ces choses à Keboemen, m’a toujours prise avec  dans un magasin de Delicatessens et là je devais toujours choisir ce qu’il fallait acheter. Ainsi je me suis payée du gorgonzola, et un tas de bonnes choses. Du primula chäsli ( !) du salami, du saumon, des kippers (harengs secs), enfin chaque souper était toujours un petit festin, et la Stimmung était toujours gaie. Ce qu’on s’est chicanné les quatre, c’est incroyable. On se comprenait si bien, on parlait français, allemand, anglais, tout ensemble. Le plus souvent on allait au cinéma après ces soupers, ou alors nous allions à la première représentation, allions vite souper et repartions faire une promenade au clair de lune. Il y a non loin du port, un petit restaurant chinois, dancing, directement au bord de la mer comme le restaurant de la plage à Bienne, mais naturellement que la plage ici est plus grande. Les beaux soirs de clair de lune on va là boire son café à de petites tables et des fauteuils confortables, sur la plage même, tout au bord des vagues qui viennent mourir à nos pieds, avec l’immensité de la mer devant soi et dans le lointain l’île de Madoera (Madura), le tout dans un clair de lune merveilleux. 

Gresik, Soerabaya et Madoera
Un autre soir nous avons fait une longue promenade le long de la côte jusqu’à Grissée (Gresik), l’endroit où les premiers Hollandais ont abordé, décidés à conquérir ce pays merveilleux.
Grissée est un drôle d’endroit. Ces premiers pionniers ont bâti là des maisons pareilles à celles d’Amsterdam ou n’importe où en Hollande. Des maisons hautes, à étages, petites fenêtres, des ruelles étroites, enfin tout à fait dans le style de leur patrie. Cela a changé un peu avec le temps, mais l’aspect en est encore frappant. Presque toutes ces maisons sont vides maintenant, car elles sont trop chaudes, pas bâties selon les exigences du climat, alors savez-vous ce que les chinois ont fait ? Ils ont loué ces maisons, les laissant vides, formant ainsi un abri idéal pour les chauve-souris qu’ils élèvent pour leur fumier, engrais des plus recherchés.
A Soerabaya il y a aussi un dancing, chez Hellendoorn, environ deux fois notre Fantasio, mais dans un bâtiment tout à fait moderne, avec un bar très grand, la salle proprement dite, puis une salle de dîner, et tout autour une immense terrasse où l’on peut  s’asseoir dehors entre les danses. Il y a aussi du cabaret, des numéros de danse pas mal.
chez Hellendoorn

 Savez-vous ce qui m’a frappée ? Les danseuses on va principalement les chercher à Shanghaï, et ce sont presque toutes de petites juives (exilées russes). Expliquez-vous cela. Tatali, cela m’a fait penser à ce livre que tu as et que j’ai une fois lu chez toi, en cachette, je crois : Le chemin de Buenos Aires. Nous avons été là deux soirs, et avons dansé. Oui, figurez-vous que j’ai de nouveau dansé avec mon Buby. Il y avait de très  belles toilettes, malgré que ce ne fût pas la saison. En juin, juillet et août, la saison sèche, tout le monde est en vacances dans les montagnes. Hé c’était beau de revoir des femmes bien habillées, avec goût et luxe, des frimousses bien fardées. Là il m’en est arrivé une bonne. Un soir en y allant, avant d’entrer j’ai été aux toilettes, alors en voulant entrer dans la salle, il y avait justement un numéro, moi j’avance en regardant les danseuses et je vois devant moi le dos de Buby, qui m’attendait comme je croyais. Je lui prends le bras et lui dis : tu viens ? C’est seulement après que j’ai remarqué que ce n’était pas Buby du tout. Ce dernier me regardait faire de la table où ils étaient assis, sans comprendre !!! Je me suis naturellement excusée et ce jeune homme a ri pendant toute la soirée quand il me regardait.
Sur la rue, Hellendoorn possède une immense terrasse couverte, donc sous la salle de danse. Il y a toujours concert là, le matin, vers midi et surtout le samedi c’est le grand rendez-vous de tous les Européens, alors c’est rempli et c’est là qu’on est sûr de voir ses connaissances. Nous avons nous même rencontré M. Frey, l’adviseur technique, mais l’avons vu trop tard. Il montait justement en taxi et nous ne pouvions plus l’arrêter.
Nous avons aussi été souper une fois à la Taverne Hongroise. Une petite boîte tout à fait dans le style, où l’on boit du Tokayer et mange que du goulash, mais quel goulash ! On était dans une fameuse stimmung. Souvent nous allions manger dans les restaurants chinois, au Shanghaï, et chez Kiet Fan Kie, le plus fameux de tous.
Comme films nous avons vu Joséphine dans Zouzou et Garbo dans The painted veil. A part cela nous avons vu Ein Winternachtstraum avec Magda Schneider, et Anna Sten dans quelque chose de russe dont je ne me rappelle plus le nom en ce moment, et encore plusieurs autres films du quatch américain.
Ce que nous n’avons pas manqué de faire tous les soirs, c’est un tour en taxi par la ville illuminée, toutes les réclames lumineuses nous amusaient comme des gosses. Il y a à S. de petites Morris qui fonctionnent comme taxis. Ces voitures sont simplement des bijoux, nous en choisissions toujours une très belle et alors nous nous sentions riches, en nous baladant tout lentement le long des magasins, des cafés, au milieu de beaucoup de trafic et de monde.
Hotel Tretes, photo de Nelly
Le premier dimanche que nous étions là, nous sommes partis le matin à 7 heures pour Tretes, c’est un endroit dans les montagnes, nouvellement aménagé pour les autos. C’est un club qui a bâti là un clubhaus restaurant avec piscine et manège. 
Tout autour il y a de petites maisons dans le genre chalet, des villas de weekend pour les membres du club. Vous en avez déjà les photos. Nous avons passé toute la matinée là, et Anne et moi y avons baigné, mais l’eau était si froide pour moi qui venait de Keboemen, que j’ai dû sortir après 5 min. C’est aussi à Tretes que nous avons fait cette promenade à cette chute d’eau dont vous avez ou vous aurez également des photos. Cette première sortie était exquise.

Le dimanche d’après nous avons été à Tosari, et de là nous avons fait l’excursion au Bromo, le volcan en action. Nous sommes montés au bord du cratère et avons regardé dans cette immense cuve de terre bouillante. Cela faisait un bruit comme dix locomotives ensemble, et sans cesse des vapeurs de souffre qui montaient. 
Bromo

Tosari
Par hasard nous avons trouvé dans un magazine acheté dans le train la description de cette excursion par une anglaise. Je vous l’envoie, car c’est exactement le tour que nous avons fait, et cela m’épargne du temps. Là, à Tosari, nous avons logé dans le Grand Hotel parce que l’autre était rempli, cela nous a coûté follement cher. C’était un peu la faute à Frans qui n’avait pas voulu réserver d’avance, prétendant qu’il y aurait bien assez de place. Tosari est le plus haut endroit de villégiature des Indes, il y fait un froid terrible. 
C’est accroché à la montagne comme un nid d’aigle. Bien que ce soit très intéressant et très sain, je ne voudrais pas y passer mes vacances. C’est sur une crête de montagne, entre deux ravins immenses, j’ai eu un vertige fou. C’est surtout là que la maman de Buby a passé ses vacances, et papa Woldringh aussi, et probablement dans ce même hôtel, c’est pourquoi nous sommes bien contents d’y avoir été. 
Bromo novembre 2013

Nelly et les Gerbens au Bromo
Comme Frans payait la benzine, Oscar le soir a payé une bouteille de vin au souper, après laquelle nous avons tous eu une chique, surtout les messieurs, car ils avaient bu l’apéritif avant. Oh, mais la Stimmung était bonne, nous avons eu des artichauts et ensuite des choux de Bruxelles, des choses qu’on n’a que dans les montagnes ici. Je ne peux naturellement pas vous raconter tous les détails de ce week-end, suffit qu’il reste un souvenir épatant.




le sous-marin XXVIII
Un autre souvenir ineffaçable est le jour du XXVIII Her Majesty’s XXVI. Au cours Oscar a entendu parler les officiers de l’arrivée de ce sous-marin, et a appris que la marine avait aussi invité les officiers de l’armée avec leurs dames à se rendre à sa rencontre sur un des bateaux de guerre mis à disposition pour cette occasion. 


Oscar en blanc
Tenue blanche de rigueur. Le lieutenant qui faisait le cours avec Buby n’avait pas commandé d’uniforme blanc, vu que ce n’est pas absolument nécessaire. Nous avions déjà les bleus d’en avoir commandé deux, mais je vous garantis que cette journée nous a repayée, même si nous en avions commandé trois !

 Nous avons naturellement demandé à Anne de nous accompagner, Frans ne pouvait pas quitter son poste, et nous voilà les trois, le matin à 6 heures en route pour le port. Il y avait un trafic énorme, des embouteillages très bien dirigés par un grand nombre d’agents. A la fin nous arrivons sur le bon quai et voilà le Witte de Witt devant nous. C’était le bateau sortant le premier, le bateau de l’élite, quoi. Nous montons à bord sur une passerelle pavoisée et sommes reçus par le commandant qui nous souhaite la bienvenue etc.  Nous allions à l’arrière où sous une tente étaient rangés des fauteuils, des bancs etc. Il y eut bientôt un monde fou ! des officiers ! des uniformes ! des galons ! de l’or ! de l’or ! de l’or et des beaux types ! oh, des beaux types, vous savez des hommes, des messieurs, enfin quoi, une élite. Les femmes aussi étaient belles, en grande toilette, beaucoup de lin blanc aussi, et des imprimés. Enfin chacune s’était faite belle. Moi j’avais mis ma robe de lin aussi, et j’ai été diablement contente de l’avoir. 71/2 heures précises nous sortons du port par un beau matin doré et une mer calme comme un miroir. Nous allions doucement, humant la petite brise tiède et fraîche, ensuite entrainant dans notre sillage 5 autres cuirassés, 3 sous-marins, et 9 hydravions. Les avions étaient les premiers à survoler le XXVIII pour le saluer, ensuite ils sont revenus en arrière, ont améri et se sont rangé près des cuirassés pour encore une fois rencontrer le XXVIII, en rang avec les autres bateaux. Sitôt hors du port, la marine, fameuse pour ses réceptions, nous a offert du café au lait et des sandwiches excellents. Ensuite du cake, des biscuits et des limonades à volonté pendant toute la promenade. Des cigarettes et cigares pour les messieurs. Nous nous sommes promenés  par tout le bateau et sur le pont du commandant, ce dernier a invité Buby à aller voir des cartes spéciales, des mesures prises récemment etc. Il a été très bien avec nous. Nous sommes restés longtemps là-haut, à voir toutes ces manœuvres. Je vous dis ces grands bateaux dansaient sur l’eau, faisaient des arabesques comme ceux que les enfants font aller sur une pièce d’eau. Ce fut un spectacle inoubliable. 
parade des bateaux

Bientôt on aperçoit le XXVIII à l’horizon, les bateaux se mettent en rang et le voilà qui défile devant nous, tous ses hommes au garde à vous. C’était émotionnant de voir ces équipages se saluer, surtout sur notre bateau plein d’officiers, les autres cuirassés transportant plutôt des civils, les reporters etc. Voyez-vous on se trouvait transporté dans un autre monde, tout était si beau, si correct, si distingué, nom d’une pipe, j’aurais voulu que les garçons y soient. A midi nous étions de retour pour assister à la réception de la garde d’honneur de la marine aux officiers du XXVIII, et ensuite à la réception officielle au club de la marine. 
Witte de Witt

Ce club est bâti en forme de bateau sur la pointe la plus avancée du port. Là les familles, les amis attendaient les hommes et le commandant de la marine. Je ne peux pas vous traduire tous ces noms d’officiers, mais il y en avait des masses et des masses. Tâchez de vous représenter cela, tous ces hommes en blanc et or, et quels hommes ! C’est là que j’ai vu le type le plus parfait que j’aie encore rencontré jusqu’ici, extérieurement, cela va sans dire.  Haut de 2 m, bien bâti, cheveux presque blancs, expression énergique mais bonne aussi, manières parfaites, plus que parfaites. Sa femme, une dame dans toute l’acceptation du mot. Je ne pouvais pas assez les regarder et pendant toute la cérémonie je m’en suis rincé l’œil. Vous auriez dû voir son sourire à lui, ses dents ! et son uniforme. Il y avait là aussi la femme d’un commandant, une vache supervache que j’avais déjà remarquée sur le bateau. Elle ressemblait tout à fait à la Rackere, habillée d’une façon à faire pleurer un chien et ne sachant absolument pas vivre. Elle faisait toutes les manœuvres possibles pour être assise auprès de la dame distinguée, et une fois à la place convoitée elle parlait, parlait comme une vraie sotte. Elle ennuyait grandement monsieur et madame béguin qui la tenaient à distance avec une diplomatie et un tact inouï. Je n’ai rien ou presque rien compris ni entendu des discours, étant tellement occupée à observer ce groupe devant moi. L’équipage du XXVIII a reçu des couronnes, deux horloges électriques, des étuis à cigarettes en argent, etc, etc. Sitôt la réception officielle terminée, nous sommes rentrés. Nous aurions pu assister au bal, le samedi soir, dans ce même club, mais nous avons préféré partir pour Tosari et ne le regrettons pas.


Anne Frans et Nelly

Le soir avant de partir, nous avons encore eu une petite fête chez Anne et Frans dont c’était l’anniversaire. Une petite fête très intime et si agréable.
Le dimanche matin nous sommes partis pour Madoen, où une auto nous attendait pour nous conduire à Sarangan, la seconde partie de nos vacances.
Suite au prochain numéro.

Mardi matin. Mes chers, Oscar peut se lever aujourd’hui, n’ayant plus de température. Hier soir j’ai reçu un téléphone des v.Tinterens qu’ils allaient venir demain, mais peut être que je vais renvoyer leur visite, car je n’ai encore rien préparé. Samedi je vais faire une bowle, un petit hors d’oeuvre et j’ai commandé du cake, vu que je n’ai pas le temps de le faire moi-même. Il se peut que vous ne receviez pas de lettre la semaine prochaine, car j’aurai Wies v.Tinterens qui restera ici avec la petite et son mari viendra la chercher environ une semaine après. Ensuite on attend Elout. Je ne sais pas s’il ira loger chez les Visser ou chez nous, j’espère bien que ce sera chez nous, malgré que j’aurai de nouveau à faire, mais je vous dis je me porte si bien, je me sens si bien que j’abatterais bien des montagnes. J’ai de la peine à rester tranquile. Hé, il fait bon vivre !
Merci pour tes chères lettres qui me sont toujours si précieuses. Je vais en recevoir une aujourd’hui, je pense après le départ de celle-ci. Surtout ne te laisse pas trop aller à la tentation, stpl. Et toi Papali, ne la tente pas avec un tas de bonnes choses défendues, mais aide-lui plutôt à se guérir vite, et à se tenir à son régime vu que c’est si difficile. Tu n’as aucune idée que un extra défendu gâte toute une semaine de régime, c’est à dire annule le bien de toute une semaine de régime. Soyez donc raisonnables, voyons, et pensez qu’on se fait du souci, quand vous vous amusez à faire de telles bêtises. 
A tous un bon baiser de votre Ge….
All the best to everyone, Est-il possible qu’il y ait déjà 2 ans !!!