vendredi 15 avril 2016




Keboemen

20 mai 1935

Mes bien chers

Vite quelques mots pour accompagner les petites photos. Aujourd’hui au lieu d’écrire, je me suis fait un pyjama. Samedi j’ai fait le pantalon et aujourd’hui la veste. C’est un record pour moi, de l’avoir fini aussi vite, mais aussi j’en ai un terrible besoin, n’ayant plus une pièce entière.
Samedi les Engelhart sont venu écouter le match Hollande – Angleterre. Il n’a commencé qu’à minuit, de sorte qu’ils ne sont partis qu’à 3 heures du matin. Dimanche toute la journée on était foutus de sommeil, de mauvaise humeur et je n’avais aucune envie d’écrire. Vous me pardonnerez, et aussi pour ces prochaines semaines, mais cela prend tellement de temps de faire de la lingerie et des robes.
Une bonne nouvelle. Les Engelhart iront peut être en Europe, soit en septembre 35, soit en avril 36. Ils iront par la Chine, le Japon, l’Amérique et reviendront par l’Afrique pour faire le tour du monde.  Ils m’ont tout de suite dit qu’ils te prendront avec, mamali. Est-ce que cela te chante ? Ils jugent nécessaire d’aller voir leur fils âgé de 17 ans. Il paraît qu’il a beaucoup changé ces deux dernières années qu’il est en Hollande, et maintenant il veut devenir aviateur. Les parents ne sont pas trop d’accord, c’est pourquoi ils veulent aller causer avec lui et se rendre compte de quel côté il tourne, leur Boy. Ah oui, ce sont quelques fois des problèmes difficiles pour les parents ici, surtout cette séparation d’avec les enfants justement à un âge aussi critique.
M. Elout est parti vendredi matin. Bien qu’il ait été une visite très agréable, nous sommes tout de même contents de nous retrouver les deux, mon Buby et moi. Je suis contente qu’il se soit plu ici chez nous, en tous cas, la sympathie est assez bien établie entre nous trois.
Alors vous avez loué le Chalet. Qu’est-ce qu’ils en disent les garçons ? Nous ici, nous trouvons que vous avez eu raison de le faire, vu que vous n’êtes que les deux seuls, et du moment que vous pourrez y passer vos weekend, Sutz ne vous manquera pas trop. Oui, oui, bien des choses changent dans la vie !  J’espère tout de même que le bon vieux temps reviendra une fois et que nous serons tous réunis au Chalet une fois de plus !
Je suis si contente que j’aie pu donner quelques petites choses à madame Voskuil pour vous tous. Ce sera un peu un dédommagement pour la brièveté de mes lettres ces dernières semaines avant Soerabaya. Tu ne t’en feras pas si une fois tu ne recevais pas de lettre pendant une semaine. Tout va bien ici. Nous entrons de nouveau dans la saison sèche, les matins sont comme en septembre chez nous, mais ces dernières nuits il y a eu un clair de lune tel que je n’aurais jamais rêvé qu’il put exister. Le charme des nuits ici ne peut pas se décrire.
Madame Engelhart viendra peut être ce matin pour rester toute la journée et parler anglais. Maintenant qu’ils ont ce voyage en perspective, elle viendra une fois par semaine pour renouveler ses connaissances d’anglais. Ce sera un grand plaisir pour moi, car on s’entend toujours mieux.
Hier je me suis acheté un beau crêpe de chine, uni, rose-mauve, un peu cyclamen, une couleur qui me va très bien. J’en ai 3.50 m. pour Fl. 1.80. Je me réjouis de faire la robe. J’ai aussi vite été en ville hier soir avec la Rickshaw et nous avons acheté du molleton rose et bleu, avec de petites fleurs pour 2 paires de pyjamas. Je fais faire les pantalons par mon zigue. C’est toi qui rirais, quand je lui dis qu’il faut qu’il les fasse assez grands à une certaine place. Après cela, je vais lui faire faire des soutien-gorge !!! Je pense qu’il se fiche copieusement de moi, mais comme il ne le laisse pas voir, je m’en balance.
Ah, je viens de recevoir les photos, elles sont affreuses et tu vas de nouveau te faire un tas d’idées. Je regrette seulement que la plupart soient si foncées, mais on en prendra encore ! Madame E.  trouve que j’ai engraissé, il y avait environ un mois qu’elle ne m’avait plus vue. Mes chers, je vais terminer. J’aurais encore un tas de choses à vous dire, mais diable, rien ne me viens à l’idée en ce moment et une fois que la lettre sera loin, je pourrai me fâcher. Mes bien chers tous, portez-vous bien
votre    Ge…

P.S. Mamali, tu fais au moins bien circuler mes lettres, n’est-ce pas ? Je pense à chacun et chacune quand j’écris, mais ne puis plus le faire séparément. Tu ne m’en voudras pas, Tatali, hein, parce que je n’ai pas encore répondu à ta bonne lettre.

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