Keboemen
20 mai 1935
Mes bien
chers
Vite
quelques mots pour accompagner les petites photos. Aujourd’hui au lieu
d’écrire, je me suis fait un pyjama. Samedi j’ai fait le pantalon et
aujourd’hui la veste. C’est un record pour moi, de l’avoir fini aussi vite,
mais aussi j’en ai un terrible besoin, n’ayant plus une pièce entière.
Samedi les
Engelhart sont venu écouter le match
Hollande – Angleterre. Il n’a commencé qu’à minuit, de sorte qu’ils ne sont
partis qu’à 3 heures du matin. Dimanche toute la journée on était foutus de
sommeil, de mauvaise humeur et je n’avais aucune envie d’écrire. Vous me
pardonnerez, et aussi pour ces prochaines semaines, mais cela prend tellement
de temps de faire de la lingerie et des robes.
Une bonne
nouvelle. Les Engelhart iront peut être en Europe, soit en septembre 35, soit
en avril 36. Ils iront par la Chine, le Japon, l’Amérique et reviendront par
l’Afrique pour faire le tour du monde.
Ils m’ont tout de suite dit qu’ils te prendront avec, mamali. Est-ce que
cela te chante ? Ils jugent nécessaire d’aller voir leur fils âgé de 17
ans. Il paraît qu’il a beaucoup changé ces deux dernières années qu’il est en
Hollande, et maintenant il veut devenir aviateur. Les parents ne sont pas trop
d’accord, c’est pourquoi ils veulent aller causer avec lui et se rendre compte
de quel côté il tourne, leur Boy. Ah oui, ce sont quelques fois des problèmes
difficiles pour les parents ici, surtout cette séparation d’avec les enfants
justement à un âge aussi critique.
M. Elout
est parti vendredi matin. Bien qu’il ait été une visite très agréable, nous
sommes tout de même contents de nous retrouver les deux, mon Buby et moi. Je
suis contente qu’il se soit plu ici chez nous, en tous cas, la sympathie est
assez bien établie entre nous trois.
Alors vous
avez loué le Chalet. Qu’est-ce qu’ils en disent les garçons ? Nous ici,
nous trouvons que vous avez eu raison de le faire, vu que vous n’êtes que les
deux seuls, et du moment que vous pourrez y passer vos weekend, Sutz ne vous
manquera pas trop. Oui, oui, bien des choses changent dans la vie ! J’espère tout de même que le bon vieux
temps reviendra une fois et que nous serons tous réunis au Chalet une fois de plus !
Je suis si
contente que j’aie pu donner quelques petites choses à madame Voskuil pour vous
tous. Ce sera un peu un dédommagement pour la brièveté de mes lettres ces
dernières semaines avant Soerabaya. Tu ne t’en feras pas si une fois tu ne recevais
pas de lettre pendant une semaine. Tout va bien ici. Nous entrons de nouveau
dans la saison sèche, les matins sont comme en septembre chez nous, mais ces
dernières nuits il y a eu un clair de lune tel que je n’aurais jamais rêvé
qu’il put exister. Le charme des nuits ici ne peut pas se décrire.
Madame
Engelhart viendra peut être ce matin pour rester toute la journée et parler anglais. Maintenant qu’ils ont
ce voyage en perspective, elle viendra une fois par semaine pour renouveler ses
connaissances d’anglais. Ce sera un grand plaisir pour moi, car on s’entend
toujours mieux.
Hier je me
suis acheté un beau crêpe de chine, uni, rose-mauve, un peu cyclamen, une
couleur qui me va très bien. J’en ai 3.50 m. pour Fl. 1.80. Je me réjouis de
faire la robe. J’ai aussi vite été en ville hier soir avec la Rickshaw et nous
avons acheté du molleton rose et bleu, avec de petites fleurs pour 2 paires de
pyjamas. Je fais faire les pantalons par mon zigue. C’est toi qui rirais, quand
je lui dis qu’il faut qu’il les fasse assez grands à une certaine place. Après
cela, je vais lui faire faire des soutien-gorge !!! Je pense qu’il se
fiche copieusement de moi, mais comme il ne le laisse pas voir, je m’en
balance.
Ah, je
viens de recevoir les photos, elles sont affreuses et tu vas de nouveau te
faire un tas d’idées. Je regrette seulement que la plupart soient si foncées,
mais on en prendra encore ! Madame E. trouve que j’ai engraissé, il y avait environ un mois
qu’elle ne m’avait plus vue. Mes chers, je vais terminer. J’aurais encore un
tas de choses à vous dire, mais diable, rien ne me viens à l’idée en ce moment
et une fois que la lettre sera loin, je pourrai me fâcher. Mes bien chers tous,
portez-vous bien
votre Ge…
P.S.
Mamali, tu fais au moins bien circuler mes lettres, n’est-ce pas ? Je
pense à chacun et chacune quand j’écris, mais ne puis plus le faire séparément.
Tu ne m’en voudras pas, Tatali, hein, parce que je n’ai pas encore répondu à ta
bonne lettre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire