mardi 28 juillet 2015



28.10.1933
Keboemen

Copie d’une lettre à sa tante Tata à St Gall
2ème partie


Voilà, la rijsttafel a été excellente ce midi. Maintenant nous sommes assis sur la véranda avec une tasse de café. Du café de Java, l’essence, au fond de la tasse, sur laquelle on verse du lait, ce qui donne du « café noir ».

Fort probablement que John et Jans passeront les fêtes de Noël avec nous ici. Jans viendra le mois prochain pour quelques jours m’aider à tout arranger. Les premiers jours ici n’ont pas été faciles, surtout à cause de la langue. Je suis très occupée toute la journée et l’après-midi nous faisons la sieste jusque vers 4 heures. Ensuite il faut se baigner à nouveau. Cela vous semble certainement exagéré que nous nous baignions deux fois par jour, mais c’est la seule façon de se sentir bien. La propreté est la règle no 1 dans les tropiques, pour tout. Les Javanais eux-mêmes sont très propres et se baignent une fois par jour. Ils ne mettent que des haillons mais ils les lavent tout le temps. Vous seriez étonnés comme tout est propre en ordre ici.

Je n’ai rien à dire quant à la chaleur, je l’ai bien supportée jusqu’à maintenant. Enfin, on verra ce que l’avenir apporte. Certain soir je suis obligée de mettre un fichu sur les épaules. Le climat ici est différent, mais sain. Il y a beaucoup de moustiques, heureusement que je suis déjà habituée de Sutz. On a plein de trucs et d’installation pour les combattre. Surtout pas de couleurs foncées. Je voulais faire ma chambre à coucher vieux rose et bleu, mais on m’a fait comprendre que non et maintenant tout est blanc, avec des meubles brun clair. C’est étonnant comme on s’habitue ici à la présence de plein de petites bestioles. Aux parois circulent beaucoup de titiaks (geko), 
titiak/geko

ce sont de petits lézards qui mangent les moustiques, je les aime bien.  Les fourmis sont omniprésentes. Les armoires à provisions doivent être hermétiquement fermées et avec les pieds sur des assiettes à fourmi. Si l’on laisse tomber quoi que ce soit de doux ou sucré par terre, en 5 minutes elles accourent en grand nombre.
Et il y a des centaines d’insectes différents, le soir ils volent autour de la lampe en essaim ! On s’habitue à tout, je ne les remarque même plus. Ah oui, il y a aussi des serpents, raison pour laquelle il y a du gravier tout autour de la maison, cela leur fait mal au ventre ! Il y a remède à tout. Les chauve-souris sont deux fois plus grandes que chez nous et noires comme du velours, beau, n’est-ce pas ? 

Et les papillons, merveilleux, et si grands. Tout ici pousse si fort, les fleurs, les plantes, les arbres et… les poils à mes jambes.

Lundi soir, 29.10.1933
Je prends quand même encore une feuille, pour utiliser le poids et le port. Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de Mamali de Como, il semble qu’elle y a eu du beau et bon temps. Je suis contente pour elle. Je n’écrirai pas à la maison aujourd’hui, puisque j’écris cette longue lettre. Puis-je te demander, Tata, de bien vouloir la transmettre dès que possible à Bienne, pour qu’ils aient malgré tout du courrier ? et qu’ils ne doivent pas trop attendre ma missive hebdomadaire. Le weekend prochain nous irons probablement à Djocjakarta (Yogjakarta) pour faire des achats. John nous y retrouvera avec la voiture et nous ferons une belle virée et irons chez eux à Solokarta (Surakarta) pour le dimanche. Il n’y aura donc pas de lettre par avion non plus la semaine prochaine. Je préfère envoyer par avion, même si c’est plus cher. Mais pour Noël je ne pourrai pas écrire à chacun par avion.

A Keboemen il n’y a pas grand chose à faire, ni grand monde, donc il est important d’avoir une âme sœur. Les gens ici sont très gentils, surtout Mme Visser, qui attend un bébé ces jours. J’aurai l’occasion d’apprendre ! L’autre dame, Mme Röhwer, est à moitié javanaise, elle n’a que 23 ans mais en parait beaucoup plus. Elle est jolie et gentille, excellente maîtresse de maison, elle sait bien coudre et connaît les usages ici mais intellectuellement elle est un charmant zéro. Nous nous promenons chaque matin ensemble et allons nous mettre au tennis. Je reste cependant sur mes gardes, car il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas européenne. Comme toutes les personnes ici, elles sont gentilles et aimables et j’apprécie beaucoup les Javanais, mais je ressens fortement la différence raciale.  Ce n’est pas qu’ils soient moins que nous mais ils sont différents. Quant aux mariages mixtes, c’est la vie ici qui les rend possible. Bien sûr je n’ai rencontré que des gens simples pour le moment, et pas encore des Javanais cultivés et de la haute société. Mais chez eux aussi, la différence entre eux et nous existe. East is East and West is West. C’est la raison pour laquelle notre chez-nous est si important, c’est là que nous sommes nous-mêmes et dans notre monde à nous.

A la Fabrique travaillent aussi 2 jeunes célibataires, qui habitent en face de chez nous. Vu que c’est lundi soir, et le courrier part demain, nous sommes tous en train d’écrire, je les vois d’ici. Nous sommes environ 40 Européens à Keboemen, et encore tous ceux qui se nomment européen parce qu’ils ont été en Europe, s’habillent à l’européenne ou ont eu une petite amie ou un petit ami européen. J’ai rencontré plusieurs de ces personnes lorsque nous étions à l’hôtel, mais personne d’intéressant. Mme Visser m’a dit qu’ils ont tous des chicanes entre eux. 

Prince javanais
Toutefois dès que nous serons installés, nous devrons faire nos visites de courtoisie, d’abord chez le Résident, soit le représentant du gouvernement hollandais sur place, ensuite chez le Régent, qui est le prince javanais local (Il va la présenter au Prince !!!) et ensuite le pasteur, le docteur, etc. Tous ces gens viendront chez nous pour une visite, selon l’étiquette. Vous en entendrez encore parler.

Recevoir le courrier de Suisse le dimanche en fait un jour de fête. J’ai encore reçu une carte de Maman de Como…  et un paquet de Journaux du Jura. C’est si gentil des Gassmann qu’ils m’offrent le journal, je vais me plonger dans les nouvelles de Bienne après le repas. Ainsi je vis un peu avec vous. Je n’ai pas encore eu l’ennui, non non, Oscarli est si gentil et attentionné, nous nous complétons si bien. Il me semble que je l’ai toujours eu à mes côtés et je m’étonne d’avoir pu vivre sans lui avant de le rencontrer.

Cher petit Maxi : vu que tu as l’habitude d’envoyer des habits d’enfants outre-mer, pourrais-tu me faire parvenir une petite grenouillère pour le bébé de Mme Visser qui va naître ces jours ? Elle m’a rendu de grands services et ainsi je pourrais la remercier. Je te fais parvenir le montant par banque, avec 2 % en plus pour les frais de port. Ceci seulement si cela ne t’occasionne pas de tracas. On trouve bien des habits pour bébé ici, mais quelque chose de joli venant de Suisse sera très apprécié ! Je serais contente de recevoir cela pour Noël.

Nous sommes si heureux d’avoir notre machine à écrire. A la douane nous avons pris des mines d’anges et dit qu’il s’agissait d’une vieille occasion. Heureusement que l’humidité de la Mer rouge a fait un peu rouiller la poignée du couvercle…..
Je vous écris sur la véranda et en pyjama. Oscar est sous la klamboe (moustiquaire) et lit avec une lampe de poche. Il est toujours très fatigué, car il ne fait pas de sieste à midi.

Mes chers, all the best et bien des baisers de votre  Ge….

samedi 25 juillet 2015




28.10.1933

Keboemen

Copie d’une lettre à sa tante Tata à St Gall
1ère partie

Aujourd’hui c’est dimanche, un beau jour. Il a plu dans la nuit et maintenant le soleil brille, il ne fait pas trop chaud. Nous avons flemmé un peu et sommes restés au lit jusqu’à 08.00 heures, au lieu de se lever à 06.00 comme les autres jours. Nous prenons le café au lit, c’est la coutume ici, et ensuite nous avons pris un bain, c’est à dire que l’on se savonne le corps en entier et on se rince en se versant un bac d’eau froide sur le corps. La baboe nous a préparé un porridge, du thé et des bananes. Qui eût pensé que je mangerais du porridge ! Le pain ici n’est pas très bon, il est blanc, il coûte cher et ne nourrit pas. Le porridge nous donne les éléments dont nous avons besoin. Oscar est parti travailler, ce qui est souvent le cas le dimanche lorsque le koprah est disponible. Le koprah est de la noix de coco que l’on doit sécher afin d’en extraire de l’huile. A la Fabrique on travaille nuit et jour mais parfois on arrête quelques jours, lorsque les livraisons ne suffisent pas.
Vu que c’est dimanche, je ne cuis pas mais j’ai demandé à la baboe qu’elle prépare une Rijsttafel


C’est le plat local ici et consiste en riz cuit très sec, de la viande coupée en petits morceaux avec de la noix de coco râpée par dessus, du chou blanc cuit dans du « kerry » (curry), des bananes rôties, plusieurs sortes de piments, poivrons et du ketschup fait de divers herbes. C’est très bon et je l’aime beaucoup, mais je n’en fais pas faire trop souvent, seulement le dimanche. Les autres jours je cuis moi-même à l’européenne. Oui Nelly cuit ! Je ne cuis que depuis quelques jours et déjà il me semble que je le fais depuis toujours. Ma baboe sait un peu cuire, mais pas comme je le fais et elle regarde chaque midi avec de grands yeux tout ce que je prépare. Au début ce n’était pas facile, même dans une cuisine tiptop en Europe cela ne l’aurait pas été et ici d’autant moins que je n’ai pas encore les bonnes casseroles, pas assez de récipients et il faut cuire avec du charbon de bois. Dans la cuisine il y a un grand four, comme un banc, j’ai dû acheter un support  sous lequel on met les charbons ardents et dessus on pose les casseroles. La baboe est très habile pour attiser les braises avec un éventail de feuilles de palmier. Elle m’aide à couper et parer les légumes. Nous avons également un grand bassin en ciment contenant l’eau propre. Tous les matins, le kebon (l’homme à tout faire) doit le remplir. L’eau sale est jetée dans un égout spécial dans un coin de la cuisine. La vaisselle se lave à l’eau froide, avec du savon, à même le sol et est ensuite posée sur une natte de coco au soleil pour sécher. Les assiettes sont également mises au soleil sur un égouttoir spécial que j’ai dû acheter ici, pour SFr 1.50. Il est grand, en bois de palmier, sur 4 pieds et tient assez bien. C’est le kebon qui lave la vaisselle. Certainement que vous trouverez tout cela bien regrettable et primitif et vous pensez que je suis une pauvre fifille. Mais ce n’est pas le cas et je me suis très vite habituée, cela me semble naturel et va tout à fait dans cet environnement. Et vous devriez voir comme la cuisine est propre le soir, tout est bien rangé, chaque chose à sa place, sans que je ne dise rien, la baboe l’a fait. Et je n’aurais su le faire mieux. Chaque matin, avant de venir à la cuisine, elle fait la lessive de sorte qu’elle a les mains bien propres pour couper les légumes. Voyez-vous, il faut être pratique et je n’ai même pas dû lui dire de se laver les mains, ce qui l’aurait vexée ! Lorsque je serai mieux installée et que j’aurai ma propre eau, je m’arrangerai pour faire laver les choses à l’eau chaude. Mais rien ne se salit ici, les lits sont changés chaque 2 jours et nous changeons de linge et d’habit chaque jour. Tout est séché au soleil et sent si bon le soir dans la chambre. Tout est repassé avant 5 heures, bien plié. Pas de fer à repasser électrique, les employés préfèrent l’ancien système avec le charbon. Les habits blancs de Oscar sont lavés à l’extérieur .
La vie ici n’est pas chère : ce matin la baboe est allée au marché avec un franc et m’a rapporté des légumes pour trois jours : des pommes de terre, du chou, poireaux, concombres, une grande papaye (un peu comme un melon) et 4 gros ananas. Je pense faire de la confiture avec les ananas, du moins essayer si cela me réussit, une dame m’a dit que c’était délicieux. On peut acheter ici de la Lenzburg, mais sa propre confiture est toujours meilleure. Comme écrit à la maison, on peut tout avoir ici, bien sûr en boîte, même du schabziger, qu’en dites vous ? Mais je déteste les boîtes de conserve, c’est très tentant d’avoir toutes ces choses hors des boîtes, mais ce n’est pas sain, ni bon marché.
Aujourd’hui la baboe a laissé tombé le rôti de veau par terre, c’était si drôle que j’ai éclaté de rire, ce qu’elle a trouvé magnifique. Mais nous l’avons nettoyé et mangé malgré tout.

Ne pensez pas que je rouspète, oh ! non, nous mangeons bien, peut être même mieux que notre directeur, puisque je me préoccupe et veille à ce que les choses soient cuites avec amour. Oscarli ne s’est encore jamais plaint. Je suis contente qu’on obtienne ici beaucoup d’oignons et d’ail. Nous mangeons également beaucoup de katjangs, des pistaches (en fait des cacahuètes). On les obtient vertes, je dois donc les faire rôtir moi-même. La baboe le fait très bien dans de l’huile ou de l’huile de palme, ensuite on y verse du sel et on les sert avec la bière. Nous en mangeons chaque jour une bonbonnière pleine. On trouve bien du chocolat ici, mais pas un grand choix et très très cher. Je n’ai pas encore vu de plaques, seulement des fondants Nestlé  et des marques hollandaises.

Demain nous recevrons les meubles que nous avons commandés à Batavia.
Pour le moment il pleut et il fait assez frais, comme un jour d’été au Chalet. Je me sens comme au Chalet de toutes façons avec les grands arbres devant la maison et tous les oiseaux qui chantent, les poules et la volaille qui caquettent. Ce matin le kebon m’a apporté deux poussins du marché, pour total SFr. -.80. Maintenant j’en ai trois au jardin à faire grossir et ils seront mangés. J’ai également planté des tomates et des selleries, je suis curieuse de voir ce qu’il en adviendra. Dommage que notre jardin soit plus un jardin d’agrément, vu qu’il est du côté de la route, mais il y a aussi des fleurs et des buissons tout à fait ordinaires ici et qui feraient sensation en Europe. De ma véranda je vois la gare. Celle-ci ressemble un peu à celle de Flawil. Je ne sais pas pourquoi ce nom me vient à l’esprit, mais je vois cette gare clairement dans mon esprit.

gare de Keboemen, nov. 2013

gare de Keboemen nov. 2013



Bahnhof Flawil !!!

jeudi 23 juillet 2015




23 octobre 1933


Keboemen,
Insulindenweg

Déjà une semaine de passé et quelle semaine ! Mardi nous avons quitté l’hôtel et sommes venus dans notre maison. Nous logeons ici avec des meubles que les Visser et les Röhwer, nos voisins de la Mexolie (la fabrique) nous ont gentiment prêtés. Nous avons un lit, 6 fauteuils, 1 table deux chaises et le reste je l’ai fait avec des caisses. La première semaine de ménage, il me semble qu’il y a des années que je conduis une maison et que je … cuis.
Mes chers, quelle frousse j’ai eue le premier jour, mais maintenant je fais cela comme le reste, cela ne me donne plus la moindre peine, ni difficulté. Aujourd’hui par exemple, nous avons eu des fricandeaux, des choux blancs, des pommes de terre à l’eau et une salade de fruits. Ce soir des pommes frites et une omelette faite avec des restes de viande. Oscar dit toujours que c’est bon et n’a encore jamais eu envie d’aller manger à l’hôtel, c’est bon signe, pas ? Cela me prend beaucoup de temps, mais j’aime cuire, ah ! j’ai cela dans le sang.

Nous prenons le café à la véranda et à deux heures Oscar repart jusqu’à 5 heures. Le plus souvent il joue au tennis ; ils sont 4 à la fabrique qui jouent. Le directeur, M. Visser, Oscar, le comptable et le chimiste analyste. Pendant que les messieurs jouent, les dames vont généralement l’une chez l’autre. A 6 heures il fait nuit, un crépuscule de 10 minutes. Nous soupons généralement entre 6 et 7 heures et passons nos soirées à écrire, lire, arranger la maison, faire des plans pour quand les meubles arriveront. De toute ma porcelaine, j’ai eu un verre à champagne cassé, le linge de Ferwerda est très beau, excepté mes monogrammes qui ne sont pas aussi bien faits que ceux de Schwob, mais comme ils sont gratuits, je ne peux rien dire. Aujourd’hui on nous a posé notre cuvette d’émail, achetée  à Batavia. Nous la faisons poser dans notre chambre à coucher pour ne pas être obligés d’aller à la mandi kamer /toilettes chaque fois que l’on veut se laver les mains. Cette cuvette est plus grande que celle que nous avons à Bienne à la salle de bain. Elle est très jolie, une belle glace et tout ce qu’il faut avec. Demain on va demander qu’on nous perce la paroi de la chambre à coucher pour faire communiquer avec le salon, sans cela le salon était tout à fait séparé des autres chambres et on y accédait par la véranda. Ainsi nous pourrons y aller par la chambre à coucher, sans passer par dehors. Ce sera surtout commode lorsqu’il pleut. Notre maison est chou.

24 octobre
Je vous ai écrit hier soir que nous avons fait poser notre cuvette en émail, c’est moi qui ai dit où elle devait et maintenant cette charrette est posée à un mètre de haut, c’est affreux à voir, il faut presque lever les bras pour se laver les mains. Tout est posé, je ne peux rien changer, ce que cela m’embête ! Habituellement elles sont posées à 85-90 cm . Bah ! tant pis, c’est une expérience de plus.


Alentours de Keboemen (25.11.13)

Il est 7heures (du matin) et je viens de faire une promenade avec Mme Röhwer, la femme du contre-maître. Elle est javanaise, gentille, mais pas très intelligente, pas beaucoup du côté intellectuel, mais elle sait bien coudre et bien des choses utiles concernant les Indes. Elle a un grand chien et nous irons tous les matins faire une promenade. Ainsi je commence à connaître les environs de Keboemen. Juste derrière notre maison il y a des champs de riz entre des forêts de palmiers. Partout il y a de beaux chemins, propres, bien entretenus. Ce qui me rappelle que je suis aux Indes, ce sont les petits enfants bruns qui viennent nous regarder avec des gros yeux étonnés. On pourrait les croquer, ces petits, toujours tout nus.

Oscar se plaît à la fabrique. Je crois que nous allons bien nous entendre avec tout le monde ici. M. Visser a déjà demandé quand nous donnerons notre première houseparty et s’est recommandé pour que je cuise quelque chose de bon. Mme Visser est excessivement gentille, c’est elle qui me fournit l’eau potable, qui doit toujours être passée par une pierre spéciale ensuite cuite et filtrée. Dimanche c’est elle qui m’a fournit un poulet pour la rijsttafel, et l’autre jour, par un malentendu (parce que je ne connais pas la langue) le boucher ne m’a pas apporté de viande, alors elle m’a donné un poisson qui nous a fait un excellent dîner avec des pommes de terre rôties, des petits pois et de la salade aux concombres. Dans son jardin, elle a des oies, des pigeons, des dindons et un bassin pour du poisson frais. Ces choses je les ai aurai aussi plus tard, mais mon jardin ne s’y prête pas si bien parce qu’il est ouvert sur la route, c’est plutôt un jardin d’agrément. Mais j’aurai des poulets, ils coûtent ici 25-30 centimes pièce, c’est la viande que l’on mange le plus souvent.

Nous avons eu la visite de John et Jans, ils sont à Solokarta, 3 heures d’auto de Keboemen, ainsi nous pourrons nous voir souvent. Je les ai eu à dîner, j’ai fait la Rijsttafel javanaise, ma baboe sait bien la faire, ainsi je n’avais pas besoin d’être à la cuisine tout le matin. Si tous les compliments que j’ai reçus d’eux étaient vrais, eh bien, je peux me monter le cou !

J’ai toujours mon dictionnaire malais sous le bras et c’est  ainsi que nous nous comprenons, mais ça va long et cela donne bien des malentendus. Je ne me suis encore jamais fâchée, je dois dire qu’ils sont très gentils, mes factotums.

Nous n’avons pas encore reçu notre gramophone, pourvu qu’il ne se soit pas perdu !

Voilà, ma lettre doit partir, j’attends de vos nouvelles avec impatience et je me réjouis d’avoir une correspondance régulière une fois que je serai installée…….






vendredi 17 juillet 2015




15 octobre 1933

Keboemen/Kebumen
Hotel Juliana

Oui ! nous sommes à Keboemen ! et tout d’abord laissez moi vous dire que j’ai été surprise en grand bien. La place est assez grande, beaucoup de verdure, des collines et un bon nombre de magasins, chinois il est vrai, mais des magasins où l’on peut tout avoir, celui de Mme Stalder est une miniature en comparaison.

Gare à Jakarta (2013)

Le voyage jusqu’ici est bien intéressant, mais pas agréable, car ici les trains sont chauffés au charbon de bois et l’on devient terriblement sale. Il a aussi fait très chaud, nous avons voyagé 8 heures de temps. Nous avons été reçus par le directeur de la Fabrique, M. Visser, sa petite fille de 5 ans, un amour de gosse, m’a remis votre lettre et le Journal du Jura !. Ah le plaisir que j’ai eu de recevoir ces vieux et chers amis, et ton écriture sur l’enveloppe, Mamali, ne m’a jamais parue plus belle. Nous avons empilé nos bagages dans un « sado » nous nous sommes hissés sur un autre de ces véhicules (je vous enverrai une photo à l’occasion) et sommes venus ici à l’hôtel où une chambre a été préparée. L’hôtel est très bon, tenu par un Allemand et sa femme, ils ne sont pas très sympathiques, mais pourtant très gentils. La cuisine est excellente, de sorte que j’y suis volontiers en attendant que mes meubles arrivent.

Hier nous avons été voir notre maison. Quelle surprise, mes chers ! Jamais je ne l’aurais espérée si bien, si jolie et si grande. Elle a été repeinte et elle est très coquette. Je vais vous envoyer un plan avec tous les détails, mais plus tard. Et notre jardin est charmant, dans la cour intérieure il y a un jeune sapin Wellington. Les grands arbres que vous avez vus sur la photo sont merveilleux, donnent de l’ombre et fourmillent d’oiseaux qui chantent tant qu’ils peuvent.



Nous avons 3 grandes chambres 1 veranda devant et une derrière qui sera la salle à manger. Le pavillon se compose aussi d’une grande chambre et d’une véranda. La maison est bien construite, haussée de 4 marches. Nous sommes juste en face de la gare et je verrai tous les trains passer. Nous habitons à Insulindenweg, c’est donc le chemin qui va à la fabrique. Nous l’avons visitée, elle est très grande, mais on souffre aussi de la crise, elle ne travaille pas au complet. Oscar commence demain pour de bon. Nous n’avons pas encore fait connaissance avec Mme Visser, elle attend un bébé pour novembre. Il paraît qu’elle est très gentille et va m’aider pour tout. Nous avons déjà à demi engagé un djongos (boy principal), demain la dame de l’hôtel va me chercher une baboe (servante) et un kebon (jardinier, homme à tout faire), de sorte que j’aurai mon ménage au complet et il ne me reste plus qu’à apprendre le malais pour les commander.


Oh ! notre maison est jolie, j’y ai passé toute la matinée, car nous avons reçu nos caisses via Semarang. Les frais de voyage avec la douane, sans compter Bienne-Naples, nous reviennent à SFr. 300.—  C’est fou, hein !

Pour le moment nous nous portons très bien et n’avons pas d’ennui spécial de la chaleur.



mercredi 8 juillet 2015



10 octobre 1933

Batavia,  Hotel Victoria

Je pense que vous attendez des nouvelles avec impatience je voulais vous télégraphier mais cela revient si cher, et puis avec une lettre par avion vous en saurez plus. Nous sommes arrivés ici dimanche matin, une chaleur formidable. 

un hotel de l'époque



Au bateau un employé du bureau est venu nous chercher, c’était gentil d’être reçu. Nous sommes dans un très bon hôtel, un des plus simples, mais propre et tenu par une dame hollandaise. Nous avons toute une maison pour nous, un pavillon, avec véranda, salon, chambre à coucher, et même chambre d’enfants ! La chambre de bain et les W.C. sont dans les dépendances, nous avons pension complète, le tout pour SFr 15.—par jour et par personne. Nous avons un boy à notre service. Nous aurions pu loger meilleur marché mais on nous a conseillé de faire ainsi pour que la transition ne soit pas trop grande.
Un ami spécial est resté le docteur du bateau, il loge quelques jours au même hôtel que nous.

Et maintenant mes impressions : les Indes me plaisent énormément, si ma première impression reste, eh bien mes chers, je me félicite d’être venue.
Ancien immeuble officiel, Jakarta
Sitôt installés, nous avons téléphoné au directeur de la Banque, M. Jobsis, qui nous a invité pour le thé dans l’après-midi. Il habite une maison merveilleuse, quelque chose que je n’ai encore jamais vu. Hier après midi nous avons été prendre le thé chez M. et Mme Stark, dont lui est directeur de la Nimaf (succursale de la Banque). Eux aussi sont très gentils. Je ne peux pas vous dire comme les gens sont tous gentils, si simples et naturels, c’est comme si je les connaissais depuis des années. Je crois qu’en général je suis sympathique à tout le monde aussi. 



Aujourd’hui nous avons acheté tous nos meubles, une chambre à coucher, une chambre à manger, un fumoir avec grand bureau pour Oscar, le tout en bois du pays naturellement, mais de forme moderne, très gentil, pour FL. 780.—ce qui fait environ SFrs 1600.00. Nous avons des lits sur mesure, matelas coussins tout y compris, et aussi un « eiskasten » (glacière) travaillé comme les meubles de la salle à manger. Nous aurions pu nous installer meilleur marché en profitant des ventes privées mais pour cela il faut avoir le temps d’attendre des occasions et nous devons tout acheter en deux jours. On ne peut rien avoir de ces choses à Keboemen. Demain nous allons acheter des tapis et toute la batterie de cuisine, une machine à coudre, des ventilateurs etc. Nous pensons que toute l’installation complète, meubles etc nous reviendra à SFr. 3000.— bien comptés.


 M. Stark a dit que les gens à Keboemen étaient très gentils et surtout que l’atmosphère, la Stimmung et l’esprit de camaraderie y étaient très bons, l’administrateur et sa femme sont surtout très gentils, que je ne devais pas avoir peur, que l’on m’aiderait volontiers pour tout. Nous serons 8 Blancs à la fabrique, pas beaucoup. Je suis contente d’avoir toute la maison à installer, cela va m’occuper pendant quelques mois.
La chaleur ne me donne pas trop de fil à retordre, je me porte bien. Je me réjouis de recevoir vos lettres, nous en avons déjà reçu deux de Father Woldringh.
Les moustiques ici ne sont pas trop mauvais, c’est rigolo de nous voir sous la moustiquaire !
Après demain nous partons pour Keboemen, 10 – 12 heures de chemin de fer. Je ne pourrai donc pas vous écrire si vite, car j’aurai beaucoup à faire. Les premiers temps nous logerons chez un employé de la Fabrique jusqu’à ce que nous ayons nos meubles qu’on nous livrera seulement dans trois semaines. Ils vont tous être faits d’abord et cela d’après nos désirs, j’en ai un plaisir fou.
Ah je dois encore vous dire que tous les matins nous nous sommes réveillés par le chant des oiseaux, c’est comme un beau jour d’été au chalet. 

Rue typique de Batavia
Batavia est une ville superbe, propre et bien hollandaise. La différence entre Batavia et Singapore !





9 octobre 1933

Batavia (Jakarta)


Nous sommes arrivés hier à Batavia, et ma première impression des Indes, de Java et Batavia est excellente.

Je vous ai écrit que j’irais voir le client de Milex Elem,  Reuben, 81 Selegie Road, Singapore, si j’en avais l’occasion. Nous sommes arrivés à Singapore le matin à 7 heures par un temps superbe, mais hélas, après une heure il a commencé à pleuvoir d’une façon fantastique, pendant toute la journée sans discontinuer. A 11 heures du matin nous avons pris un taxi pour nous rendre à la Selegie Road.



Nous avons traversé tout le quartier européen et à chaque tournant de rue je m’attendais à voir le commerce, le magasin ou les bureaux de Reuben, mais non, rien. La Selegie Road se trouve dans le quartier des indigènes. Une rue large et sale (mais la saleté n’a rien à dire en Orient !) bordée de maisons à deux étages, des bicoques à notre point de vue suisse, peintes en couleurs différentes, sales et délabrées, formant comme à Berne, mais en plus petit, des galeries où se trouvent les magasins ou plutôt les boutiques. A l’angle d’une autre rue, voici une maison peinte en bleu, des volets verts, ou plutôt des morceaux de jalousies aux fenêtres de l’étage, le plain-pied est haut. On y accède par un escalier pompeux et sale, devant lequel toutefois se trouve un grand palmier. Le trottoir devant la maison et le terrain autour du palmier sont déblayés des ordures qui ordinairement ornent l’entrée des autres maisons du quartier ; cela fait déjà bonne impression. Nous montons l’escalier, car tu l’as deviné, nous sommes au No 81. 




Nous sommes reçus avec des sourires et des regards d’une douceur inouïe, vraiment je n’ai encore jamais vu des visages avec des expressions aussi angéliques. Une petite fille, une jeune fille et une femme nous escortent dans une pièce aux murs blanchis à la chaux. Au milieu se trouve une table ronde recouverte d’un tapis crocheté, trois chaises de paille, dans un coin sur une petite table, un gramophone, un banc et une chaise longue en osier, voilà tout l’ameublement d’une pièce aussi grande que la comptabilité, ton bureau et l’expédition. Les fenêtres ont des barreaux, pas de vitres, des chiffons de couleur rose forment des rideaux brise-bise. Au fond de la pièce une ouverture correspondant  à une porte de chez nous, à côté une autre ouverture qui pourrait être une fenêtre mais qui donne dans une autre pièce où l’on voit un tas de cartons (pas d’horlogerie, j’ai fait attention) et un cheni formidable. Nous sommes reçus à l’intérieur par un homme petit, noiraud avec une moustache taillée, un nez bombé, la peau bronzée et de nouveau une expression exquisement douce. Je me présente et avec force révérences, j’apprends que j’ai devant moi le frère de Monsieur Reuben. Mr. Reuben de l’horlogerie se trouve actuellement au magasin, à quelques pas de là, on va le chercher. Ce qui m’intéressait, c’était le magasin, mais on ne m’a pas laissé y aller, disant qu’il était fermé aujourd’hui parce que c’était la Fête des Tabernacles (fête juive) et que tous les magasins étaient fermés. En effet, dans ce quartier ils l’étaient. Nous prenons place à table en attendant, et je commence la causette. Le frère n’est pas dans l’horlogerie, il a un autre commerce. Les affaires vont bien, ils ne sentent pas la crise mais il ne se vend presque que des marchandises japonaises. Pour l’horlogerie aussi, Mr. R. no 1 (le nôtre donc) ne sent pas la crise. Il fait le commerce de gros, mais les derniers temps il ne vend presque que des montres japonaises. Elles sont bien meilleur marché, mais tout de même pas aussi bonnes que les montres suisses. Toutefois les indigènes ne peuvent pas se payer des montres suisses en ce moment, car ils ne gagnent pas beaucoup et les montres japonaises leur suffisent. Il n’y a que les chinois qui achètent des marchandises européennes, car ils boycottent le marché japonais. Sur ces entrefaites, la femme revient disant que Reuben no 1 est allé rendre visite à un ami dans une maison pas trop éloignée, vu que c’est dimanche, on profite de faire des visites. On va aller le chercher. Bon j’accepte, et nous attendons encore. La jeune fille nous apporte des verres d’orangeade glacée. J’accepte avec mon plus gentil sourire (par politesse !) Le frère qui était retourné se coucher sur la chaise-longue pendant tout ce temps, vient maintenant s’asseoir à la table et nous comptons les minutes jusqu’à l’arrive de R.1. Il parle très difficilement l’anglais et ne pouvant plus rien tirer de lui, je me tais aussi. Mutisme et sourires à mélasse, belles dents et yeux de chamois, sur la tête un turban, habits à moitié européen, à moitié je ne sais comment, le tout me fait soupçonner qu’ils sont juifs et Arméniens. Enfin voilà Reuben 1, habillé tout à fait à l’européenne, nez crochu, moustache, yeux noirs, dans les 35 ans, mais c’est très difficile de leur donner un âge à ces hommes. Au frère j’aurais donné 25 ans mais sa femme en paraissait 50 et il a une fille qui paraissait 20 ans. Puzzle.
How do you do Mr.R. I am Miss Marchand of the Milex Elem Watch Co. Ici un mouvement en arrière, un regard un peu moins doux, presque à l’aguet. –Oh ! thank you for your visit. A chaque phrase que je disais, je recevais comme réponse ce « thank you », Oscar de même. Nous étions debout et Reuben ne semblait pas vouloir nous dire de nous asseoir, à la fin, voyant nos limonades, il a quand même offert d’entamer une causette. Il a été très fermé, et je n’ai pas pu en tirer beaucoup. Le commerce marche bien, mais pas de marchandises européennes, ou plutôt des montres cylindres seulement, de Numa Jannin, 5 ¼’’ à Frs.6.-- le mouvement, qu’il met dans des boîtes japonaises. Elles sont très bonnes, jolies, très aimées de l’indigène et bon marché. A ma demande pourquoi il n’avait pas répondu à nos lettres, il a répondu qu’il n’avait plus reçu de nouvelles de Elem Watch depuis 1930, plus jamais une seule lettre. Qu’il n’avait jamais rien eu avec Elem, qu’il avait toujours été très content des livraisons et que vraiment il n’y avait jamais, jamais rien eu entre Elem et lui, que les rapports avaient toujours été excellents. Avec cela, il m’a semblé qu’il était toujours aux aguets et qu’il avait plutôt peur de nous. J’ai essayé par tous les moyens, j’ai été très gentille, je voulais briser la glace, mais avec lui rien à faire. Oscar m’a aussi bien aidé, mais tous nos essais s’arrêtaient à un mur, un visage où tu ne pouvais rien lire, absolument rien. J’ai réussi à savoir que la saison pour Singapore c’est le Nouvel An chinois qui a lieu vers la fin janvier, jusqu’en février et en décembre-janvier le Nouvel An malais. Ce sont des fêtes pour lesquelles il vend le plus. Il ne fait que du gros et pour le moment c’est Numa Jannin avec ses cylindres 5 ¼’’ à Frs. 6.--. Lui, Reuben, doit donner de longs crédits aux Chinois. Presque rien ne se paie au comptant, ici aux Indes aussi. Oscar lui a demandé pourquoi, puisque il n’y avait rien eu entre Elem et lui, il n’avait plus envoyé de commandes ? – thank you for your interest, Elem have always made good deliveries, indeed very good, thank you, yes, thank you very much, etc etc. Nous avons demandé si nous pouvions lui faire des offres, mais oui, en 5 ¼’’ ancre, 14 k.rect. coins coupés. Je te donnerai le détail plus bas, je l’ai inscrit sur un papier qu’Oscar a sur lui en ce moment. Et pendant que j’écris il est allé à la Banque (la Neer.Ind. Handelsbank) se présenter. Reuben a même dit une fois (la seule fois qu’il a dit une phrase un peu longue !) que Elem avait toujours été avantageux pour ces petites pièces ancre.

Oscar en est sorti dégoûté, moi aussi, mais je me dis les affaires sont les affaires et au point qu’elles en sont aujourd’hui !!! Mais à l’avenir il ne faut plus se laisser faire et presque tomber à genoux devant ces gens-là, surtout ne pas les considérer et les mesurer à notre point de vue, jamais nous pourrons les comprendre, jamais.


old Singapore

Il en est de même avec les British Indians, donc ceux de Bombay et Colombo. C’est de la vermine et de la fripouille. Sais-tu à quoi on les reconnaît ? La première fois que j’en ai vu un, j’ai été prise de fou-rire, c’est parce qu’ils portent leur chemise en dehors de leurs pantalons. Parfois ils n’ont qu’un linge autour des hanches, mais une chemise européenne par-dessus. Mais aussi les mieux situés, ceux qui ont des pantalons blancs, ils portent leur chemise ainsi et exhibent des pantets (propres, c’est-à-dire pas marqués, tu comprends !!!) avec un sérieux incomparable et au moins il ne faudrait pas leur montrer que tu les trouves drôles ! Naturellement que Ben Ishar Singh, Qasi Macbool et tous ceux-là, ont le même costume. Ces gens, les Arméniens et les Chinois sont ceux qui ont les magasins partout en Orient. Jamais, quand on achète quelque chose, il faut  accepter leurs prix, jamais, ils seraient étonnés qu’on le fasse, c’est–à-dire tu ne t’aperçois pas de leur étonnement, leur figure n’exprime jamais rien. Cela fait  qu’ils vendent un peu à tous les prix et quoi de plus naturel qu’ils marchandent aussi à leurs fournisseurs. Ceux que j’aime le mieux jusqu’à présent, ce sont les Chinois, ils me sont très sympathiques même, qui l’aurait cru ?
Dans le quartier japonais j’ai aussi été dans des magasins d’horlogerie et j’ai demandé les prix de détail de plusieurs montres. Avant tout, ne pense plus que parce que c’est en Orient, tu peux livrer n’importe quoi, on voit ici les mêmes modèles qu’à Paris, les baguettes avant tout, en chromé, nom Lusima, reviennent à $ 28.00 change de Singapore, fait en Frs. La marque bien introduite ici est Dyma, on la voit partout, depuis le beau magasin européen René Ullmann, jusque dans le plus petit bazar. La réclame est fantastique, des chevalets dans les vitrines, etc.
Ce que j’ai aussi vu, c’est que Silva Bros. le client de Price Park à Colombo, a un magasin magnifique à Singapore. Les vendeurs dans le magasin sont hindous aussi, habillés à l’européenne, 4 grandes vitrines, des montres, des pendulettes, de l’argenterie, un luxe inouï. Devant la porte, un groom en livrée, je te dis, pas même Mersmann, Pocheron, Vacheron et Constantin n’ont des magasins pareils. D’abord, j’ai douté que ce soit les mêmes Silva Bros, puisque les uns sont à Colombo et ceux-ci à Singapore, mais en petit au-dessus de la porte il y avait marqué Incorporated in Ceylon. Alors sûrement ce sont les mêmes. Mais c’est la bonne montre, l’article précision et luxe.