Keboemen
5 août 1935
Mes bien
chers
Hoho,
Haha ! J’y suis de nouveau à ma machine, avec la meilleure des intentions,
mais si j’arrive à écrire beaucoup, beaucoup, cela c’est une autre question.
En
arrivant ici, nous avons appris que madame Engelhart, ma tante Engel, avait été
très gravement malade de malaria tropica.
Elle a eu deux attaques consécutives, qui l’ont très affaiblie. Un soir après
notre arrivée, M. Engelhart s’est plaint vers nous qu’elle ne voulait
absolument pas rester tranquille comme le médecin le lui avait recommandé. Elle
devrait faire de la chaise longue tout le jour pour reprendre plus vite des
forces et comme elle n’a jamais été malade cela lui est difficile, elle n’a pas
de patience, et elle va toujours travailler dans son jardin. J’ai offert
d’aller lui tenir compagnie un peu, et mon offre a été acceptée avec tellement
de plaisir et d’empressement, que j’y ai presque été tous les jours depuis notre arrivée. Je pars d’ici le matin
à 8 heures, j’arrive à Premboen à 9 ½ heures et nous nous installons au jardin,
à l’ombre, où nous restons jusqu’à 1 heure. Je m’amuse avec les chiens, les
singes, je cueille les fleurs pour la maison, et nous nous sommes mises à la
peinture. Nous peignons des vases de terre cuite que nous faisons acheter au
marché pour 1 cent ou deux. Nous avons des couleurs d’émail bon marché et nous
nous amusons à qui mieux mieux. Nous dînons et à 2 heures je reprends le train
pour Keboemen, juste à temps pour aller me coucher et faire mon somme ordinaire
et être prête pour le thé quand Buby rentre. Je vois moi-même que mes visites
font beaucoup de bien à madame E. car ses enfants lui manquent et surtout
maintenant qu’elle est encore faible, elle n’est pas toujours maître de ses
idées noires. Quand elle peut travailler elle ne les a pas, mais ainsi c’est
compréhensible. Pour moi ces visites sont plus qu’agréables et utiles aussi car
elles sont une bonne transition de Soerabaya à Keboemen, et l’amitié entre les
E. et nous est bien établie maintenant.
L’ombre au
tableau c’est que depuis deux jours Buby est au lit avec une angine. Il a pris
froid en allant travailler le soir sans vouloir mettre un paletot malgré les
recommandations de sa femme. Ah, ces hommes ! Il n’a plus de fièvre,
seulement 37,5 etc, mais je le garde au lit tout de même.
Et
maintenant, nos vacances !
Aaaah
quand j’y pense ! C’est fou, c’est fantastique le plaisir que nous avons
eu. D’abord, pour quitter ici, aucune des dames ne m’aurait offert de
surveiller la maison un peu, de prendre soin de Tipsy, rien, rien. Oscar a donc
demandé à Liang de le faire, et il
l’a fait très consciencieusement, nous écrivant régulièrement l’état des
choses.
Nous avons
donc quitté ici le 6 juillet, le matin à 10 heures. M. Visser avec Nieke et les
Röhwer étaient à la gare ! ces derniers nous souhaitant du plaisir à
contre cœur. Le jeune Liang a déposé à notre place un sac d’oranges pour le
voyage. C’est une attention qui nous a touchés, surtout qu’il n’a pas de sous.
Une fois partis, dans le train, on s’est senti à presque 2 ans en arrière,
quand on allait de Batavia à Keboemen, seulement cette fois-ci on avait le cœur
plus léger ! Le voyage s’est bien passé, sans encombre et aussi sans
incident. Nous sommes arrivés à Soerabaya à 6 heures. Frans et Anne (Gerbens)
nous attendaient. La première chose qui m’a agréablement surprise en Anne, c’est qu’elle était bien
habillée, pas avec un chic fantastique, ni même très élégante, mais d’une façon
très distinguée, simple et de bon goût. Elle a de très beaux yeux et
réciproquement dans le premier regard, nous nous sommes pesées, évaluées,
jugées et trouvées sympathiques. Oscar
et Frans, surtout Frans, ont eu un plaisir immense à se revoir. Pensez
donc, des anciens copains de service. Nous avons d’abord été à la pension avec
tous nos bagages, une malle, 2 valises, un immense sac à linge d’un mètre de
haut, tout bourrée, 1 boîte à chapeau !!! et nos raquettes. A la pension
j’ai choisi une chambre au premier étage, trouvant trop drôle de monter et
descendre des escaliers de nouveau. C’était une très grande chambre, avec eau
courante, une armoire à glace, une table et deux fauteuils et un bureau de
dame. La Voorgalery donnait sur la rivière, assez large et coulant doucement
entre des bords fleuris à la hollandaise. Une vue tout à fait gentille. Un pont
qui passe sur la rivière et où se déroule
toujours beaucoup de trafic. C’est juste ce qu’il me fallait, et l’après
midi nous prenions toujours le thé là. Donc ce soir-là en arrivant, nous avons
vite baigné puis les Gerbens sont venus nous chercher pour aller faire des
emplettes nécessaires.
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Oscar avec puttees |
Une paire de souliers hauts pour Buby, et des puttees (bandes molletières), ensuite la Stimmung était déjà tellement bien
établie que Anne et Frans nous ont spontanément demandé si nous voulions souper
avec eux, ce que nous avons accepté. Nous avons passé la soirée chez eux, à
faire mieux connaissance, et là aussi j’ai eu une nouvelle surprise. Ils sont
installés tout à fait moderne, et absolument dans mon goût. Je ne peux pas vous
dire ce que cela m’a fait du bien ; ils ont encore plus de livres que
nous, Anne est très instruite et Frans aussi naturellement. Enfin, en deux
mots, ce sont des gens de notre genre.
Oscar a
donc commencé son service. Ils n’étaient que deux officiers pour ce cours de répétition, de sorte qu’ils n’ont
eu que de la théorie, parce qu’il paraît qu’ici aux Indes ils sont beaucoup
plus avancés qu’en Hollande. Les pièces d’artillerie sont du dernier moderne,
et tout est en parfait état. Buby en est tout enthousiaste. Son service durait
de 7 heures du matin à 1 heure. Il rentrait à la pension, nous dînions et
allions dormir jusqu’à 4-5 heures, ensuite on prenait notre thé, on allait
baigner, s’habiller et on sortait pour ne rentrer que vers minuit, ou plus
tard. Nous n’avons jamais soupé à la pension, étant souvent invités chez les
Gerbens qui vivent tout à fait à la hollandaise et ne mangent que du pain le
soir avec un tas de bonnes choses dessus. Anne, ayant appris que je ne pouvais
pas me procurer la plupart de ces choses à Keboemen, m’a toujours prise
avec dans un magasin de Delicatessens et là je devais toujours
choisir ce qu’il fallait acheter. Ainsi je me suis payée du gorgonzola, et un
tas de bonnes choses. Du primula chäsli ( !) du salami, du saumon, des
kippers (harengs secs), enfin chaque
souper était toujours un petit festin, et la Stimmung était toujours gaie. Ce
qu’on s’est chicanné les quatre, c’est incroyable. On se comprenait si bien, on
parlait français, allemand, anglais, tout ensemble. Le plus souvent on allait
au cinéma après ces soupers, ou alors nous allions à la première
représentation, allions vite souper et repartions faire une promenade au clair
de lune. Il y a non loin du port, un petit restaurant chinois, dancing,
directement au bord de la mer comme le restaurant de la plage à Bienne, mais
naturellement que la plage ici est plus grande. Les beaux soirs de clair de
lune on va là boire son café à de petites tables et des fauteuils confortables,
sur la plage même, tout au bord des vagues qui viennent mourir à nos pieds,
avec l’immensité de la mer devant soi et dans le lointain l’île de Madoera (Madura), le tout dans un clair de lune merveilleux.
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Gresik, Soerabaya et Madoera |
Un autre soir
nous avons fait une longue promenade le long de la côte jusqu’à Grissée (Gresik), l’endroit où les premiers Hollandais ont abordé, décidés
à conquérir ce pays merveilleux.
Grissée
est un drôle d’endroit. Ces premiers pionniers ont bâti là des maisons
pareilles à celles d’Amsterdam ou n’importe où en Hollande. Des maisons hautes,
à étages, petites fenêtres, des ruelles étroites, enfin tout à fait dans le
style de leur patrie. Cela a changé un peu avec le temps, mais l’aspect en est
encore frappant. Presque toutes ces maisons sont vides maintenant, car elles
sont trop chaudes, pas bâties selon les exigences du climat, alors savez-vous
ce que les chinois ont fait ? Ils ont loué ces maisons, les laissant
vides, formant ainsi un abri idéal pour les
chauve-souris qu’ils élèvent pour leur fumier, engrais des plus recherchés.
A
Soerabaya il y a aussi un dancing, chez Hellendoorn,
environ deux fois notre Fantasio, mais dans un bâtiment tout à fait moderne,
avec un bar très grand, la salle proprement dite, puis une salle de dîner, et
tout autour une immense terrasse où l’on peut s’asseoir dehors entre les danses. Il y a aussi du cabaret,
des numéros de danse pas mal.
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chez Hellendoorn |
Savez-vous ce qui m’a frappée ? Les danseuses on va principalement les
chercher à Shanghaï, et ce sont
presque toutes de petites juives (exilées
russes). Expliquez-vous cela. Tatali, cela m’a fait penser à ce livre que
tu as et que j’ai une fois lu chez toi, en cachette, je crois : Le chemin
de Buenos Aires. Nous avons été là deux soirs, et avons dansé. Oui,
figurez-vous que j’ai de nouveau dansé avec mon Buby. Il y avait de très belles toilettes, malgré que ce ne fût
pas la saison. En juin, juillet et août, la saison sèche, tout le monde est en
vacances dans les montagnes. Hé c’était beau de revoir des femmes bien
habillées, avec goût et luxe, des frimousses bien fardées. Là il m’en est
arrivé une bonne. Un soir en y allant, avant d’entrer j’ai été aux toilettes,
alors en voulant entrer dans la salle, il y avait justement un numéro, moi
j’avance en regardant les danseuses et je vois devant moi le dos de Buby, qui
m’attendait comme je croyais. Je lui prends le bras et lui dis : tu
viens ? C’est seulement après que j’ai remarqué que ce n’était pas Buby du
tout. Ce dernier me regardait faire de la table où ils étaient assis, sans
comprendre !!! Je me suis naturellement excusée et ce jeune homme a ri
pendant toute la soirée quand il me regardait.
Sur la
rue, Hellendoorn possède une immense terrasse couverte, donc sous la salle de
danse. Il y a toujours concert là, le matin, vers midi et surtout le samedi
c’est le grand rendez-vous de tous les Européens, alors c’est rempli et c’est
là qu’on est sûr de voir ses connaissances. Nous avons nous même rencontré M.
Frey, l’adviseur technique, mais l’avons vu trop tard. Il montait justement en
taxi et nous ne pouvions plus l’arrêter.
Nous avons
aussi été souper une fois à la Taverne Hongroise. Une petite boîte tout à fait
dans le style, où l’on boit du Tokayer
et mange que du goulash, mais quel
goulash ! On était dans une fameuse stimmung. Souvent nous allions manger
dans les restaurants chinois, au Shanghaï,
et chez Kiet Fan Kie, le plus fameux
de tous.
Comme
films nous avons vu Joséphine dans Zouzou et Garbo dans The painted veil. A
part cela nous avons vu Ein Winternachtstraum avec Magda Schneider, et Anna
Sten dans quelque chose de russe dont je ne me rappelle plus le nom en ce
moment, et encore plusieurs autres films du quatch américain.
Ce que
nous n’avons pas manqué de faire tous les soirs, c’est un tour en taxi par la
ville illuminée, toutes les réclames lumineuses nous amusaient comme des
gosses. Il y a à S. de petites Morris qui fonctionnent comme taxis. Ces
voitures sont simplement des bijoux, nous en choisissions toujours une très
belle et alors nous nous sentions riches, en nous baladant tout lentement le
long des magasins, des cafés, au milieu de beaucoup de trafic et de monde.
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Hotel Tretes, photo de Nelly |
Le premier
dimanche que nous étions là, nous sommes partis le matin à 7 heures pour Tretes, c’est un endroit dans les
montagnes, nouvellement aménagé pour les autos. C’est un club qui a bâti là un
clubhaus restaurant avec piscine et manège.
Tout autour il y a de petites
maisons dans le genre chalet, des villas de weekend pour les membres du club.
Vous en avez déjà les photos. Nous avons passé toute la matinée là, et Anne et
moi y avons baigné, mais l’eau était si froide pour moi qui venait de Keboemen,
que j’ai dû sortir après 5 min. C’est aussi à Tretes que nous avons fait cette
promenade à cette chute d’eau dont vous avez ou vous aurez également des
photos. Cette première sortie était exquise.
Le
dimanche d’après nous avons été à Tosari,
et de là nous avons fait l’excursion au Bromo,
le volcan en action. Nous sommes
montés au bord du cratère et avons regardé dans cette immense cuve de terre
bouillante. Cela faisait un bruit comme dix locomotives ensemble, et sans cesse
des vapeurs de souffre qui montaient.
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Bromo |
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Tosari |
Par hasard nous avons trouvé dans un
magazine acheté dans le train la description de cette excursion par une
anglaise. Je vous l’envoie, car c’est exactement le tour que nous avons fait,
et cela m’épargne du temps. Là, à Tosari, nous avons logé dans le Grand Hotel parce que l’autre était
rempli, cela nous a coûté follement cher. C’était un peu la faute à Frans qui
n’avait pas voulu réserver d’avance, prétendant qu’il y aurait bien assez de
place. Tosari est le plus haut endroit de villégiature des Indes, il y fait un
froid terrible.
C’est accroché à la montagne comme un nid d’aigle. Bien que ce
soit très intéressant et très sain, je ne voudrais pas y passer mes vacances.
C’est sur une crête de montagne, entre deux ravins immenses, j’ai eu un vertige
fou. C’est surtout là que la maman de Buby a passé ses vacances, et papa
Woldringh aussi, et probablement dans ce même hôtel, c’est pourquoi nous sommes
bien contents d’y avoir été.
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Bromo novembre 2013 |
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Nelly et les Gerbens au Bromo |
Comme Frans payait la benzine, Oscar le soir a
payé une bouteille de vin au souper, après laquelle nous avons tous eu une
chique, surtout les messieurs, car ils avaient bu l’apéritif avant. Oh, mais la
Stimmung était bonne, nous avons eu des artichauts et ensuite des choux de
Bruxelles, des choses qu’on n’a que dans les montagnes ici. Je ne peux
naturellement pas vous raconter tous les détails de ce week-end, suffit qu’il
reste un souvenir épatant.
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le sous-marin XXVIII |
Un autre
souvenir ineffaçable est le jour du XXVIII
Her Majesty’s XXVI. Au cours Oscar a entendu parler les officiers de l’arrivée
de ce sous-marin, et a appris que la
marine avait aussi invité les officiers de l’armée avec leurs dames à se rendre
à sa rencontre sur un des bateaux de guerre mis à disposition pour cette
occasion.
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Oscar en blanc |
Tenue blanche de rigueur. Le lieutenant qui faisait le cours avec
Buby n’avait pas commandé d’uniforme blanc, vu que ce n’est pas absolument
nécessaire. Nous avions déjà les bleus d’en avoir commandé deux, mais je vous
garantis que cette journée nous a repayée, même si nous en avions commandé
trois !
Nous avons naturellement demandé à Anne de nous accompagner, Frans
ne pouvait pas quitter son poste, et nous voilà les trois, le matin à 6 heures
en route pour le port. Il y avait un trafic énorme, des embouteillages très
bien dirigés par un grand nombre d’agents. A la fin nous arrivons sur le bon
quai et voilà le Witte de Witt devant nous. C’était le bateau sortant le
premier, le bateau de l’élite, quoi. Nous montons à bord sur une passerelle
pavoisée et sommes reçus par le commandant qui nous souhaite la bienvenue
etc. Nous allions à l’arrière où
sous une tente étaient rangés des fauteuils, des bancs etc. Il y eut bientôt un
monde fou ! des officiers ! des uniformes ! des galons ! de
l’or ! de l’or ! de l’or et des beaux types ! oh, des beaux
types, vous savez des hommes, des messieurs, enfin quoi, une élite. Les femmes
aussi étaient belles, en grande toilette, beaucoup de lin blanc aussi, et des
imprimés. Enfin chacune s’était faite belle. Moi j’avais mis ma robe de lin
aussi, et j’ai été diablement contente de l’avoir. 71/2 heures précises nous
sortons du port par un beau matin doré et une mer calme comme un miroir. Nous
allions doucement, humant la petite brise tiède et fraîche, ensuite entrainant
dans notre sillage 5 autres cuirassés, 3 sous-marins, et 9 hydravions. Les
avions étaient les premiers à survoler le XXVIII pour le saluer, ensuite ils
sont revenus en arrière, ont améri et se sont rangé près des cuirassés pour
encore une fois rencontrer le XXVIII, en rang avec les autres bateaux. Sitôt
hors du port, la marine, fameuse pour ses réceptions, nous a offert du café au
lait et des sandwiches excellents. Ensuite du cake, des biscuits et des
limonades à volonté pendant toute la promenade. Des cigarettes et cigares pour
les messieurs. Nous nous sommes promenés
par tout le bateau et sur le pont du commandant, ce dernier a invité
Buby à aller voir des cartes spéciales, des mesures prises récemment etc. Il a
été très bien avec nous. Nous sommes restés longtemps là-haut, à voir toutes
ces manœuvres. Je vous dis ces grands bateaux dansaient sur l’eau, faisaient
des arabesques comme ceux que les enfants font aller sur une pièce d’eau. Ce
fut un spectacle inoubliable.
Bientôt on aperçoit le XXVIII à l’horizon, les bateaux se mettent en rang et le voilà qui défile devant nous, tous ses hommes au garde à vous. C’était émotionnant de voir ces équipages se saluer, surtout sur notre bateau plein d’officiers, les autres cuirassés transportant plutôt des civils, les reporters etc. Voyez-vous on se trouvait transporté dans un autre monde, tout était si beau, si correct, si distingué, nom d’une pipe, j’aurais voulu que les garçons y soient. A midi nous étions de retour pour assister à la réception de la garde d’honneur de la marine aux officiers du XXVIII, et ensuite à la réception officielle au club de la marine.
Ce club est bâti en forme de bateau sur la pointe la plus avancée du port. Là les familles, les amis attendaient les hommes et le commandant de la marine. Je ne peux pas vous traduire tous ces noms d’officiers, mais il y en avait des masses et des masses. Tâchez de vous représenter cela, tous ces hommes en blanc et or, et quels hommes ! C’est là que j’ai vu le type le plus parfait que j’aie encore rencontré jusqu’ici, extérieurement, cela va sans dire. Haut de 2 m, bien bâti, cheveux presque blancs, expression énergique mais bonne aussi, manières parfaites, plus que parfaites. Sa femme, une dame dans toute l’acceptation du mot. Je ne pouvais pas assez les regarder et pendant toute la cérémonie je m’en suis rincé l’œil. Vous auriez dû voir son sourire à lui, ses dents ! et son uniforme. Il y avait là aussi la femme d’un commandant, une vache supervache que j’avais déjà remarquée sur le bateau. Elle ressemblait tout à fait à la Rackere, habillée d’une façon à faire pleurer un chien et ne sachant absolument pas vivre. Elle faisait toutes les manœuvres possibles pour être assise auprès de la dame distinguée, et une fois à la place convoitée elle parlait, parlait comme une vraie sotte. Elle ennuyait grandement monsieur et madame béguin qui la tenaient à distance avec une diplomatie et un tact inouï. Je n’ai rien ou presque rien compris ni entendu des discours, étant tellement occupée à observer ce groupe devant moi. L’équipage du XXVIII a reçu des couronnes, deux horloges électriques, des étuis à cigarettes en argent, etc, etc. Sitôt la réception officielle terminée, nous sommes rentrés. Nous aurions pu assister au bal, le samedi soir, dans ce même club, mais nous avons préféré partir pour Tosari et ne le regrettons pas.
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parade des bateaux |
Bientôt on aperçoit le XXVIII à l’horizon, les bateaux se mettent en rang et le voilà qui défile devant nous, tous ses hommes au garde à vous. C’était émotionnant de voir ces équipages se saluer, surtout sur notre bateau plein d’officiers, les autres cuirassés transportant plutôt des civils, les reporters etc. Voyez-vous on se trouvait transporté dans un autre monde, tout était si beau, si correct, si distingué, nom d’une pipe, j’aurais voulu que les garçons y soient. A midi nous étions de retour pour assister à la réception de la garde d’honneur de la marine aux officiers du XXVIII, et ensuite à la réception officielle au club de la marine.
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Witte de Witt |
Ce club est bâti en forme de bateau sur la pointe la plus avancée du port. Là les familles, les amis attendaient les hommes et le commandant de la marine. Je ne peux pas vous traduire tous ces noms d’officiers, mais il y en avait des masses et des masses. Tâchez de vous représenter cela, tous ces hommes en blanc et or, et quels hommes ! C’est là que j’ai vu le type le plus parfait que j’aie encore rencontré jusqu’ici, extérieurement, cela va sans dire. Haut de 2 m, bien bâti, cheveux presque blancs, expression énergique mais bonne aussi, manières parfaites, plus que parfaites. Sa femme, une dame dans toute l’acceptation du mot. Je ne pouvais pas assez les regarder et pendant toute la cérémonie je m’en suis rincé l’œil. Vous auriez dû voir son sourire à lui, ses dents ! et son uniforme. Il y avait là aussi la femme d’un commandant, une vache supervache que j’avais déjà remarquée sur le bateau. Elle ressemblait tout à fait à la Rackere, habillée d’une façon à faire pleurer un chien et ne sachant absolument pas vivre. Elle faisait toutes les manœuvres possibles pour être assise auprès de la dame distinguée, et une fois à la place convoitée elle parlait, parlait comme une vraie sotte. Elle ennuyait grandement monsieur et madame béguin qui la tenaient à distance avec une diplomatie et un tact inouï. Je n’ai rien ou presque rien compris ni entendu des discours, étant tellement occupée à observer ce groupe devant moi. L’équipage du XXVIII a reçu des couronnes, deux horloges électriques, des étuis à cigarettes en argent, etc, etc. Sitôt la réception officielle terminée, nous sommes rentrés. Nous aurions pu assister au bal, le samedi soir, dans ce même club, mais nous avons préféré partir pour Tosari et ne le regrettons pas.
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Anne Frans et Nelly |
Le soir
avant de partir, nous avons encore eu une petite fête chez Anne et Frans dont
c’était l’anniversaire. Une petite fête très intime et si agréable.
Le
dimanche matin nous sommes partis pour Madoen, où une auto nous attendait pour
nous conduire à Sarangan, la seconde partie de nos vacances.
Suite au
prochain numéro.
Mardi
matin. Mes chers, Oscar peut se lever aujourd’hui, n’ayant plus de température.
Hier soir j’ai reçu un téléphone des v.Tinterens qu’ils allaient venir demain,
mais peut être que je vais renvoyer leur visite, car je n’ai encore rien
préparé. Samedi je vais faire une bowle, un petit hors d’oeuvre et j’ai
commandé du cake, vu que je n’ai pas le temps de le faire moi-même. Il se peut
que vous ne receviez pas de lettre la semaine prochaine, car j’aurai Wies
v.Tinterens qui restera ici avec la petite et son mari viendra la chercher
environ une semaine après. Ensuite on attend Elout. Je ne sais pas s’il ira
loger chez les Visser ou chez nous, j’espère bien que ce sera chez nous, malgré
que j’aurai de nouveau à faire, mais je vous dis je me porte si bien, je me
sens si bien que j’abatterais bien des montagnes. J’ai de la peine à rester
tranquile. Hé, il fait bon vivre !
Merci pour
tes chères lettres qui me sont toujours si précieuses. Je vais en recevoir une
aujourd’hui, je pense après le départ de celle-ci. Surtout ne te laisse pas
trop aller à la tentation, stpl. Et toi Papali, ne la tente pas avec un tas de
bonnes choses défendues, mais aide-lui plutôt à se guérir vite, et à se tenir à
son régime vu que c’est si difficile. Tu n’as aucune idée que un extra défendu gâte toute une semaine de régime, c’est à dire annule
le bien de toute une semaine de régime. Soyez donc raisonnables, voyons, et
pensez qu’on se fait du souci, quand vous vous amusez à faire de telles
bêtises.
A tous un
bon baiser de votre Ge….
All the
best to everyone, Est-il possible qu’il y ait déjà 2 ans !!!
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