samedi 14 mai 2016





Keboemen
28 octobre 1935

Extraits

Donc merci bien pour tes chères lettres 108 et 109. Cette dernière je l’ai reçue vendredi passé. Il est déjà 11 heures du soir, mais je veux tout de même y répondre, seulement cela sera court car j’ai sommeil. Le pourquoi de tout cela, tu le liras dans ma lettre famille.
Je suis contente que les photos envoyées vous aient fait un tel plaisir, mais à mon avis tu n’agis pas bien en les envoyant ainsi immédiatement à St. Gall. Pour les photos, passe encore, mais les lettres, cela c’est ennuyeux. Réponds y donc avant de les envoyer puisqu’elle (Tata…) ne se presse pas tant pour te les retourner. Vois-tu je te demande souvent des choses auxquelles je ne reçois jamais de réponse, justement parce que tu n’as pas les lettres sous la main quand tu m’écris. Et puis, qu’est-ce que cela peut les gêner d’avoir mes lettres un à deux jours plus tard.

Quant à mes nerfs, je crois que tu t’en fais pour rien. Ces enveloppes mal déchirées n’indiquent absolument pas d’énervement, mais simplement la flegme d’aller chercher un coupe-papier. J’aimerais bien voir les tiennes de lettres quand tu les ouvres. On n’y fait pas attention, on est impatient de voir le contenu, c’est aussi de la curiosité et on ne fait pas attention comment on les ouvre. Non, là, tu attaches trop d’importance à ce fait, quand tu en déduis que j’ai l’ennui.

Je suis contente pour vous qu’il y ait tant de raisin en Suisse, je l’accorde aux vignerons. Manges-en beaucoup, c’est très très sain. Cela non plus ne m’a pas fait envie. Vois-tu ici on change pour ces choses-là. Je ne puis même plus très bien me rappeler le goût du raisin, c’est à dire il y a un fruit ici qui a pris sa place. Mon goût est maintenant habitué à ce fruit d’ici, je le trouve bon et ainsi le raisin ne me manque pas. C’est ainsi avec presque tout. Lentement le goût, la nature change et s’adapte aux choses d’ici, cela fait partie de l’acclimatation.
Ce pauvre Chaggeli (Charlot), il semble aussi toujours avoir de la guigne. Pourvu qu’il ne lui reste rien de cet accident en vélo. Qu’est-ce qu’ils font toujours ? Est-ce qu’il a du travail, lui, Chaggi ? Je pense souvent à lui et me demande si je fais bien de lui écrire ou s’il faut garder le silence. Qu’en penses-tu ?

Diable c’est le temps qui me manque. Figure-toi que tout ce mois-ci  j’ai été occupée à écrire des lettres. J’en ai encore au moins une quarantaine à expédier. Cela prend du temps et je n’arrive jamais à coudre comme je le voudrais. Je t’avertis que je ne suis pas arrivée à écrire à Hanny pour ce courrier-ci, mais est-ce vraiment nécessaire de lui écrire par avion !!!?

Les Stern auraient pu te donner autre chose que cette boîte à poudre. Ils ont passé tant d’après midi avec toi, qu’ils pouvaient pourtant bien remarquer que tu ne te poudrais pas, alors on donne autre chose. Garde-la encore un moment, peut être que tu pourras en faire un cadeau utile si tu n’as justement rien d’autre à donner. Peut être à Tata pour son Noël, ainsi tu n’auras pas besoin d’acheter autre chose. Moi je la veux bien, une fois que tu ne sauras vraiment pas quoi en faire, mais comme je te dis, emploie-la de manière avantageuse pour toi.

Je vais te quitter, je n’ai presque plus de temps pour ma lettre famille. Elle sera pleine de fautes sûrement.

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