Keboemen
28 octobre 1935
Extraits
Donc merci
bien pour tes chères lettres 108 et 109.
Cette dernière je l’ai reçue vendredi passé. Il est déjà 11 heures du soir,
mais je veux tout de même y répondre, seulement cela sera court car j’ai
sommeil. Le pourquoi de tout cela, tu le liras dans ma lettre famille.
Je suis
contente que les photos envoyées vous aient fait un tel plaisir, mais à mon
avis tu n’agis pas bien en les envoyant ainsi immédiatement à St. Gall. Pour les photos, passe
encore, mais les lettres, cela c’est ennuyeux. Réponds y donc avant de les
envoyer puisqu’elle (Tata…) ne se
presse pas tant pour te les retourner. Vois-tu je te demande souvent des choses
auxquelles je ne reçois jamais de réponse, justement parce que tu n’as pas les
lettres sous la main quand tu m’écris. Et puis, qu’est-ce que cela peut les
gêner d’avoir mes lettres un à deux jours plus tard.
Quant à
mes nerfs, je crois que tu t’en fais pour rien. Ces enveloppes mal déchirées
n’indiquent absolument pas d’énervement, mais simplement la flegme d’aller
chercher un coupe-papier. J’aimerais bien voir les tiennes de lettres quand tu
les ouvres. On n’y fait pas attention, on est impatient de voir le contenu,
c’est aussi de la curiosité et on ne fait pas attention comment on les ouvre.
Non, là, tu attaches trop d’importance à ce fait, quand tu en déduis que j’ai
l’ennui.
Je suis
contente pour vous qu’il y ait tant de raisin en Suisse, je l’accorde aux
vignerons. Manges-en beaucoup, c’est très très sain. Cela non plus ne m’a pas
fait envie. Vois-tu ici on change pour ces choses-là. Je ne puis même plus très
bien me rappeler le goût du raisin, c’est à dire il y a un fruit ici qui a pris
sa place. Mon goût est maintenant habitué à ce fruit d’ici, je le trouve bon et
ainsi le raisin ne me manque pas. C’est ainsi avec presque tout. Lentement le
goût, la nature change et s’adapte aux choses d’ici, cela fait partie de
l’acclimatation.
Ce pauvre
Chaggeli (Charlot), il semble aussi
toujours avoir de la guigne. Pourvu qu’il ne lui reste rien de cet accident en vélo. Qu’est-ce qu’ils font
toujours ? Est-ce qu’il a du travail, lui, Chaggi ? Je pense souvent
à lui et me demande si je fais bien de lui écrire ou s’il faut garder le
silence. Qu’en penses-tu ?
Diable
c’est le temps qui me manque. Figure-toi que tout ce mois-ci j’ai été occupée à écrire des lettres.
J’en ai encore au moins une quarantaine à expédier. Cela prend du temps et je
n’arrive jamais à coudre comme je le voudrais. Je t’avertis que je ne suis pas
arrivée à écrire à Hanny pour ce courrier-ci, mais est-ce vraiment nécessaire
de lui écrire par avion !!!?
Les Stern
auraient pu te donner autre chose que cette boîte à poudre. Ils ont passé tant
d’après midi avec toi, qu’ils pouvaient pourtant bien remarquer que tu ne te
poudrais pas, alors on donne autre chose. Garde-la encore un moment, peut être
que tu pourras en faire un cadeau utile si tu n’as justement rien d’autre à
donner. Peut être à Tata pour son Noël, ainsi tu n’auras pas besoin d’acheter
autre chose. Moi je la veux bien, une fois que tu ne sauras vraiment pas quoi
en faire, mais comme je te dis, emploie-la de manière avantageuse pour toi.
Je vais te
quitter, je n’ai presque plus de temps pour ma lettre famille. Elle sera pleine
de fautes sûrement.
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