jeudi 19 mai 2016




Keboemen

25 novembre 1935

Original avec écriture javanaise comme exemple, mais impossible à reproduire ici
Ceci en post scriptum et suite à la lettre du 16.11.1935



Vite quelques mots seulement, cette semaine. Comme vous le devinerez, j’ai déjà écrit une longue lettre à mamali, parce qu’elle a dû aller à l’hôpital de l’Île (hôpital universitaire de Berne) et a été si courageuse.
Cette semaine, Buby est tout à fait en l’air. Jeudi et vendredi il a été en tournée avec Visser. Ils ont logé à Kopeng, et joué au tennis, au billard etc. Buby, qui autrement est très bon joueur de billard, a perdu 7 parties avec Visser, ce qui a mis ce dernier en joie, et nous sommes sûrs que Buby pourra bientôt l’accompagner en tournée de nouveau. Il n’y a rien qui fasse si plaisir à Visser que de gagner. C’en est un qui ne sait pas perdre. Pendant son absence j’ai été loger chez tante Engel avec mes 4 chiens. Vous auriez dû voir cela. Elle est venue me chercher jeudi matin, nous sommes paries dans la Puce, mais cette charrette, je ne pouvais pas la mettre en marche. D’abord mon djongos et le kebon ont poussé, ensuite 6-7 coolies de la fabrique, ensuite le chauffeur des Röhwer est venu aider, et à lui cela a réussi (naturellement !) il me l’amène, j’entre … pouff ! la voilà qui crève de nouveau. Il a refallu commencer le manège, à la fin nous nous sommes embarquées, tante E. à côté de moi avec les deux petits chiens sur les genoux, et Bruintje entre les jambes, derrière dans le dicky le djongos avec Tipsie et ma valise. C’était pire qu’un déménagement dans cette petite puce, mais nous sommes bien arrivées à Premboen, où j’ai passé deux beaux jours, entourée d’affection et d’amitié vraie. Vendredi soir Buby est venu me chercher et après quelques parties de mah-jong nous nous sommes embarqués à nouveau pour Keboemen.
A Kopeng, dans le froid, car c’est aussi haut que Sarangan, Buby a perdu sa chevalière et ne s’en est aperçu que deux jours plus tard, ici. Nous avons immédiatement fait chercher dans les égouts et finalement téléphoné à Kopeng, où, chance, ils avaient trouvé la bague. De sorte que nous sommes bien contents de nouveau.
Aujourd’hui il a été avec Visser à Tjilatjap. Il est question d’assembler les deux fabriques sous une même administration, et ils ont été faire des calculations à ce propos. Il est déjà 7 heures et ces deux ne sont pas encore rentrés. Je pense qu’ils jouent au billard de nouveau. J’aurais bien voulu y aller aussi mais comme Visser ne l’a pas offert, nous n’avons pas voulu demander.
Oh, je peux rire en ce moment. J’ai mis cet après midi pour la première fois ma robe faite avec le patron du Jardin des modes. Il y a un moment je suis sortie chercher Tipsie qui s’était sauvée et cela ma amenée jusque devant la maison des Visser. En rentrant je suis encore restée au jardin, alors j’ai vu la Röhwertje qui venait soit disant couper des fleurs dans le coin du jardin le plus rapproché de la place où je me trouvais. Un peu après c’est la Visser qui sort de sa maison comme un ver après la pluie. Ne voulant pas leur donner l’occasion de répondre à mon salut avec hauteur, je me suis encore un peu amusée avec mes chiens (pour leur donner l’occasion de bien admirer ma robe de loin) puis je suis rentrée sans faire semblant de les avoir vues. Maintenant elles se promènent les deux dans le petit parc et tournent autour de ma maison mais inutilement, elles ne m’auront pas. Cette fois c’est la Nägeli qui règle la circulation ! Entre parenthèse, ma robe est très bien et je suis enchantée de ces patrons Je peux les employer en taille 44 sans  faire aucune altération, je n’ai presque pas besoin d’essayer, tout joue à merveille et je fais une robe en deux jours une robe simple alors. J’ai un plaisir fou de pouvoir travailler ainsi maintenant. Cela me fiche bien un peu malheur pour ma coupe sur le mannequin que je ne développe pas ainsi, mais tant pis, il me faut des robes avant tout, je pourrai toujours le recommencer plus tard une fois, quand je pourrai me payer un bon buste, ce sera pour mon plaisir alors, plus que pour l’utilité.
Mes chers, vous aurez au moins soin de mamali, et ferez votre possible pour qu’elle ait bon temps un peu, n’est-ce pas ? Chuggou (Louis) merci déjà pour ta lettre à laquelle je répondrai prochainement. Charlot, est-ce que tu as cette place maintenant, ou non ?
Tata, je ne me rappelle plus si je t’ai déjà remerciée pour le merveilleux envoi de journaux, avec les Candides etc. Merci de tout cœur, je n’ai pas encore fini de les lire, surtout les Candides. Et votre anniversaire de guerre maritale, a-t-il bien passé ?

Mes chers, je dois déjà vous quitter.

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