29 janvier 1934
Keboemen
(à son papa)
Voilà
c’est une fois pour toi, pour toi tout seul, que j’écris, puisque la bourgeoise
Rosalinde-Insulinde te fait du câble à St Gall, mais peut être que tu lui en
fais encore plus à Bienne, dans ce cas…. Gare !
Tes
« grains de sel » me font toujours plaisir, vieux Macaroni, va. Oui
tes timbres, je vais maintenant t’en mettre sur les enveloppes, avant cela
n’allait pas, voilà pourquoi.
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bureau principal |
Toutes nos lettres pour le courrier par avion
aussi bien que pour celui par bateau doivent partir le mardi matin au train de
9 heures pour Batavia. Alors à 8 ½ heures j’envoyais le djongos au bureau de la
fabrique où M. Nieburg les faisait peser et affranchir, et mettre au train avec
celles de la fabrique. A chaque fin de mois, les ports étaient déduits du
salaire. C’était ainsi très simple et très pratique pour nous qui n’avons pas
de balance… Mais il faut te raconter maintenant que Nieburg vit avec Blokhuis,
le chimiste et employé pour le savon, dans la même maison, donc ils sont bons
copains. Quand Oscar est arrivé, il était tout prêt à être gentil, bon
camarade, enfin comme on doit l’être, n’est-ce pas ? L’accueil ici à la
fabrique n‘a pas été bienveillant. Nous nous en sommes vite aperçus mais
n’avons pas fait les semblants et nous sommes dit qu’en étant gentil et correct
avec tout le monde, que leurs manières changeraient aussi. Les premiers temps
cela allait donc passablement, Oscar qui devait s’occuper un peu partout, a
beaucoup travaillé aux savons avec ce B. qui était en train de faire une
bêtise. Oscar a remis les choses en ordre, il en sait plus sur le savon que B.
B. n’a
rien dit, le laissait bien faire car il était trop content d’être tiré de la
mélasse et Oscar entrevoyait déjà de bien pouvoir travailler avec lui. En
faisant un tour d’inspection il a vu que les ouvriers posaient un tank
faussement. Il demande à B. s’il ne voyait pas que les ouvriers faisaient mal
leur travail, B. répond que oui mais que ce n’était pas son affaire et que l’on
aurait qu’à s’arranger avec les coolies.
Cela a naturellement fâché Oscar qui lui répond qu’il faudrait tout de même avoir assez de bon sens pour dire aux ouvriers d’arrêter de faire cette faute. – Oh ils n’auront qu’à l’enlever et le reposer à nouveau cela ne me regarde pas, et vous Woldringh, il ne faut pas penser que vous êtes le patron ici, vous en êtes encore bien loin, et il ne faut pas croire que parce que vous vous appelez Woldringh (papa W étant grand directeur à Amsterdam), je vous considère plus qu’un autre, au contraire, vous n’êtes pas plus que n’importe qui etc etc. Oscar a piqué intérieurement une rage fantastique, mais il n’a fait que répondre : Blokhuis, vous raisonnez comme un gamin en ce qui me concerne, et quant à ce tank, si vous trouvez que je suis dans mon tort de vous avoir fait cette remarque, venez avec moi chez M. Visser nous nous expliquerons. B. naturellement n’a pas voulu cette dernière proposition et s’est radouci, et a commencé à exclure Oscar de toutes ses manipulations. Oscar le laisse faire et reste correct. Avec cela il a le toupet d’envoyer son djongos emprunter des livres sur le savon à Oscar. Buby les lui donne, voulant rester sans aucun reproche vis à vis de B.
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intérieur fabrique |
Cela a naturellement fâché Oscar qui lui répond qu’il faudrait tout de même avoir assez de bon sens pour dire aux ouvriers d’arrêter de faire cette faute. – Oh ils n’auront qu’à l’enlever et le reposer à nouveau cela ne me regarde pas, et vous Woldringh, il ne faut pas penser que vous êtes le patron ici, vous en êtes encore bien loin, et il ne faut pas croire que parce que vous vous appelez Woldringh (papa W étant grand directeur à Amsterdam), je vous considère plus qu’un autre, au contraire, vous n’êtes pas plus que n’importe qui etc etc. Oscar a piqué intérieurement une rage fantastique, mais il n’a fait que répondre : Blokhuis, vous raisonnez comme un gamin en ce qui me concerne, et quant à ce tank, si vous trouvez que je suis dans mon tort de vous avoir fait cette remarque, venez avec moi chez M. Visser nous nous expliquerons. B. naturellement n’a pas voulu cette dernière proposition et s’est radouci, et a commencé à exclure Oscar de toutes ses manipulations. Oscar le laisse faire et reste correct. Avec cela il a le toupet d’envoyer son djongos emprunter des livres sur le savon à Oscar. Buby les lui donne, voulant rester sans aucun reproche vis à vis de B.
La
dernière petite crasse, c’est que depuis deux semaines ils m’ont joué des tours
avec mon courrier. J’ai envoyé mon djongos, il y a 15 jours, avec le courrier à
la fabrique et il est revenu en disant qu’il n’y avait personne pour donner des
timbres. Nous avons vite mis ce que nous avions ici, au moins pour ne pas
manquer le train de 9 heures, et en effet le djongos a juste eu le temps de
courir à la gare, qui est ici vis à vis. Lundi passé, ne me méfiant de rien,
j’envoie de nouveau le djongos avec les lettres. Il est revenu comme d’habitude
et moi je me suis mise à mon travail. Voilà que 5 minutes avant 9 heures le
djongos du bureau vient me rapporter mes lettres, disant que M. Nieburg était
allé déjeuner et que personne ne pouvait mettre des timbres sur mes lettres.
J’enfile ma robe et file à la fabrique en passant par le bureau.
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autre partie du bureau |
Là j’ai dû
constater l’absence de toute personne compétente (ce qui ne devrait pas être).
Je raconte à Oscar que notre courrier avait raté le train. Je n’avais pas de
timbres à la maison et le train arrivait avant que j’aie pu m’en procurer. Ce
n’est pas comme à Bienne où on peut se débrouiller, mais va te débrouiller
quand tu ne sais pas la langue pour dire le nécessaire ! Oscar a demandé à
Nieburg pourquoi on ne pouvait plus mettre de timbres sur ses lettres à 8 ½
heures du matin. On lui répond que maintenant le courrier important s’en allait
par Soerabaia…. Et que lui Nieburg n’était plus obligé de rester au bureau
jusqu’à 9 heures du matin, et pouvait aller prendre son petit déjeuner…..
Piètre excuse. J’ai filé à la poste et fait partir les lettres par un autre
chemin.
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