mardi 29 novembre 2016




Tjilatjap

6 juin 1938

Mes bien chers,
Nous sommes à lundi de Pentecôte. Voilà 15 jours que je suis rentrée de Bandoeng et je n’ai pas encore eu le temps de vous écrire quoi que ce soit, car d’abord j’ai eu la visite de Elout encore pendant 8 jours, puis un tas d’autres gens et enfin les van der Lee qui sont arrivés jeudi et restent jusqu’à demain matin. Vous comprenez qu’il y a toujours du va et vient, avec cela j’ai des embêtements de domestiques qui manquent parce qu’il y a trop de visites etc. Enfin, laissons tout cela.
Depuis que je suis à la maison, je me sens assez bien, je continue à prendre les remèdes du docteur de Bandoeng et j’ai bon espoir de faire des progrès et de me porter tout à fait bien dans quelques temps.
Avant de partir de Bandoeng j’ai demandé au docteur de là-bas si je pouvais accompagner mon mari à Soerabaya et il a dit que oui, cela fait que nous partons vendredi soir par le train de nuit pour Soerabaya. Oscar a été avisé qu’il devait prendre part à des exercices de tir à Probolingo, environ à 100 km de Soerabaya. Pendant ce temps j’airai je pense chez tante Engel, ou alors chez la mère des Lovius, nos amis d’ici. C’est une vieille dame bien sympathique qui a une fille infirme de mon âge, et qui habite Malang. Il ne faudra donc pas trop compter sur des lettres pendant les prochains quinze jours, car je voyagerai de ci de là.

Louis tout à droite, Nelly devant lui


Mardi 7 juin. J’aurais voulu faire partir cette lettre hier, mais je n’y suis pas arrivée. Nous avons passé la journée d’hier à l’île Noesa Kambangan (institution pénitentiaire, encore aujourd’hui), chez Lovius, (il travaille à cette prison) avec les van der Lee et une autre famille. Nous avons été au bord de la mer, toute la journée, c’était merveilleux, nous avons baigné, pris des bains de soleil, cherché des huîtres, escaladé des rochers et embêté des crabes. On s’est amusé comme des gosses. 
plage de Noesa Kambangan
à Noesa Kambangan


Le soir en rentrant Lovius et le jeune docteur de l’île, un jeune homme de 28 ans seulement, sont venus chez nous jouer au Monopoly, un jeu dont tout le monde raffole ici. Malheureusement le jeune Cochius qui loge ici depuis samedi, a eu la fièvre, il est resté à la maison ici hier, et le soir en rentrant je lui ai trouvé 39.5 de fièvre. J’ai donc eu beaucoup à faire, à le soigner, à donner à souper à tout ce monde et cette nuit je me suis aussi encore levée pour donner à boire à Cochius etc. Vous penserez peut être que je suis bête de me donner tant de soucis pour des étrangers, mais que voulez-vous.
Lundi 13 juin 1938
Cette lettre est de nouveau restée en plan par je ne sais quoi. Cochius est retombé dans de hautes fièvres, 40.2, malaria terziana, comme moi j’ai eu en son temps. Je l’ai soigné, puis j’ai de nouveau eu des visites, en moyenne 2 hommes par soirée. Depuis que je suis de retour à Tjilatjap, nous n’avons eu qu’une soirée pour nous seuls Oscar et moi, sans cela il y a toujours eu et venu beaucoup de monde. Cela commençait vraiment à m’agacer. Aussi j’ai décidé de ne pas aller à Soerabaya. Nous voulions donc partir vendredi passé Oscar et moi et avoir un beau week-end à Soerabaya avant qu’il entre au service, mais avec Cochius encore malade, je ne pouvais pas bien le laisser ici au soin des domestiques et puis, j’ai eu tant de gstürm (stress) ces derniers 15 jours, que j’ai décidé de prendre de bonnes vacances pendant l’absence de Buby. Je veux une fois me payer du bon temps, ne penser qu’à moi, rien qu’à moi et faire ce que je veux. Buby n’est donc seulement parti hier, dimanche. J’ai été l’accompagner jusqu’à Kroja en auto, là il a pris le grand express pour Soerabaya. Nous avons immédiatement rencontré deux officiers de sa troupe. Il paraît qu’ils sont presque le même groupe que l’année passée et ils vont rester au camp pendant tous les 15 jours. Cela fait que je n‘aurais pas eu beaucoup de sa compagnie, ni de Soerabaya, sauf ce premier week-end, ainsi je suis contente de ne pas l’avoir accompagné. D’aller en visite, même chez tante Engel, ne me dit rien pour le moment. Cette nuit j’ai dormi chez Oliemans, parce que Cochius reste encore ici pendant 2 jours au moins. Ce soir, s’il n’a plus de fièvre, c’est lui qui ira dormir chez Kleber, ainsi tout est pour le mieux à cause des mauvaises langues.
Et maintenant je suis au bout de la page, heureusement, car elle ne vaut pas grand chose, cette lettre, et je vais en commencer une autre.



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