Tjilatjap
6 juin 1938
Mes bien
chers,
Nous
sommes à lundi de Pentecôte. Voilà 15 jours que je suis rentrée de Bandoeng et
je n’ai pas encore eu le temps de vous écrire quoi que ce soit, car d’abord
j’ai eu la visite de Elout encore
pendant 8 jours, puis un tas d’autres gens et enfin les van der Lee qui sont
arrivés jeudi et restent jusqu’à demain matin. Vous comprenez qu’il y a
toujours du va et vient, avec cela j’ai des embêtements de domestiques qui
manquent parce qu’il y a trop de visites etc. Enfin, laissons tout cela.
Depuis que
je suis à la maison, je me sens assez bien, je continue à prendre les remèdes
du docteur de Bandoeng et j’ai bon espoir de faire des progrès et de me porter
tout à fait bien dans quelques temps.
Avant de
partir de Bandoeng j’ai demandé au docteur de là-bas si je pouvais accompagner
mon mari à Soerabaya et il a dit que
oui, cela fait que nous partons vendredi
soir par le train de nuit pour Soerabaya. Oscar a été avisé qu’il devait
prendre part à des exercices de tir à Probolingo,
environ à 100 km de Soerabaya. Pendant ce temps j’airai je pense chez tante
Engel, ou alors chez la mère des Lovius,
nos amis d’ici. C’est une vieille dame bien sympathique qui a une fille infirme
de mon âge, et qui habite Malang. Il
ne faudra donc pas trop compter sur des lettres pendant les prochains quinze
jours, car je voyagerai de ci de là.
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Louis tout à droite, Nelly devant lui |
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Mardi 7
juin. J’aurais voulu faire partir cette lettre hier, mais je n’y suis pas
arrivée. Nous avons passé la journée d’hier à l’île Noesa Kambangan (institution
pénitentiaire, encore aujourd’hui), chez
Lovius, (il travaille à cette prison)
avec les van der Lee et une autre famille. Nous avons été au bord de la mer,
toute la journée, c’était merveilleux, nous avons baigné, pris des bains de
soleil, cherché des huîtres, escaladé des rochers et embêté des crabes. On
s’est amusé comme des gosses.
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plage de Noesa Kambangan |
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à Noesa Kambangan |
Le soir en rentrant Lovius et le jeune docteur de
l’île, un jeune homme de 28 ans seulement, sont venus chez nous jouer au
Monopoly, un jeu dont tout le monde raffole ici. Malheureusement le jeune
Cochius qui loge ici depuis samedi, a eu la fièvre, il est resté à la maison
ici hier, et le soir en rentrant je lui ai trouvé 39.5 de fièvre. J’ai donc eu
beaucoup à faire, à le soigner, à donner à souper à tout ce monde et cette nuit
je me suis aussi encore levée pour donner à boire à Cochius etc. Vous penserez
peut être que je suis bête de me donner tant de soucis pour des étrangers, mais
que voulez-vous.
Lundi 13
juin 1938
Cette
lettre est de nouveau restée en plan par je ne sais quoi. Cochius est retombé
dans de hautes fièvres, 40.2, malaria
terziana, comme moi j’ai eu en son temps. Je l’ai soigné, puis j’ai de
nouveau eu des visites, en moyenne 2 hommes par soirée. Depuis que je suis de
retour à Tjilatjap, nous n’avons eu qu’une soirée pour nous seuls Oscar et moi,
sans cela il y a toujours eu et venu beaucoup de monde. Cela commençait vraiment
à m’agacer. Aussi j’ai décidé de ne pas
aller à Soerabaya. Nous voulions donc partir vendredi passé Oscar et moi et
avoir un beau week-end à Soerabaya avant qu’il entre au service, mais avec
Cochius encore malade, je ne pouvais pas bien le laisser ici au soin des
domestiques et puis, j’ai eu tant de gstürm (stress)
ces derniers 15 jours, que j’ai décidé
de prendre de bonnes vacances pendant l’absence de Buby. Je veux une fois
me payer du bon temps, ne penser qu’à moi, rien qu’à moi et faire ce que je
veux. Buby n’est donc seulement parti hier, dimanche. J’ai été l’accompagner
jusqu’à Kroja en auto, là il a pris le grand express pour Soerabaya. Nous avons
immédiatement rencontré deux officiers de sa troupe. Il paraît qu’ils sont
presque le même groupe que l’année passée et ils vont rester au camp pendant
tous les 15 jours. Cela fait que je n‘aurais pas eu beaucoup de sa compagnie,
ni de Soerabaya, sauf ce premier week-end, ainsi je suis contente de ne pas
l’avoir accompagné. D’aller en visite, même chez tante Engel, ne me dit rien
pour le moment. Cette nuit j’ai dormi chez Oliemans, parce que Cochius reste
encore ici pendant 2 jours au moins. Ce soir, s’il n’a plus de fièvre, c’est
lui qui ira dormir chez Kleber, ainsi tout est pour le mieux à cause des mauvaises langues.
Et
maintenant je suis au bout de la page, heureusement, car elle ne vaut pas grand chose, cette lettre, et je vais en
commencer une autre.
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