Tjilatjap
10 avril 1938
envoyée à Bad Nauheim, spa en Allemagne où Rose et sa
sœur font une cure
Zut, j’ai
pris la machine parce que j’ai encore tant à schnädere (papoter) qu’il me
faudrait trop de feuilles si je continuais à la main. Je n’aime pas écrire à la
machine au jardin, parce qu’il y a toujours une petite brise de la mer qui me
soulève le papier et ensuite il se déchire. Reprenons ma lettre….
Buby ne
sait vraiment pas ce que c’est qu’une vraie vie de famille avec une mamms au
centre qui montre toujours le bon exemple et qui par son influence forme nos
cœurs et nos caractères. Pourtant il a déjà bien changé, il s’y fait, je le
remarque à bien des petites choses.
J’ai aussi
reçu une lettre de Auntie (2ème
épouse de papa W.) où elle m’écrit la même
chose de Loulou. Il m’a enfin écrit depuis Kühtai, pas une longue lettre
mais c’est toujours mieux que rien. Tu sais j’ai eu tant de plaisir à la lettre
de Charlot qui contenait quelques mots des trois hommes, c’était si joli de voir
comme ils tiennent à leur Ge… et Schwoscht.
Merci
mille fois pour le chapeau. Je ne
l’ai pas encore. Buby a fait les hauts cris quand il a vu l’image et il
soutient que c’est un poisson d’avril ! Il a dit qu’il verrait encore s’il
me le laisserait porter !!! Je ne pourrai pas le mettre ici à Tjilatjap,
mais à Soerabaya, quand il en verra
d’autres, il s’y habituera. Nous allons tâcher de partir quinze jours avant le service (militaire) pour encore aller nous reposer dans la montagne avant. Il faut absolument que je passe
quelques temps à la hauteur, et si Buby doit de nouveau aller camper à Madoera (île devant Soerabaya) comme l’année passée, alors je resterai à la
montagne. Seulement si Buby fait son service à Soerabaya même, alors je veux être avec lui aussi pour
profiter de la grande ville un peu. J’ai déjà essayé une coiffure pour porter
avec le nouveau chapeau. C’est qu’avec ces « galurins »
il faut aussi suivre la mode avec les cheveux, sans cela ils ne vous vont pas.
Je me réjouis de revoir un bon coiffeur à Soerabaya.
Je crois
que je ne t’ai pas encore raconté que quand j’étais malade, une fois que les fièvres
m’ont quittée je me suis sentie très faible un soir, parce que j’e n’avais pas
mangé depuis plusieurs jours alors Buby a téléphoné au docteur pour demander si
j’osais avoir un œuf dans du cognac, mais le docteur trouvait du cognac trop,
il a conseillé du champagne. Alors
Buby a vite téléphoné pour commander une bouteille et nous l’avons bue entre
les deux, en deux fois. C’était exquis. J’ai décidé que quand ma note chez
l’épicier ne serait pas trop haute à la fin du mois, je paierais une bouteille
de champagne chaque fois, et que nous la boirons entre les deux, car
naturellement personne n’ose rien en savoir. Mais zut, c’est un plaisir que je
veux bien me payer, entre Buby et moi. Est-ce que tu n’as pas l’impression que
tout se répète dans la vie, Mamms ? Je commence à te ressembler dans bien
des choses. Comme ce soir par exemple, j’ai laissé Buby aller au cinéma avec
ces hommes et je suis bien contente ici à la maison, tranquille et je peux me
laisser aller. Je me repose bien en faisant ce que je veux. Vers les 10 heures
ces hommes rentreront et j’irai leur réchauffer du risotto qu’ils mangeront
avec un reste de salade que je leur ai laissé. Moi j’ai décidé de ne plus
sortir ici à Tjilatjap avant notre départ
pour Soerabaya. Bah, toutes ces femmes ne me disent rien du tout, cela me
fatigue seulement et maintenant j’ai décidé que je voulais me soigner :
Näggeli avant tout, voilà mon motto.
Peut être
que nous irons passer Pâques à Bandoeng,
ce n’est pas encore sûr. Si tu ne reçois pas de lettre de moi la semaine
prochaine, tu sauras pourquoi. Mynes Rötteli, je vais te quitter pour ce soir.
Dans un instant les hommes vont arriver. J’espère que cette lettre te trouvera
ainsi que Banely, en très bonne santé and in the best of spirits. Je vous
embrasse toutes les deux de tout mon cœur…..
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