23 décembre 1934,
Keboemen
Mes bien
chers
Je vous écris à la main cette fois-ci parce que
ma machine est à Semarang. Cette
semaine a vite passé. La petite Hanny était encore malade, toujours de la
fièvre. M. V. a dit à Buby d’aller en tournée à sa place. Je l’ai accompagné le
mercredi à Semarang et le vendredi à Djocja, Solo. A Semarang j’ai téléphoné à Margot qui nous a dit de luncher chez
elle quoiqu’elle soit au lit avec une angine. Nous avons passé 2 heures chez
eux et vu l’oncle Charlie qui est très malade, trop haute pression du sang.
J’ai cru lui donner la recette d’ail, mais en vrai anglais il a fait la grimace
et Oscar m’a déconseillé d’insister. Il a terriblement changé, et j’ai vu à un
de ses regards qu’il ne se remettrait plus, il avait cette peur dedans comme
j’ai souvent observé chez les mourants. Quoique il ne m’ait pas été
excessivement sympathique, j’ai quand même eu mal au cœur à voir comme les Warrens le considéraient en nuisance. Margot, en petite poupée du monde, ne
lui donne pas beaucoup d’amitié ni d’affection, l’oncle Maurice non plus vu que l’oncle Charlie n’a pour ainsi dire
plus d’argent, ce qu’on appelle plus rien serait encore beaucoup pour nous.
Malgré cette 2. visite nous ne pouvons pas encore nous sentir au chaud là.
Et
maintenant mes chers il me reste à vous écrire à vous entretenir de quelque
chose de beau, de ravissant, d’exquis, de merveilleux de magnifique, de cher,
quelque chose pour laquelle je ne dispose pas d’assez de mots pour exprimer
surtout à ma chère, mon unique ... C’est le petit cape, qui est arrivé !
Je n’ai
pas pu faire autrement, j’ai transpiré aux yeux quand je l’ai déballé. Oh,
c’est fantastique ce qu’il est beau et il me va…. !!! c’est un rêve. Tu en auras des photos.
![]() |
improvisation |
Nous allons en faire avec notre arbre parce qu’il faut aussi que vous le
voyiez. Mes chers, nous venons de souper, il est bientôt 9 heures c’est fou, on
a encore tant à écrire.
Mes bien
chers, j’ai eu tant de plaisir à vos lettres et à tous vos bons vœux que nous
réciproquons tous deux de tout cœur. Nos pensées seront intensément parmi vous
tous pendant les jours qui vont
suivre et le soir de Noël, surtout quand nous serons les deux à admirer
l’arbre, à chanter Voici Noël et à écouter la radio, la messe de minuit et
beaucoup de belle musique. Ce que c’est chic maintenant d’avoir cette radio,
vraiment je ne sais pas comment nous avons pu tenir si longtemps sans musique
et pourtant nous étions tout à fait heureux quand même.
Faaatherli,
Charlot, merci aussi pour vos vœux. Vous m’avez tous gâtée cette année, soit en
m’écrivant soit en m’envoyant une multitude de jolies choses utiles ou
pratiques. Je me réjouis quand je pourrai en faire autant. Est-ce que Loulou
passera les fêtes avec vous ? Personne ne m’en dit rien, lui non plus.
S’il reste à Londres, je ne lui ai pas écrit, c’est cela qui m’embête, et
maintenant je n’ai presque plus le temps.
Celle-ci
est ma dernière lettre envoyée en 1934, et il me semble que nous ne venons que
d’arriver. J’aimerais la terminer en vous remerciant encore une fois du fond du
cœur de votre immense affection, profonde et dévouée qui m‘a rendue et me rend
si heureuse depuis… que je suis au monde. Que 1935 soit pour chacun de vous une année heureuse sur toute la
ligne, qu’elle vous conserve en bonne santé, qu’elle vous soit prospère et vous
apporte les succès auxquels vous travaillez,
votre
Ge….soeur et copine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire