mardi 4 octobre 2016





Batavia

 6 juillet 1937 (date approximative)

A sa maman

Lettre incomplète et sans début ni fin

Je ne pourrai pas écrire aussi longuement que je le désire. Ce soir Buby a voulu aller au cinéma et maintenant il est déjà tard et j’ai sommeil. De même je n’arrive pas à écrire à papa Woldringh, et pourtant il y a plus d’un mois qu’il n’a pas eu de nos nouvelles.
Ta lettre 165.
Oui tu as bien raison de répondre au Padre. S’il a la paix c’est bien à toi qu’il la doit !!!
Je comprends très bien que tu ne veuilles pas garder cette Mies Engelhart pour cet hiver. Naturellement fais comme cela t’arrange le mieux, je t’ai déjà écrit que tu n‘avais aucunement besoin de regarder sur moi, et quant à faire du plaisir à tante Engel, eh bien il me semble que tu lui en fais déjà assez. Je ne connais pas cette Mies, je ne sais pas comment sera son caractère, mais il me semble qu’elle souffre un peu du même mal que moi dans le temps. Elle n’est pas jolie et ne dois pas avoir du succès nulle part, cela doit lui faire mal au cœur et la rendre encore plus laide. Je crois qu’elle souffre beaucoup de cela. En tout cas si cela t’es possible, tu lui apprendras à s’habiller avec un peu plus de chic. Elle n’a aucun goût personnel, comme sa maman. Il me semble que tu lui rendrais un réel service en lui montrant un peu comment elle doit s’arranger. Mais naturellement il ne faut pas le lui faire remarquer. Est-ce qu’ils payeront quelque chose pour leur pension ? J’espère que tu auras fait un bon prix.
Oui je vois que tu as toujours des visites, si seulement tu ne t’en fais pas trop. Cela me tourmente quelque fois. Oui, Rötteli, toi tu es trop modeste. Tu t’en laisses imposer.
Tu m’écris qu’avec Flock vous vous êtes reposées sous le cerisier. Où se trouve-t-il ? Derrière le poirier ? Ou bien  est-ce que tu entends celui qui se trouve à côté du poirier, en dessous du chemin du milieu, celui que Ferdy avait dédoublé à côté des reines-claudes ?
Vendredi je vais donc chercher ce jeune frère à Ans, la fiancée d’Eddy et ensuite il faudra préparer pour partir à Soerabaya. Si mes lettres seront irrégulières ces prochains temps, il ne faudra pas t’en faire. Tu comprends il y a aussi toujours un va et vient ici. Et j’ai encore beaucoup à coudre.
Je veux me faire une jupe noire en soie, que je porterai avec cette petite jaquette de dentelles, tu sais celle que j’avais fait faire pour la noce à la Margritli Kreis. Cette jaquette je l’ai cousue devant pour la fermer en blouse, je la porterai donc sur une jupe noire avec le beau ruban vert et orange que tu m’avais envoyé avec la robe gris-beige de Hedy, comme ceinture et mes deux broches en jade pour fermer la blouse près du cou. Tu sais cette petite broche verte que tu aimais tant. J’en ai encore une mais ronde. Elles se font très bien. Oh, j’ai tellement d’idées dans ma tête, seulement il me manque le temps pour les exécuter.
Maintenant je te quitte



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