Keboemen
3 mars 1936
Ma bien
chère
Ce ne sera
qu’une courte lettre cette fois-ci, car c’est déjà mardi matin et dans deux
heures cette lettre doit partir.
J’ai été
empêchée de vous écrire cette semaine, pourquoi je ne sais pas au juste. Je me
suis fait une robe et j’ai tenu à la finir complètement sans quoi elle restait
de nouveau trainer des semaines et des semaines avant que j’aie envie de m’y
remettre. Puis tante Engel est venue souvent cette semaine pour essayer toutes
les robes qu’elle se faire faire ici par une petite couturière chinoise. Ils
partent le 20 courant. Maintenant que je suis sur le point de partir aussi, je
peux bien m’exercer à tous ces préparatifs, tels que l’emballage, la
conservation du linge, des livres et de bien d’autres choses.
Et voici
la grande nouvelle !!! Il y a quelques jours Buby reçoit un téléphone d’Elout, l’informant que nous étions
attendus à Batavia pour le commencement
de mai. Il nous faut donc compter devoir partir d’ici vers la fin avril.
Moi aussi bien que Buby jubilons, car il n’y a plus rien qui nous retienne ici,
maintenant que les E. sont loin. Nous l’avons encore pensé hier soir, car nous
avons été au Stamboul de Miss Riboet qui donnait quelques représentations ici à
Keboemen. Nous étions aussi avec les Röhwer, les Koesnoen et encore d’autres
gens. Une fois de plus j’ai senti l’impossibilité d’avoir du contact avec ces
gens, même avec Koesnoen cela ne « clique » pas en dehors des leçons.
East is East and West is West. Nous
l’avons tellement ressenti hier soir.
Les Visser
sont partis samedi passé pour Kopeng où ils resteront un mois. Ils sont partis
sans adieu, excepté Visser qui a dit au revoir d’une façon aussi brève que
possible à Buby au bureau, après quoi nous ne nous sommes pas dérangés pour
aller leur souhaiter bon voyage.
Les Visser ont bien été dire au revoir aux Röhwer de sorte qu’ils
auraient aussi pu venir chez nous s’ils voulaient être corrects. Nous avons le
téléphone ici dans la maison pour ce mois. C’est dommage que je ne puisse pas
vite demander le 4629 ou le 4601 !!! notre no. ici est le 17.
Maintenant
ta lettre 127. Merci beaucoup. Je
suis contente de savoir que tout va passablement bien à la maison. Ce qui m’a
touché, c’est ce que tu écris de Tata. Je comprends que tu ais la frousse, et
selon moi c’est assez sérieux. Je ne puis m’empêcher de penser à Tata qui a
tant pleuré à ma noce et à mon départ. J’en avais été assez surprise et je m’en
étais demandé la cause. Au fond je la plains, car elle doit se sentir plus
malheureuse que nous le pensons, dans sa solitude. Enfin tu me donneras
toujours de ses nouvelles, hein ? Une de mes prochaines lettres sera pour
elle, puisque c’est bientôt sa
fête. Je vais lui écrire un peu plus souvent, elle me fait pitié. Et cela tu le
comprends bien, mynes Mamms ?
Je me
réjouis de recevoir les deux robes de l’étoffe de Tata, est-ce que le blanc ne
vous plaît pas ? Vous n’en parlez pas.
Carnaval
a-t-il bien passé ?
Tu me
demandes pourquoi nous laissons nos meubles ici quand probablement nous ne retournerons
plus à Keboemen. C’est parce qu’ici je ne paye rien pour les laisser dans la
maison. Si je les remisais à quelque part à Batavia, il faudrait payer beaucoup
de location, et pourquoi les transporter à Batavia si peut être nous allons à
Kediri qui est du côté de Soerabaya ? C’est comme si toi, pour aller à
Sutz, tu déménageais les choses via Paris.
A la fin
de la semaine j’attends John et Jans, et peut être que j’irai aussi vite avec
eux à Batavia. Enfin, je t’ai déjà dit tu peux penser à moi d’une façon
agréable, car je n’aurai pas de quoi m’ennuyer ces prochaines semaines.
Buby vient
d’aller au bureau pour un téléphone de Batavia. Je me demande ce qu’on va lui
dire de nouveau. En tout cas je dois vite finir la lettre à son père, …..
A chacun
de vous, toujours votre Ge….
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