dimanche 19 juin 2016




Keboemen

3 mars 1936

Ma bien chère
Ce ne sera qu’une courte lettre cette fois-ci, car c’est déjà mardi matin et dans deux heures cette lettre doit partir.
J’ai été empêchée de vous écrire cette semaine, pourquoi je ne sais pas au juste. Je me suis fait une robe et j’ai tenu à la finir complètement sans quoi elle restait de nouveau trainer des semaines et des semaines avant que j’aie envie de m’y remettre. Puis tante Engel est venue souvent cette semaine pour essayer toutes les robes qu’elle se faire faire ici par une petite couturière chinoise. Ils partent le 20 courant. Maintenant que je suis sur le point de partir aussi, je peux bien m’exercer à tous ces préparatifs, tels que l’emballage, la conservation du linge, des livres et de bien d’autres choses.
Et voici la grande nouvelle !!! Il y a quelques jours Buby reçoit un téléphone d’Elout, l’informant que nous étions attendus à Batavia pour le commencement de mai. Il nous faut donc compter devoir partir d’ici vers la fin avril. Moi aussi bien que Buby jubilons, car il n’y a plus rien qui nous retienne ici, maintenant que les E. sont loin. Nous l’avons encore pensé hier soir, car nous avons été au Stamboul de Miss Riboet qui donnait quelques représentations ici à Keboemen. Nous étions aussi avec les Röhwer, les Koesnoen et encore d’autres gens. Une fois de plus j’ai senti l’impossibilité d’avoir du contact avec ces gens, même avec Koesnoen cela ne « clique » pas en dehors des leçons. East is East and West is West. Nous l’avons tellement ressenti hier soir.
Les Visser sont partis samedi passé pour Kopeng où ils resteront un mois. Ils sont partis sans adieu, excepté Visser qui a dit au revoir d’une façon aussi brève que possible à Buby au bureau, après quoi nous ne nous sommes pas dérangés pour aller leur souhaiter bon voyage.  Les Visser ont bien été dire au revoir aux Röhwer de sorte qu’ils auraient aussi pu venir chez nous s’ils voulaient être corrects. Nous avons le téléphone ici dans la maison pour ce mois. C’est dommage que je ne puisse pas vite demander le 4629 ou le 4601 !!! notre no. ici est le 17.
Maintenant ta lettre 127. Merci beaucoup. Je suis contente de savoir que tout va passablement bien à la maison. Ce qui m’a touché, c’est ce que tu écris de Tata. Je comprends que tu ais la frousse, et selon moi c’est assez sérieux. Je ne puis m’empêcher de penser à Tata qui a tant pleuré à ma noce et à mon départ. J’en avais été assez surprise et je m’en étais demandé la cause. Au fond je la plains, car elle doit se sentir plus malheureuse que nous le pensons, dans sa solitude. Enfin tu me donneras toujours de ses nouvelles, hein ? Une de mes prochaines lettres sera pour elle,  puisque c’est bientôt sa fête. Je vais lui écrire un peu plus souvent, elle me fait pitié. Et cela tu le comprends bien, mynes Mamms ?
Je me réjouis de recevoir les deux robes de l’étoffe de Tata, est-ce que le blanc ne vous plaît pas ? Vous n’en parlez pas.
Carnaval a-t-il bien passé ?
Tu me demandes pourquoi nous laissons nos meubles ici quand probablement nous ne retournerons plus à Keboemen. C’est parce qu’ici je ne paye rien pour les laisser dans la maison. Si je les remisais à quelque part à Batavia, il faudrait payer beaucoup de location, et pourquoi les transporter à Batavia si peut être nous allons à Kediri qui est du côté de Soerabaya ? C’est comme si toi, pour aller à Sutz, tu déménageais les choses via Paris.
A la fin de la semaine j’attends John et Jans, et peut être que j’irai aussi vite avec eux à Batavia. Enfin, je t’ai déjà dit tu peux penser à moi d’une façon agréable, car je n’aurai pas de quoi m’ennuyer ces prochaines semaines.
Buby vient d’aller au bureau pour un téléphone de Batavia. Je me demande ce qu’on va lui dire de nouveau. En tout cas je dois vite finir la lettre à son père, …..
A chacun de vous, toujours votre Ge….



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