jeudi 9 juin 2016




Keboemen

3o janvier 1936

Mynes Rötteli

Tu m’écris à cause des pullovers, si nous les voulons ouverts ou fermés et nous avons bien réfléchi à la chose : Oscar est d’avis que c’est trop de travail pour les occasions qu’il a de les porter. Pense que c’est seulement pendant des vacances plus ou moins courtes, pendant les premières heures du matin qu’il enfile son pull, et sans cela jamais. Il dit que c’est trop de travail pour toi. Moi je suis aussi de cet avis, surtout que c’est un travail qui n’arrive pas à sa juste valeur. Pense que ces choses restent la plus grande partie de l’année dans le coffre. C’est dommage. Tandis que pour moi c’est autre chose, j’accepte avec beaucoup de plaisir un petit pullover, quelque chose de joli, pas trop chaud. N’oublie pas que j’ai encore mon bleu marin qui est déjà bien chaud pour ici. Ce que j’aimerais, c’est plutôt une petite blouse tricotée si possible pas en laine. Je dis tricotée, mais cela peut tout aussi bien être crocheté, pour ce que je m’y connais ! Mamms, tu me gâtes de nouveau trop, Buby le trouve aussi. Il ne trouve pas que tu me gâtes trop, mais seulement que tu nous gâtes. Je crois bien que le pull de Loulou doit être joli, et le gilet de papali aussi, et là cela vaut vraiment la peine de faire quelque chose parce qu’ils peuvent le porter et que cela leur rend vraiment service, tandis que pour ici, pour Oscar qui ne porte presque jamais rien, ce n’est pas la peine. Il a encore deux pullover pour nos vacances dans les montagnes, dont un blanc presque tout neuf. Tu dois me promettre de ne pas te fatiguer et de ne pas t’énerver par ce travail, sans cela j’aime mieux me passer de tout. Compris ?
Pour en revenir à ta lettre : je vois que la visite de René (l’oncle de Londres) a de nouveau été le g’furz habituel !!! (le cirque).
Je peux tellement bien m’imaginer le départ des garçons et la Hetzjagd, (course poursuite) c’est du Marchand, quoi !
Merci, merci pour les Caotonic (boisson chocolatée) que tu m’as envoyés. Je suis sûre que Buby les aimera. Dommage que moi, il faudra m’en passer, car je dois toujours faire attention aux selles, je suis très prudente, quand je mange un morceau de chocolat, je bouffe deux  bananes après, pour compenser !
Je ne sais pas si je t’ai remerciée pour les porte-bougies que j’ai bien reçus. J’ai eu tant de plaisir et les bougies je les allumerai Noël prochain, les vôtres donc !
Oui, envoie-moi les échantillons de tes belles chemises de nuit, avec la deuxième photo. Tu sais, la première est sous verre, grâce à cette précaution immédiate, elle reste en bon état !
Vendredi matin : je viens de faire ma promenade quotidienne. Il a fait si beau, un matin exquis à l’air bleu, aux champs verts et aux montagnes bleues. J’ai marché vite et n’ai fait que 45 minutes pour mon tour habituel qui autrement me prend une heure.
Oui, à Batavia je n’aurai pas besoin de dépenser de l’argent pour me distraire, j’aurai assez à voir, surtout que nous habiterons au centre de la ville. Toi, quand tu viendras, tu n’auras pas besoin de descendre du bateau pour nous embrasser, c’est nous qui monterons dans ta cabine d’abord !
Alors Charlot entre aussi à Londres ? (sous entendu emploi chez René)
Je me demande ce que tu vas dire quand tu auras ma lettre de la visite de Elout et de Bigot ! D’ailleurs je suis étonnée comme tu te représentes bien notre vie ici, nos conditions de vie et nos relations avec les gens.
Voilà, Rötteli, je vais finir. J’ai transpiré et il faut vite aller baigner avant que Buby revienne pour déjeuner.
Toutes mes bonnes pensées, toujours bien ta Birzi





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