Keboemen
16 février 1936
Mynes
Mamms
Vite
quelques lignes pour répondre en détail à tes deux lettres.
Je ne peux
pas te dire combien je suis contente que tu aies Muriel (au pair, pour apprendre le français) pour quelques temps chez toi.
C’est bien la meilleure chose que je puisse te souhaiter. Car j’ai souvent
pensé que c’était dommage pour tous les samedis après midi que tu devais passer
seule sans avoir le plaisir de faire un tour de ville, comme nous aimions le
faire. Maintenant il te faut en profiter, surtout si tu oses de nouveau
marcher. Je vous souhaite de beaux moments ensemble. Et tu sais, il ne te
faudrait pas croire que je pourrais être un peu jalouse si vous aimez beaucoup cette fi-fille.
Chez qui
est-ce que Muriel prend des leçons de
français, chez la Henrietta ?
Tu
remercieras J. Mottet de sa lettre. Ce pauvre, il me semble que je t’entends
aller vers lui au bureau, disant
Hé, monsieur Mottet, j’ai encore de la place dans ma lettre pour Nelly, et je
n’ai plus le temps de remplir la deuxième feuille, écrivez-vous, voir, quelques
mots !
Lundi
soir. Je n’ai pas pu finir ma lettre hier soir, dimanche, et me proposais de le
faire ce soir, mais je suis si fatiguée que tu ne m’en voudras pas si je
n’écris plus grand chose. Toute la journée nous avons été à cette réception. Il
fallait rester debout pendant tous
les discours, plus que deux heures de temps, nous les femmes, nous n’en
pouvions lus. Dans ma prochaine lettre je vous décrirai tout. Maintenant je
veux seulement te dire que tout a bien été, Ma robe était très jolie, en somme j’ai eu un grand succès, les femmes
m’ont presque bouffée. Nous avons été la plupart du temps avec les Engelhart,
mais je me suis amusée un peu avec tout le monde. Il y avait une bonne musique
et nous avons dansé pendant le lunch. La cérémonie a été très, très High life,
du grand cérémoniel, quoi, une
chose que l’on ne verrait jamais en Suisse.
J’ai reçu
hier une longue lettre de Annie Elout, une lettre dans laquelle elle se laisse
beaucoup aller, c’est à dire où elle m’écrit par trois fois comme elle se
réjouit de me voir à Batavia qu’elle espère que nous serons beaucoup ensemble
etc. Elle a son enfant souvent malade, et cela la déprime, j’ai l’impression
qu’elle s’accroche déjà à moi. Cela ne me fait rien, je saurai bien m’en tirer,
et d’ailleurs c’est un peu ce que je désirais, car ainsi c’est un bon moyen de
rester en contact avec Elout. Je crois que j’ai complètement gagné sa sympathie. Maintenant que Tante Engel
sera loin, cela ne me fait absolument rien de quitter Keboemen, je n’ai plus
rien qui m’y retienne, sauf mes leçons de javanais auxquelles j’ai vraiment du
plaisir. Tante Engel m’a taquinée hier soir, disant qu’elle croyait que j’avais
plutôt du plaisir à Koesnoen !!! On a bien rit. Au fonds c’est vrai, j’ai
du plaisir, mais pas à Koesnoen, seulement à ce que je peux apprendre de lui.
L’intérêt des leçons m’aide à tout surmonter.
Je te
quitte pour cette fois.
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