Keboemen
3 avril 1936
Mes bien
chers,
C’est
demain le grand jour chez vous. Comme je serai avec vous en pensées !
Encore une fois tous nos meilleurs vœux pour vous tous pour cet événement.
Je ne vais
pas vous en écrire long cette fois, car il est déjà vendredi matin et à 9
heures ma lettre doit partir. Je ferai donc ce que je peux, il est 6 heures
maintenant. C’est surtout pour
vous souhaiter de bonnes et joyeuses Pâques, que vous ayez le beau temps et que
vous puissiez en profiter.
Merci pour
ta bonne lettre 130 et la photo que
je regarde constamment. Bien que pas trop bien réussie, elle me fait grand
plaisir tout de même. Je suis contente d’une fois faire la connaissance de
Muriel de qui j’entends si souvent parler.
Qu’est-ce
que tu as aux poignets ? Est-ce que les manches de ta robe sont trop
courtes, est-ce que tu as les poignets bandés ou sont-ce des revers clairs à la
robe ?
Faaather
devient encore toujours plus gros. Hé, hé ! mon vieux, il faudrait quand
même t’arrêter une fois, quoique j’aime mieux te voir ainsi que maigrissant.
C’est Loulou qui m’a le plus surpris sur cette photo. Tu as bien changé mon
vieux, tu as bonne façon dans ton habit, anglais sûrement. Je vois que les
voyages d’affaires n’ont pas été sans laisser de traces en toi. On peut lire un
changement sur ta binette, vieux polisson, et dans toute ton attitude. Tu as
mûri, (mais pas comme une poire !) Enfin, passons là-dessus, j’y reviendrai
peut être.
Charlot,
c’est dommage qu’on ne te voie que le bout du nez !
J’ai reçu
ma belle robe blanche. Elle est en
effet ravissante et me sera d’un immense service. Max et Tatali, merci encore
mille fois. Je me réjouis de recevoir ces fleurs, qui complèteront la toilette.
C’est seulement dommage que la Lenderli ne se rappelle plus si bien ma
silhouette, elle m’a fait la taille un peu trop haute, et justement c’est le
bord de l’étoffe, de sorte que je ne peux pas la rallonger moi-même. Enfin, cela
va tout de même très bien, il ne manque que 1 ½ à 2 centimètres et avec une ceinture on n’y voit rien.
La longueur est bonne, mais le cape, je le trouve un tout petit peu trop long. J’aimerais savoir s’il doit
être ainsi ou si je peux le raccourcir un peu. Il m’arrive plus bas que le
coude et j’aimerais le faire arriver juste au-dessus. Je vais me mettre à la
coudre sitôt que nous rentrerons de Tjilatjap.
Nous partons demain après-midi et reviendrons mardi matin, car lundi c’est la
fête à Does (van Tinteren), et comme
il aura 30 ans, nous allons fêter cela. Mardi et mercredi Visser partira en
tournée, et jeudi c’est nous qui repartirons
pour Semarang chez Frans et Anne pour Pâques.
Semarang 1936 |
Nous y resterons jusqu’au
mardi après Pâques. Nous nous
réjouissons de passer quelques beaux jours en leur compagnie, ils ont une
maison située dans les collines au-dessus de Semarang, dans un beau jardin,
ainsi nous allons bien pouvoir nous reposer. J’en suis surtout contente pour
Buby qui a vraiment eu un temps dur ce dernier mois, pendant que Visser, étant
loin, en a profité pour ne pas s’occuper du tout du bureau.
Ils sont
rentrés et j’ai vite été leur dire bonjour, ils ont été polis mais rien de
plus. Ainsi je suis dispensée d’y remettre les pieds avant notre départ, ce qui
me plaît fort.
Depuis
quelque temps madame Perddemors vient jouer au tennis avec moi. Je m’entends
très bien avec elle et elle encore mieux avec moi. Hier soir, comme Buby était
au bureau, j’ai été chez eux et j’ai passé une bonne soirée.
L’autre
jour le premier avril, le monde High
life de Keboemen a organisé un bazar
de charité en faveur de la Croix rouge.
Cela avait lieu dans le jardin de l’immense maison du A.R. On m’a aussi demandé
un lot, et comme mad. Perddemors y allait avec son fils, il a 3 ans, j’ai
demandé à aller avec. Nous avons été ensemble avec mad. Vonk et leurs gosses,
et je me suis vraiment bien amusée.
C’était comme à Bienne, il y avait la pêche, et des tentes où l’on
pouvait boire du thé manger des « yscream », boire de la bowle au champagne.
Le Regent (autorité javanaise) y
était aussi avec sa Raden Ajoe (son épouse officielle). J’avais mis la
robe jaune de Leni, qui a toujours un immense succès. Je portais aussi un
médaillon ancien, javanais, et cette raden ajoe m’a presque mangée des yeux. En
me saluant elle me tenait la main qu’elle ne lâchait plus. Un peu plus tard,
comme nous passions devant la tente à thé, elle y était avec le Regent, alors
ils nous ont fait signe qu’il y avait encore de la place et mad. Perddemors et
moi avons pris le thé avec eux. On a bu de la bowle et vraiment on était une
compagnie assez gaie, à dire des bêtises.
A la
soirée d’adieu pour les Engelhart aussi, je m’étais bien amusée et Buby aussi.
Voilà justement 15 jours qu’ils sont partis de Keboemen. Ils doivent être au
Japon maintenant, mais naturellement nous n’avons pas de nouvelles.
Cette
semaine j’ai travaillé à ma robe de
crêpe marine et au petit manteau dont j’ai envoyé l’échantillon à Tatali.
J’étais en train de surfiler les coutures, et pour cela il fallait les couper,
les régulariser, alors par mégarde j’ai coupé
dans ma robe juste devant sur le cœur !!! Il faut que j’y mette un pletz,
car je n’ai plus d’étoffe pour refaire à neuf cette partie de la robe.
Merci de
m’envoyer des souliers, mynes Mamms chérie, je me réjouis de les recevoir.
Aujourd’hui
j’ai une femme qui vient faire mes matelas à neuf. Je tiens à ce que tout soit
laissé en bon ordre quand je partirai. Nous ne savons toujours pas la date exacte de notre départ,
mais je vais me tenir prête à toute éventualité. Zut, voilà mes gens pour les
matelas il faut vite que j’aille voir et les mettre en train.
Encore une
fois je vous répète, ne vous en faites pas si vous ne recevez plus de nouvelles
pour quelques temps. Nous nous portons bien, tout va bien, mais nous entrons
dans un gstürm (stress). Nous avons
eu très chaud ces derniers temps et je m’en suis ressentie, aussi parce que
j’allais faire mes promenades le matin et du tennis dans la soirée. C’était
trop et maintenant j’ai lâché mes promenades pour quelques temps, et je prends
chaque matin un œuf dans du vin rouge. C’est aussi le printemps que j’ai
ressenti un peu, mais toutefois pas autant que l’année passée à cette date.
Maintenant, que j’étais avertie, j’y ai porté remède tout de suite, et cela va
mieux. Tout le monde surtout les femmes, ont un peu à combattre l’anémie ici,
mais ce n’est pas grave.
Mamali, si
jamais tu as l’occasion, demande à Hedy si elle a peut être encore des restes
de cette robe jaune de Leni. J’aimerais tant la faire plus longue parce que la Lenderli
me l’avait décidément coupée trop courte Je peux la faire plus longue par la
taille environ 10 cm. Si j’avais un bout d’étoffe, ou plusieurs pletz. Il ne
faut pas que cela te cause des désagréments, demande seulement si tu en as une
bonne occasion.
Est-ce que
je vous ai raconté dans ma dernière lettre qu’en passant par Semarang, en
revenant de Batavia avec John, j’ai fait la connaissance d’une Polonaise ayant
été élevée à Zurich. Elle a un petit garçon qui ne parle que le Zuritütsch. Eh
bien, quand j’ai voulu parler je n‘ai plus su, c’est à dire cela sortait
toujours en hollandais !
Voilà,
votre Ge…
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