Batoe
6 juillet 1939
A sa maman
Je rentre
lundi déjà, car Oma reçoit d’autres visites 3 jours plus tôt qu’elle ne les
attendait, alors il faut que je fasse de la place. Mais j’y reviendrai ici,
peut être au mois d’août ou septembre. En rentrant j’aurai de nouveau beaucoup
à faire pendant quelques jours, voir du monde etc. et je crains que je
n’arriverai pas à écrire et alors tu devras attendre trop longtemps.
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Nelly été 1939 |
Car
j’imagine que tu es bien impatiente de savoir la suite de ma lettre
précédente ? Eh bien, le schnyder (règles mensuelles) n’est pas encore venu, voilà donc au minimum 12 jours de retard. Cela ne
veut encore rien dire, c’est vrai, et pourtant je crois bien que cela veut dire
quelque chose car je n’ai encore jamais eu un retard pareil, au contraire il
est toujours arrivé plus tôt que plus tard.
Est-ce que
tu peux t’imaginer mon plaisir. Peut être que oui, mais sûrement tu ne peux pas
te représenter le plaisir de Buby, c’est fou ! Et tu devrais voir l’ange
qu’il est devenu, il était gentil avant, mais maintenant c’est un modèle !
Il y a 8 jours aujourd’hui que je lui ai dit que j’étais en retard avec le
schnyder et que peut être… ! Alors quand il est revenu pour le weekend
samedi passé, il m’a apporté un cadeau ! Devine quoi ? Ce gros fou
m’a apporté un livre : Het dagboek van ons Kind ! (Le journal de notre enfant). Un livre
merveilleux où il y a de tout concernant les enfants, leur croissance, leur
arbre généalogique etc. Un vrai grand journal dans lequel la maman écrit tout
ce qui concerne l’enfant, depuis le premier sourire etc. Il y a aussi des pages
pour coller des photos ! Cela va jusqu’à la 6ème année. C’est
donc le premier cadeau que j’ai reçu et je suis contente qu’il soit de mon
Boili, mais est-ce que tu ne trouves pas qu’il était un peu fou d’acheter cela
déjà maintenant ?
Weisch, me
luegt mi scho a wi wenn i vo glas wär u jede chlynscht wunsch list me mer vo de
ouge ab, wenn das gang so blybt de chani ds’fride s ! Du weisch, dass i 2
sehr gueti buecher ha über alles was das geit vo zweene dokter geschribe. I
wott die buecher nid läse, wenns de einisch so wyt isch de gseh ni jo de scho
wie’s geit, aber är het alles gläse vo a – z sodas er mer gang guète rat cha
gä. Findsch das nid schön ?
Gchozet ha
ni no nid, aber es isch mer nängisch schlecht u i wo gang so guet het chönne
asse, i muess mi jetze forciere à Tisch z’go, es ecklet mi grad alles. D’Oma
hie seit, dass es emänt scho das chönnti sy, aber sy wott mer no kei hoffnig
mache si seit süsch sygi de d’entuschig z’gross, aber i gloube, dass sy jetze
doch o dra gloubt.
Der Bueb
het scho langer als zwöi johr sym Atti numme gschribe, un dam mändig wo me
wieder furt isch, het me mer am Atti’s letschte brief gforgt, me welli schrybe
wenn me zyt heigi ! I ha gseit, aber de muesch no nüt sage vo mir, aber
grad äbewott me wäge däm schrybe. I sage der me isch meh as f….sturm. Un dam
abe nimmt me mi id d’arme wie nes schys chind u de bout me zukunfts plan u
goumet mi bis i yschlofe. Muetti, wenn’s nid so schön wäre, i muessti de gwüss
albe einisch lache. Am letschte
Sunntig wo mer sy scheli go spaziere, het me mer alli blüemli woni am
wäg lang schön gfunde ha, zämegläse ! U süsch isch me gwüss ful
gnue !
Du sötisch
gseh wie ni wieder gue uusgseh !
so schöni rosigi backe und Anders brun wie nes negerli. Es geit mer
guet, num d bumeli tue mer weh. I dänke dass mer di nächschti wuche zumene
dokter gö nach Soerabaya, u wenns de noche isch gangen i de ou nach Soerabaya
id Kliniek. Mer hei nid gnue vertroue i dä dokter vo Kediri, u so für ne
erschtes mol muess me vorsichtig sy, findsch nid ou ?
Aber gäll
Muetti, fo no nid avo lisme, das het no zyt, u i sage der de scho was nötig
isch. Eh i cha no nid dänke dass es söttigs glück mer beschiden isch. Du woni
der brief vom Vater bercho ha woner schrybt dass d’Ans ider hofnig sygi, do han
i no em Bueb gseit : i wett jo gärn dass es mi wär wo ider hofnig isch,
aber i ha jetze glehrt z’fride d’sy mit mym los und uf e lieb Gott vertroue,
wenn mer de ne chindli dörfe ha, de schickt Er’s de scho, u so lang warten i
halt u bi z’fride. U grad 8 Tag druf han i scho e chlyni hofnig dörfe ha, wo
gang grösser wird. I cha nid warte bis i dy brief berchume. Du hättisch doch ou
freud, oder nid ?
Traduction
"On" = Oscar
"On" = Oscar
Tu sais, « on » me regarde comme si j’étais
en crystal et on lit chaque souhait de mes yeux, si cela reste ainsi, je peux
être contente. Tu sais que j’ai 2 excellents livres concernant tout ce que cela
concerne, de deux médecins. Je ne veux pas lire ces livres, je verrai bien
comment c’est, mais il a déjà tout lu de a à z de façon à ce qu’on me donne
toujours de bons conseils. Tu ne trouves pas cela gentil ?
Je n’ai pas encore vomi, mais j’ai de temps en temps
la nausée et moi qui pouvait toujours manger, je dois me forcer maintenant
d’aller à table, tout me dégoûte. Oma ici dit qu’à la fin cela peut bien être
cela, mais elle ne veut pas me donner de faux espoirs sinon la déception serait
trop grande, mais je crois que maintenant elle en est persuadée aussi.
Le Bueb n’a plus écrit à son père depuis deux ans, et
ce lundi avant de partir, On m’a demandé la dernière lettre du père, qu’On
voulait lui écrire quand on aura le temps ! J’ai dit, mais ne dis encore
rien à mon sujet, mais c’est justement pour cela qu’On veut lui écrire. Je te
dis, On est plus que fou. Et le soir On me prend dans ses bras comme un petit
enfant et On fait des plans d’avenir et On me surveille jusqu’à ce que je dorme.
Muetti, si ce n’était pas si beau, je devrais bien en rire parfois. Dimanche
passé pendant que nous nous promenions, On m’a cueilli toutes les fleurs que je
trouvais jolies ! Alors que d’habitude On est bien paresseux.
Tu devrais voir comme j’ai à nouveau bonne mine !
de belles joues roses et bronzée. Je vais bien, seulement les seins me font
mal. Je pense que la semaine prochaine nous irons chez le médecin à Soerabaya
et lorsque le moment sera venu, j’irai aussi à Soerabaya à la clinique. Nous ne
faisons pas assez confiance au médecin de Kediri, et pour une première fois il
faut faire attention, ne trouves-tu pas aussi ?
Mais n’est-ce pas, Muetti, ne commence pas déjà à
tricoter, nous avons le temps et je te dirai de quoi j’ai besoin. Oh, je
n’arrive pas à croire à mon bonheur. Lorsque j’ai reçu la lettre du père que
Ans était enceinte, j’ai dit au Bueb : je voudrais bien que ce soit moi
qui est enceinte, mais j’ai appris à être contente de mon sort et à faire
confiance au Bon Dieu, si nous devons avoir un enfant, Il l’enverra bien et
j’attends ce qu’il faut et je suis contente. Et juste 8 jours plus tard j’ai déjà un petit espoir, qui devient toujours
plus grand. Je ne peux pas attendre de recevoir ta lettre. Tu aurais aussi
bien du plaisir, non ?
Il faut
encore que je te remercie mille fois pour la belle soie et pour le « si fa
ma non si dice… ! » que je vais beaucoup employer de retour à Kediri.
Mamms, tu me gâtes toujours terriblement.
Je trouve
la soie vraiment belle et je vais m’en faire un très beau déshabillé,
maintenant que nous resterons un peu plus à la maison. Ce sera joli pour passer
les soirées avec Boili. Si la soie bleue est encore comme cela, et si tu n’en
as pas l’emploi, tu pourrais me l’envoyer aussi. Oscar, quand je l’ai déballée
a tout de suite dit : voor de wieg ! (pour le berceau). Mais je trouve que ce serait trop luxueux et
cela ne peut pas se laver si c’était peut être nécessaire, et puis, j’aime
aussi être une belle Ge…, surtout que j’en aurai bien besoin pendant ce temps
là. Qu’en penses-tu ?
Ce Hoekman,
je ne sais plus si je vous l’ai déjà écrit, a donc été congédié de la Mexolie, et il a immédiatement pris
un bateau pour rentrer en Hollande. Voilà 8 jours qu’il est loin. Nous en
sommes bien contents.
Hier soir
Oscar est encore vite venu ici. Penses-te, il ne peut pas rester une semaine
sans voir et demander comment vont les choses ici !!! Il va revenir demain
pour le weekend et lundi matin nous repartirons les deux pour Kediri. Je pense
que je reviendrai ici au mois d’août, car Oscar tient à ce que je reste en
bonne santé, surtout si….
Nous ne
disons encore rien à personne de tout cela, seulement la Oma ici le sait
maintenant, mais sans cela ce doit rester un secret jusqu’à Noël, si c’est
possible, enfin, jusqu’à ce que cela se voie.
Hier j’ai
reçu une lettre de tante Engel. La sœur de monsieur était mourante à Bandoeng,
alors ils ont dû y aller en pleine nuit. Maintenant elle se remet de nouveau et
tante Engel est rentrée. Boy va rentrer en Europe au mois d’août. Elle m’a
écrit qu’il avait l’intention de venir vous voir, et si j’avais un paquet à lui
donner pour vous. J’ai immédiatement répondu que je ne donnais pas de paquets, car
qu’il était préférable que Boy ne vienne
pas vous rendre visite. Que selon les dernières nouvelles que j’avais de
toi, tu devais avoir un repos absolu,
que tu n’osais recevoir personne, et qu’on devait t’éviter jusqu’à la plus
petite émotion. Que pour ces raisons je ne donnais même pas un paquet à Mily (l’ex épouse du consul suisse) pour vous,
car je craindrais qu’elle ne vienne l’apporter elle-même au lieu de vous
l’envoyer, et cela ne serait pas bon pour toi. J’ai écrit très gentiment, sans
qu’ils puissent être froissés, mais aussi très catégoriquement. Ce Boy,
maintenant que sa pflunz de sœur est en sûreté ici, il voudrait bien venir chez
vous, eh bien, qu’il aille se faire f… D’ailleurs tu n’aurais pas grand intérêt
à le voir, car il ne dit pas grand’chose et il ne sait pas beaucoup de moi.
Nous avons passé Noël ensemble, et cela je vous l’ai écrit en détails. J’ai
aussi dit que Charlot avait commencé une affaire à lui et qu’il était presque
toujours loin, et Loulou naturellement de même, de sorte que Boy n’aurait
aucune compagnie de son âge. Je pense que c’est le vieux qui insiste pour qu’il
vienne vous voir et soigner les bonnes relations, car je crois bien qu’il se
fait de l’espoir pour la Mies !!!
(leur fille à marier). Avis aux
amateurs ! C’est le moment, c’est l’instant… de ne pas laisser passer une
chance pareille pour les garçons !!!
Je vous
écris cela pour que vous soyez au courant si jamais il vous prenait la
fantaisie de leur écrire, ce que je juge peu probable. Il n’y en a aussi aucune
nécessité.
Et voilà,
je suis au bout de la page et aussi de mes nouvelles pour aujourd’hui. Je pense
que tu attends mes lettres avec autant d’impatience maintenant, que moi les
tiennes. Soigne toi toujours bien, aie soin de toi, ne gambade pas trop et cela
ne fait rien si tu ne m’écris pas, ta santé et ton bien être avant tout.
Toujours
all the very best pour vous…. Moi aussi je suis heureuse avec mon Boili, je lui
ai encore confié hier soir que des fois j’avais
presque peur de mon bonheur. Il a ri et m’a dit de l’accepter tout
simplement, et c’est ce que je vais faire.
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