mercredi 12 avril 2017




Batoe

22 juin 1939

A sa maman
Je t’ai laissée bien longtemps sans nouvelles, j’espère que tu ne te fais pas de soucis.
Comme tu vois, je suis enfin venue ici à Batoe, chez les grands-parents van Gelder, parents de Wies van Tinteren. Oscar m’a amenée ici le 12 juin et je m’y plais beaucoup. J’ai une très gentille chambre, et ma koki fait la cuisine, ainsi la Oma n’a pas trop de travail. Car moi je ne travaille pas du tout, je reste couchée dehors sur la terrasse au soleil ou je fais de grandes promenades avec Hoekman (voir lettres précédentes). Le soir je vais déjà me coucher à 8 heures car j’ai toujours sommeil à cause du grand air. Enfin, je me paye des vacantes épatantes et le Opa et Oma me gâtent terriblement. Ils ne savent pas ce qu’ils peuvent faire et inventer pour me faire plaisir. Le soir, la Oma vient vers moi quand je me déshabille et alors on blague et quand je suis prête, elle regarde s’il n’y a pas de moustiques dans la chambre et elle éteint la lumière pour moi, comme la Rötteli le faisait dans le bon vieux temps qui reviendra aussi de nouveau.

en route pour Batoe

A Kediri j’ai tout laissé en ordre et j’ai confié le bien être de Boili aux soins du djongos, qui, je crois, est assez bon. Je suis arrivée ici le lundi matin et Oscar m’a tout de suite quittée pour continuer sa tournée. Le jeudi soir j’étais en train de me promener un peu avec la Oma, voilà que Boili s’amène, en revenant de tournée !!! Et il avait bien du plaisir à revoir sa Ge !!! Il est reparti le vendredi matin pour Kediri et le samedi soir il était de retour ici pour le weekend. Nous avons passé un beau dimanche tranquille et je suis si contente que Boili puisse de temps en temps venir se reposer ici, car Kediri n’est qu’à 90 km.
Ce soir Boili devait venir aussi, mais il n’arrive pas et je ne sais pas s’il viendra encore. Aujourd’hui Hoekman a été appelé à Soerabaya où on lui communiquera la décision de la Mexolie, s’il peut rester ou si on lui dédit. Oscar voulait aussi être à Soerabaya aujourd’hui pour rencontrer Mr. van Mastwyk, alors je pense qu’il est maintenant ensemble avec Hoekman, à le consoler et le remonter, car j’admets que ce dernier a reçu sa dédite. Enfin, je serai bien contente que toute cette affaire soit passée je commence à en avoir plein le dos. Ce Hoekman est un terrible égoïste, il accepte et attend tout des gens qui l’entourent, sans jamais penser à se plier lui-même ou à faire plaisir ou quoi que ce soit pour rendre service. Quand je suis arrivée ici, la Oma ne pouvait plus se retenir de pleurer de colère à cause de ce cochon. Tu sais qu’il vit ici pour rien c’est par amitié que les van Tinteren lui donnent l’hospitalité, alors il se conduit en vrai cochon, je ne peux pas te raconter en détail, mais suffit qu’il n’observe pas même la plus simple politesse de cœur. En ce moment même j’enrage quand je pense que Boili se donne de la peine et reste peut être à Soerabaya pour l’aider au lieu de venir se reposer ici. Enfin, qui vivra verra.
Les premiers jours que j’étais ici j’ai mangé trop de salade et de fruits et j’ai eu des crampes. Il y a de la salade et des légumes merveilleux ici et presque pour rien. J’en mangeais 3 fois par jour, je n’en voyais jamais assez ! et voilà j’en tire les conséquences. Mes intestins ne sont pas encore remis, c’est toujours long. Un ami de Does van Tinteren, qui est docteur ici, est venu hier soir, et m’a examinée, et demain je vais chez lui avec un petit « cadeau » qu’il va étudier au microscope. C’est un chic type ce docteur, il est aussi noir que du cirage, mais il doit avoir un caractère et un cœur d’or, en tous cas il m’a tout de suite été très sympathique. Il paraît qu’il est très câlé et je suis contente s’il veut s’occuper de moi, car le docteur de Kediri ne m’inspire aucune confiance. Demain matin, Oma et moi irons à Malang, une assez grande ville à une demi-heure de Batoe. Ce docteur Maryen, dr. militaire, n’a pas de cabinet privé.
Mamms, si tu savais comme tous tes figaröttli, tes jumpers etc me font plaisir et me rendent service ! Depuis 10 jours que je suis ici, je j’ai plus mis de robe, seulement toujours mes pantalons et tous les jumpers. Je suis contente d’en avoir tant, ainsi je peux changer et toujours être jolie !!! En ce moment j’ai mis le bleu marin tu sais, celui que tu m’avais tricoté pour aller avec mon costume bleu. Il est encore toujours très joli et je le préfère. La petite blouse bleue, je la porte avec le costume de sport en lin, tu sais, la petite blouse tricotée, bleu-ciel. La beige avec les boutons rouges aussi est très jolie et me rend service, je la porte au grand soleil, car elle ne passe pas. Les premiers jours j’ai eu très froid ici, maintenant j’y suis déjà habituée et tu devrais voir comme j’ai bonne mine.



A 3 km de la maison ici, il y a un hôtel avec piscine, quelque chose de splendide ! Il est bâti dans le style d’une « blockhütte », tout en troncs d’arbres bruns foncés et l’intérieur est d’un beau style rustique avec des fenêtres immenses d’où l’on a une vue merveilleuse sur la vallée. Tout ce bâtiment est entouré de sapins et de cyprès, c’est un immense parc dans lequel se cachent de ravissants chalets qu’on peut louer meublés. Un peu plus loin se trouve la piscine, tout ce qu’il y a de plus moderne, les tennis, le tout entouré ou plutôt placé dans un très beau jardin de roches d’où l’eau tombe de rocher en rocher. C’est au trois quart naturel et l’architecte a su en tirer un parti merveilleux. C’est immense, immense. Si jamais la princesse Juliana rend visite aux Indes, elle ira loger là aussi. Et les fleurs, les fleurs qu’il y a là, c’est fantastique !
Nous venons de recevoir une lettre de papa W. Eddy et Ans sont maintenant établis à La Haye où Eddy a repris la pratique d’un spécialiste. Ans attend un bébé.
Maintenant que je suis ici je veux tâcher de répondre aux garçons, mais c’est fou, moins je suis occupée, plus le temps passe vite.
Je resterai ici jusqu’au 12 juillet, car après la Oma aura d’autres visites pour les grandes vacances, mais après, elle a déjà dit que nous pourrons venir pour chaque weekend, sans même nous annoncer. J’en suis bien contente, car c’est moyen de faire sortir Boili de ses soucis d’affaires.
La Mily part d’ici le 31 juillet. C’est une sale vache, elle est tellement jalouse de mon amitié pour les Boese (amis français qui habitaient Bandoeng, voir who is who), que dans sa dernière lettre elle ne peut pas se retenir de me lancer un fion. Je lui ai répondu ce matin, très gentiment mais froid. Maintenant, pour le coup, qu’elle aille se faire f…
Alors vous avez tous du plaisir à l’Exposition (Landi, exposition nationale, Zurich 1939). Vous avez raison, profitez-en. Elle doit vraiment être très jolie, superbe, je regrette de ne pas la voir, mais tant pis, j’en verrai une autre une fois ou l’autre.
Je ne vous en écris pas trop long aujourd’hui, car j’aimerais que cette lettre parte par le courrier, afin que vous n‘attendiez pas trop longtemps de mes nouvelles. J’y joins quelques photos que nous avons faites le samedi avant mon départ pour ici, j’avais invité la famille Fraay pour manger du Sukiyaki, à la japonaise ! Le dimanche, le lendemain donc, nous avons escaladé un volcan dans le cratère duquel s’est formé un petit lac. Arrivés au haut nous avons eu la pluie, mais j’en ai joui tout de même, car nous étions dans la haute montagne, et c’était très pittoresque.
Je vais répondre à ta lettre 209, elle était délicieusement longue, un de ces prochains jours. Ce climat sain et frais me rend immédiatement toute mon énergie et mes forces ici, aussi je vais y venir souvent et ne plus attendre d’être malade avant.
Voilà, mes chers, j’ai rêvé de vous tous la nuit passée, mais je ne me rappelle plus au juste, seulement que vous ne finissiez pas d’encombrer ma voor-galery d’autos de toutes sortes, des Fiat, des Canardes etc. Un bon baiser. Profitez du Chalet, il doit être beau en ce moment. C’était hier le plus long jour de l’année… votre Ge….





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