samedi 4 mars 2017

Quatrième partie et fin

Kediri, 13 mars 1939


Samedi passé Hoekman a été libéré de prison, ayant été jugé pas guilty. Il est abnormal, naturellement, mais cela ne s’est pas  passé avec des mineurs. Il était à Soerabaya depuis une semaine pour le jugement, alors Dolf Mogendorff a été le chercher et je lui ai dit de l’amener ici. Oscar était en tournée et ne revenait le soir que très tard, alors j’étais seule avec les Mogendorff pour le recevoir. C’était un moment très difficile, d’abord il n’osait pas sortir de la voiture, ensuite il était assis dans un fauteuil wie nes hüfeli Eeländ (comme une petite crotte) et n’osait pas me regarder. Moi, je l’ai reçu comme si rien ne s’était passé, et comme s’il avait encore été chez nous le jour avant. Ensuite nous avons été souper et peu à peu il est redevenu homme, mais je te garantis qu’il a fallu beaucoup du tact. Le lendemain, je l’ai encore invité pour la rijsttafel et cela allait de mieux en mieux. On attend maintenant une décision de Batavia pour savoir ce qu’il doit faire. S’il reçoit sa dédite il retournera en Hollande probablement, si non, il ira travailler dans une autre des fabriques, en tous les cas, il ne peut pas rester à Kediri. Les Mogendorff prendront sa maison, mais comme on ne sait pas encore ce que Hoekman fera, ils ne peuvent pas encore s’installer vu qu’il a aussi ses meubles à lui. C’est pourquoi les Mogendorff sont encore toujours ici. Pour Pâques c’est les van der Lee qui ont annoncé leur visite, mais j’ai déjà dit à Boili que je ne pourrai pas les avoir, vu que je désire être seule enfin. Depuis que je suis dans cette maison je n’ai été seule avec Buby que pendant 8 jours, et malgré que j’ai des domestiques, il faut quand même toujours s’occuper de tout, et surtout faire en sorte que les dîners soient à l’heure sur la table etc. Par exemple, aujourd’hui aussi, Oscar est parti en tournée, je pourrais bien me laisser aller, seule à la maison, ou aller au bain et faire la paresseuse et manger quand cela me plaît, mais ainsi il faut faire en sorte que le dîner soit bien soigné comme d’habitude etc. Enfin, tu comprends bien comme je l’entends, hein Mamms ?

Traduction du texte écrit en suisse allemand, afin que "les indiscrets" ne puissent pas comprendre! Stratagème utilisé souvent

Et maintenant venons en au chapitre principal concernant Ceux (les Mogendorff) qui logent chez moi :
Lui est petit, un peu comme Mottet (comptable de Milex Elem), mais terriblement intelligent. Elle, elle est grande et un gros morceau, toute en chair et toujours la bouche en mouvement.
Il y a plus d’un mois que l’On est ici et On a encore pas trouvé de maison. Et On ne m’aide en rien, pour midi ou le soir On vient s’asseoir à table et On attend d’être servi. On est enceinte, raison pour laquelle je ne dis rien, mais mon garçon s’étouffe presque parfois. Je n’ose pas lui en parler, ni vider mon cœur, sinon il me sauterait à la tête et les ficherait dehors, ce que je ne veux pas, à cause du mari qui aide beaucoup Boili.
Il y a 15 jours elle a presque eu une fausse couche, elle avait des saignements, je l’ai vite mise au lit, j’avais peur moi-même. Mais une fois que c’était passé et que le dr a dit qu’il n’y avait plus de danger, On a encore bien pris ses aises et s’est laissée soigner. Je ne peux plus tout te raconter, mais je me suis énervée plusieurs fois. Un soir le djongos était absent et j’ai préparé le souper moi-même, mis la table, puis tout débarrassé sans que l’On ne lève le petit doigt. On s’est laissée servir comme si je le lui devais. Maintenant qu’On va mieux, je ne m’occupe plus d’elle, on ne se voit pas pendant des matinées entières, ainsi cela va. C’est pour cela que j’ai eu tant de plaisir à avoir cet homme en journée qui cousait, cela m’a un peu changé les idées. On est rétablie mais On reste à ne rien faire.

Ils me paient bien quelque chose pour la pension, j’ai calculé combien cela me coûtait, mais le Bueb trouve que je n’ai pas demandé assez. Tu sais, je ne veux pas faire de bénéfice sur leur dos, et j’arrive à tourner avec ce que je leur demande, mais il y a tant de choses qui ne sont pas payables avec de l’argent. Buby comprend cela, mais pas comme toi, hein ? Je suis toujours aimable, mais ce n’est pas facile. On est garde-malade, On est sûre de soi, tonnerre, je n’ai pas besoin d’avoir peur pour Buby, mais toujours On sait tout, On fait des manières, donc je fais attention. Autre chose que l’on ne peut pas me payer, c’est que je dois partager les journaux. A deux cela va bien, mais quand on est quatre il faut toujours attendre ou faire vite. Ce sont tout des détails que l’on ne peut pas facturer. J’en ai plein le dos, mais que veut-on. Pour le Bueb c’est très bien qu’il puisse travailler avec le mari, c’est sa chance maintenant que l’autre est à Batavia. Raison pour laquelle je me tais aussi longtemps qu’ils sont ici. Avec Lui cela va bien, on s’entend bien, comme avec un petit Mottet…
A table, elle ne prend jamais d’égard sur lui, pourvu qu’elle ait son assiette bien pleine et je suis celle qui passe le pain, etc. Je te dis  c’est une …jusqu’à la gauche.
Voilà j’ai vidé mon sac chez ma Mamms qui est la seule qui me comprend. Le Bueb me comprend aussi, mais si je dis quelque chose il se fâche tout de suite contre eux  et il serait capable de le leur dire. Il est bon et gentil, ne ferait de mal à personne, mais si je me plains de quelqu’un, il saute comme un tigre et leur rentre dedans comme un taureau.
Il ne la trouve pas non plus à son goût et il faut toujours que je lui rappelle de ne pas le laisser voir.
Bref, tu comprends bien tout cela. Tu as aussi passé par là lorsque le Padre amenait des inconnus à la maison. Je pourrais encore en écrire bien des pages, mais il est midi et il faut que j’aille voir à la cuisine si tout est bien cuit pour la Plämpu. On doit toujours vomir beaucoup et On ne veut pas manger de ceci ou cela, et si tu ne m’avais pas toujours fait la leçon qu’il faut malgré tout être aimable, je me serais fâchée souvent. Mais je ne le fais pas et je prends les choses comme elles viennent.
Et maintenant fini. J’écris depuis ce matin à 6 heures et il est midi. J’espère que tout va bien chez vous et je réjouis de bientôt avoir de vos nouvelles. Je resterai de nouveau quelques temps sans vous écrire, car j’ai un tas de lettres à répondre, à Papa W, au Bigots, etc, des lettres qui ne peuvent pas attendre plus longtemps, car il y a de l’intérêt à les faire partir.
Finalement cette Pflunze n’est pas mauvaise, ni sans tact au fond, et je n’ai rien contre elle, j’en ai simplement assez.
Addie u furt !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire