3 juin 1934
Keboemen
Ma chère
Mamali
Vite ma
petite lettre privée pour toi seulement, demain j’écrirai la lettre à
circulation. Je crois que j’ai fin nez d’avoir adopté ce système, car d’après
ce que mes photos semblent voyager, j’ai peur que cela soit un peu le cas pour
les lettres aussi.
C’est
dimanche après midi, nous venons de dormir, c’est-à-dire, Oscar était étendu
sur le lit et lisait un livre intéressant. Maintenant il est bientôt 5 heures
et nous irons peut être jouer au tennis dans un moment, sitôt que le soleil ne
sera plus sur la place.
Merci pour
ta bonne lettre et aussi pour les recettes. Je vais les essayer. Quant au
poisson froid, je l’ai déjà fait, seulement comme je n’ai pas de forme de poisson,
j’ai gentiment arrangé les morceaux en un petit tas et j’ai versé la mayonnaise
par dessus. Je suis toujours intéressée si tu peux me donner de bonnes idées,
surtout aussi des petits plats pour les jours d’été, du froid, de la cuisine
froide, car des fois Oscar, après un jour bien chaud et fatigant, n’a pas envie
de manger beaucoup, alors un de ces petits plats est le bienvenu pour le
souper.
Tu m’écris
dans ta lettre 36, en réponse à la mienne du 6 mai, que tu feras le nécessaire
pour m’envoyer le buste. Mynes Mamali, tu ne m’as pas bien comprise. Je voulais
d’abord savoir le prix et ensuite je te donnerais l’ordre formel
de m’en envoyer un, comme je l’ai d’ailleurs écrit dans une lettre précédente.
Dans ma lettre du 6 mai, je vous écrivais que je n’avais toujours pas de
nouvelles du buste, et ensuite je disais qu’il fallait absolument que je m’en
procure un, car je ne peux pas travailler ainsi, mais je ne vous ai pas encore
écrit d’en commander un, puisque je voulais d’abord comparer. Enfin, mes lettres
depuis lors vous ont dit que peut être je pouvais en faire faire un à ma taille
à Solo. J’espère bien que tu n’as pas encore fait partir la commande à Paris.
Si jamais, tu l’avais fait, et que tu ne puisses plus la retirer, eh bien il
faudra bien que je l’accepte, bien que cela sera très très cher. Mais encore
une fois, Mamali, ne commande jamais rien définitivement avant que je te l’aie
formellement demandé dans une de mes lettres, mais aussi il faudra les lire
avec plus d’attention.
D’ailleurs tu te rappelles sûrement que j’ai toujours été ainsi avant
d’acheter quelque chose, je m’informe de droite à gauche et de gauche à droite
pour acheter aux meilleures conditions. Tata s’est assez moquée de moi pour
cela, mais je m’en balance, avec ce système au moins, on en a pour ses sous
tandis qu’elle…. !
Que tu ais
encore dû mendier, ma photo envoyée à Tata, cela je me le pensais bien qu’elle
se ferait prier. Je ne sais pas ce qu’ils ont ces deux, mais des fois ils sont
terribles. Mais ne t’en fais pas, tu la recevras aussi puisque c’est comme
cela. Je l’ai envoyée à St Gall seulement pour les flatter un peu, tu
comprends. Il faut leur faire plaisir de temps en temps mais tu ne seras pas en
manque. Seulement je m’arrange maintenant avec le photographe pour avoir une
note d’environ Frs. 8.- par mois, pas plus, et tu sais cela compte vite, ainsi
on ne peut pas faire faire de ces grandes photos en série, tu comprendras. Sur
cette photo j’ai voulu faire une petite bouche, et alors cela me donne toujours
une binette pareille. Je n’ai pas l’ennui, je peux même te le jurer. Avant de
partir tu m’as fait promettre que je t’écrirais toujours tout et rien que la
vérité, et jusqu’à présent j’ai tenu ma promesse. Tu sais, Rötteli, tu as une
fille qui tient parole, elle n’est pas comme sa mère. Voilà pour ta
pomme !
Quant à la
Hanny, laisse là seulement m’écrire la première, tu peux lui dire à l’occasion
que j’ai toujours tellement de lettres à répondre que je n’arrive presque pas à
en écrire de nouvelles, tu comprends, à ouvrir de nouvelles correspondances. Si
elle m’écrit la première, elle aura des nouvelles plus vite.
Donc, ce
Pröbschtu, c’est quand même honteux. Qu’est-ce qu’elle dit, la Minna, de cette
affaire ? Tu sais, moi je l’ai déjà longtemps pensé, d’ailleurs Minna
aussi. Il a toujours regardé les garçons avec trop de gentillesse, tu n’as peut
être pas remarqué, mais moi je le sentais, comme il leur donnait toujours des
pommes…. Tu me raconteras la suite.
Oscar a
travaillé presque toute la semaine le soir au bureau. J’allais m’asseoir vers
lui des fois jusqu’à minuit. Pour qu’il puisse y tenir je lui donnais toujours
un bol de bouillon avec un œuf battu dedans. C’est pourtant bon, n’est-ce pas,
dans des occasions pareilles ? Maintenant il a pris son travail à la
maison c’est plus heimelig. Mais vois-tu c’est fou comme on se sent bien ici
les deux. C’est comme un roman
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