4 juin 1934
Keboemen
J’ai une
chique épouvantable. Cet après-midi après 5 heures, nous avons joué au tennis
avec les Visser, ensuite nous avons été chez eux boire un verre de bière. Nous
les dames nous avons aussi bu avec les messieurs. J’ai eu deux verres, ensuite
quand les hommes ont pris leur Bols (schnaps hollandais), madame Visser me
propose de boire un verre de vin, elle l’aime beaucoup et moi, depuis que je
suis ici je me dis : alléluia, on prend où y a, et cela fait que j’ai 2
verres de bière et un verre de vin dans la panse, vous pouvez penser ce que
cela me fait. Saturne !
Aussi, mes bien chers, je vous aime bien mais mon lit encore plus. Demain à 5
heures je me lèverai pour vous écrire encore un peu. Comme Oscar lit son
journal, je continue encore un moment. Nous venons de souper, j’espère que cela
ira un peu mieux quand ce sera tassé. J’ai beaucoup mangé pour que cela passe,
mais nom d’une pipe, c’en a pas l’air.
En deux
mots ma chronique de la semaine. Lundi j’ai écrit toute la journée, assise au
jardin. Mardi j’ai raccommodé, mercredi aussi toute la journée. Jeudi de même,
non, l’après midi je l’ai passée avec mmes Visser et Röhwer à garnir des
paniers de fleurs que nous voulions offrir à Mr Hazenberg, ancien machiniste de
la Mexolie, qui a été renvoyé et qui maintenant a ouvert un cinéma parlant à Keboemen. Hein !
mes vieux, on se la paie. Nous avons garni trois magnifiques paniers de fleurs,
rien que des fleurs de nos jardins, pour inaugurer la salle. Malheureusement
Oscar et moi n’avons pas pu y aller parce qu’étant la fin du mois, Buby a dû
travailler. J’ai passé la soirée vers lui au bureau jusqu’à minuit. Il a voulu
faire le bilan mensuel tout seul, c’est un travail du diable, mais ainsi il
apprend le plus vite à s’en tirer, vu que le comptable part le 8 juillet. Voilà
3 jours et trois soirs que Buby a travaillé sans discontinuer. Vendredi j’ai
aussi raccommodé, pas sortie toute la journée. Mon kebon a été mordu par un
serpent il y a environ une semaine ou plus, et maintenant il a reçu un
empoisonnement de sang. Je l’ai tout de suite envoyé à l’hôpital, il va mieux
et demain il peut reprendre son travail.
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Samedi matin j’ai été en ville avec Mmes.
V. et R. il s’est ouvert un nouveau magasin de soieries, un Bombayer, comme on les appelle ici,
alors nous avons été voir. J’ai acheté du drill pour me faire une jupe de sport
que je porterai avec des polo shirts. Dimanche, nous l’avons passé
tranquillement, Oscar a travaillé un peu, et l’après-midi nous avons joué au
tennis et passé la soirée à ne rien faire. Ce matin, lundi, j’ai été avec des
dames à Gombong où j’ai acheté une lampe à pétrole pour cuire. Il me faut cela,
quand je veux faire un peu de thé le soir ou encore réchauffer quelque chose.
Avec le feu à charbon c’est trop compliqué jusqu’à ce que cela brûle, cela va
trop long. J’ai beaucoup de plaisir à ce petit « comfort » comme on
les appelle ici.
Mamali,
j’ai reçu aujourd’hui la petite chemise avec le pantalon du Lama. Ils sont
épatants. Je vais les faire laver et les porterai quelques fois pour voir s’ils
sont aussi bons que beaux, alors quand je te l’écrirai, tu pourras m‘en envoyer
encore. Mais n’achète rien avant que je ne te l’écrive. Aussi dis-moi le prix
stpl. Que je puisse compter si cela ne revient pas trop cher avec la douane que
je dois payer.
Cette fin
de mois j’ai dû faire ma caisse toute seule vu qu’Oscar avait tant à faire, et
je suis contente, elle joue ! Nous avons reçu une nouvelle feuille
d’impôts, les impôts personnels, nous devons encore payer Fl. 34.50, cela fait
donc en tout Fl. …. Que nous devons payer, et encore faire des économies avec
cela. Brrr ! Cette semaine, je ne sais plus quel jour, j’ai vite été chez
le docteur, j’étais au bout de mes remèdes, il les a renouvelés encore une
fois. Mes clous reprennent de nouveau, il m’a dit de me consoler que
vraisemblablement j’aurai toujours plus ou moins cet embêtement pendant que je
serai à Keboemen, il dit que cela vient aussi de la chaleur, la peau doit
s’acclimater. Pour me consoler, il m’a dit que cela ne gênait en rien à ma
beauté !!! Ce vieux farceur, alors que j’en ai de nouveau les joues et le
front plein, mais enfin, il a dit que sitôt que j’irai dans les montagnes, dans
un climat plus frais, ils disparaîtront. Il ne les prend absolument pas au sérieux.
Il s’est de nouveau excusé parce que nous n’avons pas encore été chez eux, mais
il a tant à faire ! Cela viendra bien une fois.
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pendulaires Jakarta 2015 |
Mardi
matin.
Mes chers,
cette fois il faut faire vite, le train
passe dans une heure.
J’ai voulu me lever à 5 heures pour finir cette
lettre, mais je n’ai pas entendu le réveil et à 6 h. Mme Visser est venue me
chercher pour aller promener. Je n’ai pas pu résister d’aller voir le lever du
soleil qui a été magnifique, entre parenthèse. En revenant nous nous sommes
encore pesées au bureau, Buby venait d’y arriver et nous avons encore un peu
rigolé. Je pèse toujours la même chose, soit 58 kg.
J’ai bien
reçu la photo de Chüggeli, mes chers, ce que j’en ai eu du plaisir et vraiment
je n’ai pas chialé.
Non,
Mamali, tu n’as vraiment pas besoin de te faire du souci, je n’ai pas l’ennui.
J’en suis étonnée moi-même, et d’un côté ce n’est pas étonnant avec un Buby
comme le mien. Il fait de nouveau un beau jour aujourd’hui, c’est magnifique,
depuis le temps. Ce matin j’irai en ville porter à la poste nos économies, soit
de nouveau Fl. 50.—et payer les impôts en partie, et acheter des timbres !
Oscar m’en rapporte toujours du bureau, Papali, il ne manque jamais de penser à
toi, même s’il n’écrit pas. J’en ai quelques uns de beaux d’ici, qu’on emploie
pas souvent. Tu vas les recevoir une fois ou l’autre dans une lettre ordinaire.
Dites-moi,
vous devez maintenant avoir reçu cette grande enveloppe jaune avec tout un
fourbi dedans et les timbres pour Faather. Et le paquet avec les poupées et les
petits tapis, est-ce qu’il est bien arrivé ? Combien avez-vous dû payer de
douane, j’aimerais le savoir pour une autre fois, ainsi je pourrai évaluer si
cela vaut la peine d’envoyer une chose ou l’autre, ou si la douane à payer
dépasse le prix des choses, alors je m’arrangerai autrement. Sans cela je ne
vois rien de neuf à vous raconter. Nous nous portons toujours bien, nous sommes
heureux et joyeux et qu’est-ce qu’on veut de plus. Ma chique a passé elle était gaie, j’ai eu le fou rire au
lit, et Buby cela l’a pris aussi finalement.
Mamali,
merci infiniment pour les recettes. J’ai fait ce weekend une tourte qui n’a pas
réussi parce que j’ai mis beaucoup trop de beurre. Cela m’arrive quelques fois
parce que je ne mesure jamais, je prends autant que cela me semble nécessaire,
et quelques fois donc je me trouve attrapée. Mais voici une bonne recette :
tu fais une tourte, comme le quatre- quarts, exactement la même masse, avec de la poudre à lever, que tu mêles à la farine ensuite tu y ajoutes une tasse pleine de raisins secs et raisins de Corinthe, une cuiller à soupe bien pleine d’orangeade et citronnade et autre si tu as, une petite cuiller à café de cannelle et une demi cuiller à café de poudre de clous de girofle. Moi je fais toujours une pâte avec 4 œufs, donc tu vois les mesures à peu près, hein. A la fin tu ajoutes encore le blanc d’œuf battu et tu mets au four. Cela donne une tourte excellente, plutôt un cake anglais, les messieurs l’aiment beaucoup ici et cela change agréablement du quatre-quarts, que je fais aussi souvent avec du rhum ou du maraschino dedans. Je soigne toujours le goût des messieurs. On ne vaut que ce qu’on se fait valoir soi-même, et chez moi ce n’est pas peu.
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tu fais une tourte, comme le quatre- quarts, exactement la même masse, avec de la poudre à lever, que tu mêles à la farine ensuite tu y ajoutes une tasse pleine de raisins secs et raisins de Corinthe, une cuiller à soupe bien pleine d’orangeade et citronnade et autre si tu as, une petite cuiller à café de cannelle et une demi cuiller à café de poudre de clous de girofle. Moi je fais toujours une pâte avec 4 œufs, donc tu vois les mesures à peu près, hein. A la fin tu ajoutes encore le blanc d’œuf battu et tu mets au four. Cela donne une tourte excellente, plutôt un cake anglais, les messieurs l’aiment beaucoup ici et cela change agréablement du quatre-quarts, que je fais aussi souvent avec du rhum ou du maraschino dedans. Je soigne toujours le goût des messieurs. On ne vaut que ce qu’on se fait valoir soi-même, et chez moi ce n’est pas peu.
Portez-vous
bien, et ne m’oubliez pas,
Ge……
A la main
J’ai dû
faire terriblement de fautes, mais voyez-vous je ne relis jamais mes lettres,
pas le temps. Ciao,
J’ai fini
tous mes raccommodages cette semaine, suis contente.
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