mercredi 26 août 2015





1er janvier 1934

Keboemen

Je viens de recevoir ce matin votre lettre du 18 décembre et celle de Papali de St Nicolas. Merci beaucoup de toutes vos nouvelles, je vais tâcher d’y répondre pour ce courrier mais j’ai encore des lettres pour Laren (Hollande) à écrire, je ne peux pas tout faire. Je me réjouis d’avoir mon agenda, nous venons de faire notre caisse, il nous reste juste de quoi payer nos impôts et pas un sou de plus mais enfin c’est toujours cela, pour dire que décembre était un mois de fête.

Nous n’avons rien entendu de John et Jans, je pense qu’ils étaient déjà loin quelque part par les Indes (néerlandaises) quand notre lettre est arrivée à Solo. Enfin, nous aurons leur visite une autre fois.

Papali, merci beaucoup pour ta lettre et tous les renseignements des canards. Je vais m’y mettre doucement. Je veux encore m’informer ici de gauche à droite concernant différentes choses, quant à des œufs, j’en recevrai facilement de Madame Visser. Tu as raison ces canards ici ne doivent pas être des khakis, quoiqu’ils leur ressemblent comme deux gouttes d’eau. Je viens de m’apercevoir que les œufs de ces canes sont bleu-vert et mouchetés. Ici je peux aussi avoir du maïs en grande quantité et moins cher qu’en Suisse, puisqu’on le cultive ici, du riz et un tas d’autres choses. Si je veux en élever, ce n ‘est absolument que pour avoir des canetons comme toi, pour la table, car les poules ici ne sont pas des poulets de Bresse, même un peu moins bon que les « mischt chratzerlis » (coquelets). La volaille a souvent des maladies ici, alors on la soigne avec du poivre rouge et un certain déchet de riz. Hein ! c’est drôle !


La lettre de Flock par avion, je l’ai reçue ce matin avec la tienne, no 14 donc. Elle me raconte qu’elle passera à Bienne te voir, Mamali. Moi je ne lui ai écrit qu’une seule lettre pour lui souhaiter un bon Noël, deux pages, et pas à la machine. Tu vois que les nouvelles entre nous ne sont pas fantastiques J’ai l’impression que Flock doit passer par une crise en ce moment, j’entends une crise morale, qui a été provoquée par mon départ et mon mariage. Il ne faut pas la juger trop sévèrement, plutôt lui aider, elle est plus à plaindre qu’à blâmer. Ecris-moi un peu ce qui t’inquiète tellement au sujet de Flock, et pourquoi tu dois savoir ce qu’elle m’a écrit. Tu me fais toujours des allusions qui sont plus pénibles que la vérité, même cruelle. Tu peux être sûre que je ne dirai rien à Flock.











Nom d’une pipe ! 
cela me fait chanter tout ce monde qui réclame des nouvelles. Savez-vous que je passe la plupart de mon temps à écrire à vous d’abord, à Laren ensuite, et ces lettres ne sont pas courtes. A part cela j’ai la maison à surveiller, je dois cuire souvent et j’ai une grande valise pleine de chaussettes et de linge de corps à raccommoder, Oscar en est à ses trois dernières paires et moi je n’ai plus de caleçons, tout cela parce que je ne fais qu’écrire. Il m’a fallu m’installer, et il a fallu apprendre à parler comme un gosse, je ne peux pas encore m’exprimer facilement ce qui me cause beaucoup de difficultés, j’ai beaucoup de choses nouvelles à apprendre, ce n’est pas comme si je vivais à Berne. Bien que j’aie 3 serviteurs, je n’ai pas tant de temps libre, il faut endurer la chaleur. Et on se lève à 5 ½ heures le matin….
De plus je me figure bien que Mamali n’est pas avare de colportage, (nid taub sy, Mamms/ ne te vexe pas) ainsi les gens en savent autant que si je leur avais écrit !

Merci pour le sirop au citron, j’en ai fait, mais la baboe a coupé les pelures un peu trop épaisses, ce qui a donné un petit goût amer, pourtant il est très bon et Buby l’aime beaucoup et en boit toujours. Cela me fait une économie de prix de la valeur de 5 bouteilles de Lemon squash du magasin. Vous pensez ce que je suis contente.
Et Papali, peux-tu me dire comment on fait la choucroute ? il y a beaucoup de choux ici et j’aimerais essayer.
Mes petits frères ne soyez pas fâchés que je n’aie pas encore écrit, mais comprenez-moi comme toujours, pas ?


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