lundi 5 juin 2017



Batavia

17 décembre 1939
206


Mes bien chers tous,
Dans deux jours c’est ta fête. Comme je vais penser à toi et te souhaiter tout ce qu’un cœur peut souhaiter à sa Rötteli. Encore une fois, j’espère que tu passeras un aussi beau jour que possible dans les conditions actuelles. Peut être que les CharLous pourront être près de toi, alors je ne doute pas que la fête sera complète.
Nous avons reçu hier ta lettre 225, contenant une deuxième photo de nos trois hommes qui nous sont tellement indifférents ! Tu m’accuses réception de ma lettre 203, mais j’espère qu’entre temps vous aurez bien reçu mes lettres 204 du 16 novembre et 205 du 2 décembre.
Nos meubles sont arrivés ici le trois décembre, et Boili a pris congé du bureau pendant trois jours pour pouvoir m’aider et je dois dire qu’il a travaillé comme un nègre. C’est lui qui a déballé toutes les caisses, c’est lui qui s’est occupé de toutes les installations, telles que discuter avec les électriciens pour le placement des lampes, du gaz, du frigidaire et de toutes les mille et une choses nécessaire quand on installe une nouvelle maison. Je n’ai pas eu à me faire le moindre souci, et le 7 décembre nous avons déjà pu coucher dans notre  nouninouni. Notre djongos Kaidi a aussi été une aide parfaite, il a travaillé tout ce qu’il a pu et m’a aussi aidé où il a pu, toujours content et prêt à me rendre service. Voilà 10 jours que nous sommes dans notre maison et tout, absolument tout est en ordre, installé, organisé et je n’ai plus à me faire le moindre souci. Je puis donc me remettre à ma petite layette d’un cœur tranquille.
J’ai reçu un beau potager à gaz (cuisinière à gaz), dernier modèle avec un bon four. Nous avons aussi un frigidaire General Electrics, tout neuf, qui m’est vraiment d’une grande utilité et qui le sera encore plus quand le baby sera là. J’ai une très jolie petite cuisine, petite, toute petite, mais bien arrangée et Kaidi a tout peint en bleu vif, et j’ai acheté de la belle toile cirée à carreaux bleus et blancs pour les buffets et les tablards. Tu devrais voir comme il y a de l’ordre ! J’ai aussi une petite pantry (garde manger) que j’ai arrangée de la sorte. Si je n’attendais pas le baby maintenant, c’est moi qui ferais la cuisine, car tout est tellement pratique que ce n’est aucune fatigue et ici beaucoup de dames la font elles-mêmes. C’est pas comme dans les grandes maisons de Tjilatjap ou Kediri, où il faut marcher une demi-heure jusqu’à ce qu’on arrive à la cuisine, aussi il m’est facile ici d’avoir le nez partout, ce qui a eu pour conséquence que j’ai déjà engagé ma deuxième koki en 10 jours !
Maintenant que tout est à sa place et  que j’ai trouvé une place pour chaque chose, je me sens bien dans notre petite maison. Elle nous paraissait rudement petite au commencement, presqu’à y étouffer, mais on s’y fait vite et maintenant nous sommes déjà bien habitués. Je suis même contente qu’elle ne soit pas plus grande, cela nous épargne bien des frais et des visites !
Des visites ! J’en ai déjà eu par exemple, et trois hommes les uns après les autres et la sœur de monsieur Engelhart. Le premier c’était le papa de Mimi Hausermann, une connaissance d’il y a deux ans ici, le second Wil Oliemans, nos amis de Tjilatjap, et le troisième Ger Heintzen, le cousin d’Oscar qui travaille aussi à la Banque et qui était de passage ici, venant de Makassar (Sulawesi/Celebes) pour aller à Calcutta, son nouveau champ d’activité.

J’ai eu une journée bien chargée aujourd’hui, mais très agréable. Ce matin très tôt j’ai été chez le docteur avec mon bäbä, car j’ai de nouveau la dysenterie. Il n’ose pas me faire de piqûre en ce moment, alors on va tâcher de faire disparaître les amibes d’une autre manière. Oui, Rötteli, maintenant tu peux vraiment m’appeler « mülbe » (parasite) comme tu aimais tant le faire dans le temps ! Toutefois, il ne faut pas te faire du souci, ici tout le monde a la dysenterie une fois ou l’autre, on s’y fait comme aux autres choses aussi et j’en sais assez maintenant pour me soigner toute seule. Il y a de nouveau beaucoup de choses que je ne peux pas manger, mais par contre il y en a beaucoup d’autres qui me sont permises, et pas des plus mauvaises ! Le docteur m’a pesée aujourd’hui, je fais déjà 66 kg 200, alors qu’en temps normal j’étais toujours environ à 60 kg. Je grossis à vue d’œil, surtout ces derniers jours il me semble. Autrement je me porte bien et maintenant que nous allons marcher tous les soirs au moins une heure, et des fois deux, je n‘ai plus les pieds enflés, la circulation du sang se fait mieux. Je travaille tout le jour, je ne suis pas paresseuse, tu n’as pas besoin d’avoir peur ! Les Hausermann, que nous avons été saluer, ne m’ont presque pas reconnue. Ils ne pouvaient pas assez dire comme j’avais meilleure mine qu’il y a deux ans, surtout mon teint est tellement plus frais, et naturellement je suis plus grasse ! Et le bébé qui bouge, c’est fou ! Je commence à avoir de la peine à me baisser maintenant, c’est que le bidon ne peut plus passer inaperçu ! Oh, nous nous réjouissons tellement, moi je ne peux presque plus attendre de pouvoir le serrer dans mes bras.
19 décembre
Bonne fête, Mamms ! Beaucoup de bonheur, et surtout bonne santé, et que Dieu te protège comme je le prie tous les jours pour vous tous. Déjà depuis 3 jours Boili me réveille le matin avec un muntschi en me souhaitant bonne fête de peur d’oublier le jour même. Alors ce matin c’était vraiment le bon jour et lui aussi te souhaite tout le bon, le beau et le bien. Tu sais, ta dernière lettre me fait beaucoup penser à mon propre temps de communion, cela m’a beaucoup aidé dans ma jeunesse et m’a donné la force de vivre. Peux-tu comprendre maintenant mon chagrin le jour de ma communion quand vous ne vouliez pas venir à l’église avec moi ? Depuis la vie, ses joies et ses soucis m’ont un peu dirigée d’un côté plus matériel, plus terrestre, mais au fond de moi, je suis restée la même, même si je ne vais pas à l’église. Maintenant que nous demeurons à Batavia et assez près d’une des églises protestantes, nous y irons aussi, Boili et moi. Surtout pour les fêtes de Noël, je sens le besoin d’y aller. Je pensais toujours que nous pourrions faire baptiser notre baby par le pasteur Gétaz, mais s’il faut attendre trop longtemps avant de pouvoir venir en Europe, nous le ferons faire ici.
Crois-tu que je puisse demander Flock pour être marraine et l’un des garçons comme parrain ? A moins que Boili ne veille demander quelqu’un de son côté à lui, je ne le sais pas, car nous n’en avons pas encore beaucoup parlé. Il faudra encore que nous nous décidions, afin de pouvoir écrire et régler la chose à temps.
Tu sais, je pense, que Eddy (frère de Oscar) et Ans ont une petite Linette, née le 1er décembre. Leur joie doit être grande, ils nous ont envoyé un télégramme.
J’ai déjà eu du plaisir ce matin. On m’a fait le compliment que j’étais une personne très pratique !!!
Rue de Batavia
J’ai vite été en ville, profitant du taxi de Boili ce matin, et j’ai acheté de la belle soie jaune, pour une couverture de lit. Ici nous n’employons plus de moustiquaire car nous avons toute la chambre, fenêtre et portes avec du treillis anti-moustiques. C’est bien pratique, les gens qui étaient dans la maison avant nous l’ont fait installer, alors nous leur avons repris toute l’installation. Maintenant j’ai une fois le plaisir d’avoir une chambre à coucher tout à fait européenne et j’en jouis. Je veux donc couvrir nos lits, et pour cela j’ai eu la lumineuse idée de défaire la dentelle et de grands entre-deux de dentelles de deux draps de maman Woldringh que Linette m’avait donnés. Ces draps, je ne trouvais jamais le moyen de les employer et la dentelle est faite à la main, au fuseau, en fil écru. Elle est très belle, alors je la couds en longues bandes à travers cette soie jaune, l’effet est ravissant et très riche, et j’ai réussi à trouver de la soie artificielle, lavable, pas trop chère. J’en ferai aussi des rideaux et avec les restes, j’en garnirai le pourtour devant ma table de toilette. Ainsi cela me fera une chambre à coucher superbe et pas trop chère. L’effet est environ celui des rideaux jaunes dans la chambre des garçons à Sutz. Est-ce qu’ils existent encore, ces rideaux ?


Pour la chambre de notre baby, j’ai trouvé ici quelqu’un qui fait très bien le duco, alors je donne tous mes meubles de la chambre des visites pour laquer crème ivoire. J’ai déjà donné mon armoire à linge et une autre armoire de même grandeur, elles sont devenues très jolies. Maintenant je donnerai encore une petite commode. Les murs de la chambre sont aussi crème ivoire et les boiseries brunes. Le berceau sera en rotin, crème également, recouvert de soie bleu ciel de Banely et les rideaux de tulle brodé de maman Woldringh, crème également. 

le berceau
Je ne mets pas de tapis par terre, car il faut éviter tout ce qui peut occasionner de la poussière ou n’importe quoi qui ne soit pas tout à fait hygiénique. Pour le petit bain, je vais acheter une grande seille à lessive que nous peindrons en crème aussi. J’en avais aussi une, moi, n’est-ce pas ? Tu te souviens comme je criais quand tu me lavais les cheveux ? Je me vois encore dans cette seille, et tu avais une de ces grandes brosses à cheveux de Padre que tu lavais en même temps, là dans la cuisine chez Gygax ! Comme le temps passe vite ! Maintenant c’est moi qui aurai bientôt un tel petit « Dräckli » ! Cette perspective me remplit d’un immense bonheur, j’en suis toute inondée. J’ai de temps en temps un moment où j’ai les bleus sans savoir pourquoi, soit que quel qu’un dise quelque chose qui ne me soit pas sympathique ou n’importe quoi, alors cela me vient so  « agheit » (inopinément).
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C’est peut être mieux pour moi dans les conditions actuelles de pouvoir être ici, loin de tout. Mais tu sais, Mamms, tu n’as pas besoin de m’écrire des lettres extra belles vous concernant. J’aime mieux que tu écrives toujours la simple vérité, car je lis attentivement tous mes Journal du Jura de sorte que je puis bien me faire une idée de la situation où vous vous trouvez, des restrictions qui vous sont imposées, des mesures que prends l’Etat, etc. Je n’ai pas encore rencontré de Suisses ici, mais cela viendra.
Oeppis muess i der no sage : Du weisch jo dass me nid gärn got go lädele, das het me nie gärn doh, aber jetuze vrogt me mi alli Samschtig : göi mer e chlei id Stad ? Hesch öppis ds choufe ? U de blybt me de grad so lang stoh wie i wott, bis i alles gseh ha ! I weis jo scho dass das nid so witers cha go aber fer a momänt hani toch freud dra.
Je dois te dire encore quelque chose, tu sais qu’On ne va pas volontiers faire les magasins, mais maintenant On me demande chaque samedi, on va en ville ? Tu as des courses à faire ? Et On attend jusqu’à ce que j’aie tout vu. Je sais bien que cela ne peut pas durer mais pour le moment cela me fait plaisir.
20 décembre
Est-ce que  tu as eu une belle fête, Mamali de mon cœur ? J’espère que oui. J’ai beaucoup pensé à toi pendant toute la journée. Oscar vient de me téléphoner qu’il amènera Mr. van Mastwyk à dîner, ce sera mon premier guest ici dans notre maison pour manger, mais je ne fais rien d’extra. Est-ce que je t’ai déjà écrit que sa femme attendait un baby presque en même temps que moi, ou même quelques mois plus tôt, et au mois d’octobre le baby est mort, il a fallu le lui enlever. C’est déjà la troisième fois que cela lui arrive, et cette fois-ci elle a été bien, bien malade. Ils possèdent un bungalow dans les montagnes, et elle reste là-haut pour reprendre des forces, mais c’est surtout moralement qu’elle souffre, alors il aimerait bien que j’aille quelques jours vers elle. Mais j’ai dit qu’avant de faire une chose pareille, je voulais être sûre que cela ne lui fait pas mal au cœur de me voir ainsi, car dans son état de faiblesse, cela pourrait peut être lui faire plus de mal que de bien. Quand il viendra à midi je lui en parlerai franchement, et si elle le désire vraiment, j’irai pour quelques jours. Je ne la connais pas trop bien encore, et elle ne m’est pas terriblement sympathique, mais j’ai bien pitié et si je puis lui faire du bien, je veux le faire de bon cœur, car je comprends sa tristesse, moi qui attends moi-même cette grande joie Il se peut donc que je parte pour quelques jours au commencement de janvier, si je n’écris pas, tu ne t’en feras pas.
Oscar n’a pas eu le temps de t’écrire pour ta fête, ni pour cette lettre –ci non plus, car Elout est au service et Boili est seul pour tout le travail. Comme il n’y est pas encore depuis longtemps, cela lui donne passablement à faire. Il travaille de nouveau tous les soirs ici à la maison, des fois jusqu’à minuit. Mais j’ai bien soin de lui, je lui fais aussi prendre du Nestrovit, comme moi, car il faut qu’il garde ses forces.
Merci encore mille fois pour ta lettre 225 et labelle photo. Je les regarde pas du tout, tous ces hommes !!! Et quand tu auras celle des trois soldats, je la regarderai encore moins !!! Si tu as l’occasion de te faire photographier, j’aimerais que ce soit de face, tel que celles des garçons en officiers, une grande tête, car je veux les mettre toutes dans un seul cadre dans la chambre du baby. Il faut qu’il sache dass mer no es Rötteli hei !  Je mettrai donc dans un cadre les photos des garçons en officiers, celle du Padre de la mobilisation, où il est au volant avec son sourire, et … s’il y a encore une petite place, alors peut être que j’y mettrai aussi une certaine Rötteli, mais pas au milieu, seulement dans un tout petit coin !!!
Je t’accuse encore une fois réception des photos du pic-nic à Sutz, que j’ai donc toutes bien reçues.
Je savais que le psaume 121 était aussi ton verset de confirmation, Du dûmes Muetti, tu oublies tout, j’en avais pourtant déjà du plaisir à mon mariage, et toi aussi ! On voit que tu portes de nouveau les cheveux longs, cela t’a raccourci la mémoire !!! Est-ce que tu arriveras seulement à te rappeler, dass de no nes Nitzli hesch ? (que tu as une fifille).
J’ai une mauvaise conscience de ne pas encore avoir écrit à mes deux frères-soldats. Je vois qu’on fait tant pour nos piou-pious en Suisse, et moi je n’arrive pas seulement à faire mon devoir de sœur. Une lettre serait la moindre des choses puisque déjà je ne peux pas leur envoyer de paquet ! J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop. Ce n’est pas l’affection, ni la bonne volonté qui manquent, mais jusqu’ici le temps et la tranquillité pour me mettre sérieusement à ma correspondance. Je n’ai encore écrit aucune lettre pour Noël et Nouvel An, ni pour la Suisse, ni pour la Hollande, ni pour ici.
Pendant que j’y pense, je crois que Boili tient à faire faire des cartes pour annoncer la naissance, alors tu pourrais faire une liste à qui je dois en envoyer en Suisse, cela m’épargnera du temps et d’en oublier la moitié. Ici on annonce les naissances par le journal, c’est la manière hollandaise, mais je ne crois pas que cela se fasse en Suisse. D’un autre côté, je n’ai reçu de cartes ni de la Amsy, ni de beaucoup d’autres dont tu m’écris qu’ils ont reçu des enfants, de sorte que je ne me sens pas obligée de faire beaucoup de frais non plus. Enfin, fais toujours cette liste, et on verra.
J’ai de nouveau reçu un cadeau de tante Engel, qu’elle a brodé elle-même, la bonne âme, mais c’est une horreur ! C’est un sac de couchage en flanelle pour les nuits froides, alors elle a brodé dessus le chaperon rouge, mais avec des couleurs impossibles ! Il reste à souhaiter que le poupon pissera bien souvent dessus, afin que ce soit vite usé !!! C’est une bonne âme, mais elle n’a pas plus de goût que je ne sais quoi.
Est-ce que Padre a déjà avisé Köbu Gassmann de ma nouvelle adresse ? Car je tiens bien à recevoir mon paquet de journaux (Journal du Jura), mais je n’ai pas le temps de lui écrire pour le moment, et puis, il faut le faire par avion, et cela revient terriblement cher pour des petites lettres pareilles, le faire par bateau, c’est trop incertain.
Veuille aussi remercier Max pour les Sie&Er et les Illustrés qu’il m’envoie régulièrement. J’en ai beaucoup de plaisir.
J’aimerais aussi que tu écrives à Banely et à la Giggerli, car je ne les ai pas gâtées avec des lettres, et pourtant ce n’est pas à mon affection que cela tient.
Cette lettre ne vous parviendra plus pour Noël. Je te souhaite que vous puissiez le passer tous réunis, même simplement, mais ensemble. Nous, on pensera à vous de tout notre cœur plein de bons vœux aussi. Mais ne vous en faites pas pour nous, je n’aurai pas le heimweh (l’ennui), non, il faut savoir être raisonnable, et pourvu que vous vous portiez bien et que nos prières soient entendues. Il arrivera bien une fois un Noël où nous serons de nouveau réunis, j’espère. Nous ferons un tout petit arbre pour nous deux, et je pense que nous irons à l’église, et le reste de la soirée Boili jouera du piano et moi j’en jouirai. Nouvel An aussi nous le passerons tranquillement ainsi, et peut être bien que j’achèterai une bonne bouteille pour boire à votre santé, à vous tous mes chers, et à l’avenir de nos pays-patries.
Que Dieu vous protège tous, mes bien chers, et notre Suisse, et l’Europe, j’ai aussi tant de pitié pour les Finlandais. Je trouve terrible que tant d’innocents doivent souffrir ainsi, j’aimerais tant pouvoir faire plus pour leur aider, car je ressens bien que nous menons une vie très égoïste ici par rapport à vous en Europe en ce moment. Je tâche de faire du bien autour de moi où je peux, mais je sais bien que ce n’est rien à côté de ce qu’on demande de vous en Suisse. Bien que je n’écrive jamais rien de la situation actuelle, sachez pourtant que nous vivons intensément avec vous.

Mes biens chers, encore une fois tous nos vœux et nos prières pour les jours à venir ……. avec toutes nos pensées affectueuses.

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