Kediri
22 octobre 1939
No 202
En tout
hâte quelques mots pour vous dire que nous sommes placés à Batavia. Dimanche passé nous sommes revenus de Batoe,
après exactement deux semaines de vacances qui nous ont fait beaucoup de bien.
Mr. Sayers
est donc arrivé, plus arrogant et self conceited que jamais. Malgré les
difficultés que sa personnalité occasionne chez les clients chinois, il est
placé ici à Kediri. Oscar est maintenant en train de régler toutes les
affaires, ce qui prendra encore environ une petite semaine. Nous pensions
ensuite pouvoir prendre quelques jours pour emballer, car Oscar voulait m’aider
et nous nous serions acheminés sur Batavia environ le 3-4 novembre. Mais ce
matin nous venons de recevoir par
express la feuille de mobilisation provisoire. Boili doit entrer au service
le 31 octobre, et pas à Batavia mais à
Soerabaya. C’est contrairement à ce que nous nous attendions, et nous n‘y
comprenons rien. Enfin, maintenant il me reste cela de moins de jours pour
faire mes paquets et quand Oscar partira au service, je serai prête pour fermer
la maison et j’irai à Batoe, ou je resterai ici dans le pavillon des Fraay,
jusqu’à nouvel avis.
Adressez
votre correspondance à Kediri, jusqu’à nouvel avis. Les Mogendorff sont placés
à Keboemen et Engelenberg de Tjilatjap viendra ici comme bras droit de Sayers.
Je me demande comment cette combine va marcher ?
J’ai bien
reçu le chapeau noir, merci de tout mon cœur Il est joli et je vais voir comment
je puis l’employer, car il m’est un peu trop petit. Mais t’en fais pas, je
saurai toujours en tirer parti.
Merci
aussi de ta lettre 220, et de la merveilleuse photo de mon Macacacaroni !
Bon sang, ce que tu es bien là ! Je ne peux pas assez la regarder et
sais-tu ce que j’en ai fait ? Je l’ai mise au corridor à un point où je la
vois chaque fois que je sors de n’importe quelle chambre, et toujours j’ai ta
bonne binette qui me sourit et qui me
parle, selon les besoins du moment : Hé, Ge… mets-y les gaz !!! quand je suis pressée, ou
bien : du calme, du câââlme,
quand je suis sur le point de me fâcher, ou bien : eh bien, merde, faut pas s’en faire pour si peu !!! ou bien, bah ! cela finira bien par
s’arranger !
Enfin, tu
vois, de mille et une manière j’ai mon bon Macaroni avec moi et tu n’as aucune
idée quelle influence tu as sur moi dans mes petits tracas de tous les jours.
Même Oscar dit que cela fait du bien de te regarder ! Sitôt que nous
serons à Batavia, on va te mettre dans un beau cadre et tu seras le talisman de bonne humeur dans notre nouvelle maison.
Cela vous
donne peut être à penser que nous en avons bien besoin de la bonne humeur, eh
bien, non, cela va. Je ne vais plus vous écrire que je me porte bien, car nom
d’une pipe, chaque fois que je l’ai fait, je suis tombée malade ou j’ai eu un
embêtement quelconque directement après. Je me bornerai donc seulement à vous
écrire que les choses et la santé ne vont pas mal, et cela il faudra le lire de
la façon la plus optimiste. Aussi Oscar « ne va pas mal ». Ces
vacances lui ont fait beaucoup de bien.
Il semble
que Mr. van Mastwyk tient absolument à avoir Boili à Batavia, comme contre poids d’Elout. Ce n’est pas des
choses qu’on nous a dit, mais bien des circonstances nous le font deviner. Mr.
Visser de Keboemen qui jusqu’à présent était à Batavia avec Elout, est placé à
Banjoewangi comme administrateur de nouveau, et cela pour les ¾ parce qu’il
n’est pas monsieur pour deux sous, qu’il n’a pas un bon Auftreten ! (pas de bonnes manières).
Je prévois
donc que nous ne serons pas dans notre propre maison pour Noël, encore un Noël
dans un hôtel ou chez des étrangers ! Mais zut ! on se fait à tout,
et puis si longtemps que nous sommes ensemble, mon miston et moi, je ne m’en
fais pas. Mais vraiment je m’attends à tout le pire, car ici on ne sait jamais,
mais je suis loin de me laisser prendre la tête. Bah ! non, on n’est pas
Jurassienne pour rien et heureusement que j’ai hérité une bonne partie du
caractère de mon macaroni ! Oh, mais tu sais, Rötteli, j’ai aussi un tas
de bonnes choses de toi, qué on ne dit pas qué ?
Je vous
écris à la va te faire f…., mais je viens d’apprendre qu’il part un courrier
avion ce soir, malgré que c’est dimanche, alors je me dépêche, car cette
semaine il n’y aura plus rien de fait pour écrire. Demain je commence à mettre
la maison sens dessus dessous, mercredi et jeudi j’aurai des hommes pour
emballer, vendredi je fais nettoyer la maison et la remets à madame Sayers et
après flûte ! Donc ne vous en faites pas si vous ne recevez rien de nous
pendant au moins un mois, car je ne sais pas où je me trouverai pendant que
Boili sera au service. Il pense devoir y rester un mois au moins.
Cette
semaine j’ai eu une visite de la Mies Engelhart. C’est un « POT DE
CHAMBRE » pas nécessaire d’en dire plus. Elle vous fait bien saluer. Toute
cette dernière semaine j’ai été occupée à couper des robes que mon homme a
cousues, et il m’en faut encore quelques unes, car il faut absolument que j’aie
bonne façon pendant ces prochains mois. Pour des occasions officielles je m’en
fais une en crêpe mat bleu pervenche, avec un tablier en brocart de Banely. Ce
sera une toilette superbe et nous en ferons une photo. Madame Fraay m’aide
encore pour la couper pour au moins qu’elle réussisse bien. Autrement tout le
monde me complimente sur la bonne façon que j’ai dans mes petites robes de
circonstance !!!
Le petit Oscarli….
Hm ! je crois que ce sera un futur footballeur, en tous cas il est loin de
se tenir tranquille !!!
Voilà, je
dois finir et aller dîner chez les Mogendorff qui nous ont invités ! Ce
soir nous allons à Meritjian chez les Engelhart.
Un bon
muntschi à chacun, aussi à mes frangins que je n’oublie pas surtout !
…..tout le
cœur de votre Ge… bien gaie ! et son Boili et son Oscarli ! qui ne
s’appellera pas Oscarli !
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