jeudi 25 mai 2017




Kediri

22 octobre 1939
No 202


En tout hâte quelques mots pour vous dire que nous sommes placés à Batavia. Dimanche passé nous sommes revenus de Batoe, après exactement deux semaines de vacances qui nous ont fait beaucoup de bien.
Mr. Sayers est donc arrivé, plus arrogant et self conceited que jamais. Malgré les difficultés que sa personnalité occasionne chez les clients chinois, il est placé ici à Kediri. Oscar est maintenant en train de régler toutes les affaires, ce qui prendra encore environ une petite semaine. Nous pensions ensuite pouvoir prendre quelques jours pour emballer, car Oscar voulait m’aider et nous nous serions acheminés sur Batavia environ le 3-4 novembre. Mais ce matin nous venons de recevoir par express la feuille de mobilisation provisoire. Boili doit entrer au service le 31 octobre, et pas à Batavia mais à Soerabaya. C’est contrairement à ce que nous nous attendions, et nous n‘y comprenons rien. Enfin, maintenant il me reste cela de moins de jours pour faire mes paquets et quand Oscar partira au service, je serai prête pour fermer la maison et j’irai à Batoe, ou je resterai ici dans le pavillon des Fraay, jusqu’à nouvel avis.
Adressez votre correspondance à Kediri, jusqu’à nouvel avis. Les Mogendorff sont placés à Keboemen et Engelenberg de Tjilatjap viendra ici comme bras droit de Sayers. Je me demande comment cette combine va marcher ?
J’ai bien reçu le chapeau noir, merci de tout mon cœur Il est joli et je vais voir comment je puis l’employer, car il m’est un peu trop petit. Mais t’en fais pas, je saurai toujours en tirer parti.
Merci aussi de ta lettre 220, et de la merveilleuse photo de mon Macacacaroni ! Bon sang, ce que tu es bien là ! Je ne peux pas assez la regarder et sais-tu ce que j’en ai fait ? Je l’ai mise au corridor à un point où je la vois chaque fois que je sors de n’importe quelle chambre, et toujours j’ai ta bonne binette qui me sourit et qui me parle, selon les besoins du moment : Hé, Ge… mets-y les gaz !!! quand je suis pressée, ou bien : du calme, du câââlme, quand je suis sur le point de me fâcher, ou bien : eh bien, merde, faut pas s’en faire pour si peu !!! ou bien, bah ! cela finira bien par s’arranger !
Enfin, tu vois, de mille et une manière j’ai mon bon Macaroni avec moi et tu n’as aucune idée quelle influence tu as sur moi dans mes petits tracas de tous les jours. Même Oscar dit que cela fait du bien de te regarder ! Sitôt que nous serons à Batavia, on va te mettre dans un beau cadre et tu seras le talisman de bonne humeur dans notre nouvelle maison.
Cela vous donne peut être à penser que nous en avons bien besoin de la bonne humeur, eh bien, non, cela va. Je ne vais plus vous écrire que je me porte bien, car nom d’une pipe, chaque fois que je l’ai fait, je suis tombée malade ou j’ai eu un embêtement quelconque directement après. Je me bornerai donc seulement à vous écrire que les choses et la santé ne vont pas mal, et cela il faudra le lire de la façon la plus optimiste. Aussi Oscar « ne va pas mal ». Ces vacances lui ont fait beaucoup de bien.
Il semble que Mr. van Mastwyk tient absolument à avoir Boili à Batavia, comme contre poids d’Elout. Ce n’est pas des choses qu’on nous a dit, mais bien des circonstances nous le font deviner. Mr. Visser de Keboemen qui jusqu’à présent était à Batavia avec Elout, est placé à Banjoewangi comme administrateur de nouveau, et cela pour les ¾ parce qu’il n’est pas monsieur pour deux sous, qu’il n’a pas un bon Auftreten ! (pas de bonnes manières).
Je prévois donc que nous ne serons pas dans notre propre maison pour Noël, encore un Noël dans un hôtel ou chez des étrangers ! Mais zut ! on se fait à tout, et puis si longtemps que nous sommes ensemble, mon miston et moi, je ne m’en fais pas. Mais vraiment je m’attends à tout le pire, car ici on ne sait jamais, mais je suis loin de me laisser prendre la tête. Bah ! non, on n’est pas Jurassienne pour rien et heureusement que j’ai hérité une bonne partie du caractère de mon macaroni ! Oh, mais tu sais, Rötteli, j’ai aussi un tas de bonnes choses de toi, qué on ne dit pas qué ?
Je vous écris à la va te faire f…., mais je viens d’apprendre qu’il part un courrier avion ce soir, malgré que c’est dimanche, alors je me dépêche, car cette semaine il n’y aura plus rien de fait pour écrire. Demain je commence à mettre la maison sens dessus dessous, mercredi et jeudi j’aurai des hommes pour emballer, vendredi je fais nettoyer la maison et la remets à madame Sayers et après flûte ! Donc ne vous en faites pas si vous ne recevez rien de nous pendant au moins un mois, car je ne sais pas où je me trouverai pendant que Boili sera au service. Il pense devoir y rester un mois au moins.
Cette semaine j’ai eu une visite de la Mies Engelhart. C’est un « POT DE CHAMBRE » pas nécessaire d’en dire plus. Elle vous fait bien saluer. Toute cette dernière semaine j’ai été occupée à couper des robes que mon homme a cousues, et il m’en faut encore quelques unes, car il faut absolument que j’aie bonne façon pendant ces prochains mois. Pour des occasions officielles je m’en fais une en crêpe mat bleu pervenche, avec un tablier en brocart de Banely. Ce sera une toilette superbe et nous en ferons une photo. Madame Fraay m’aide encore pour la couper pour au moins qu’elle réussisse bien. Autrement tout le monde me complimente sur la bonne façon que j’ai dans mes petites robes de circonstance !!!
Le petit Oscarli…. Hm ! je crois que ce sera un futur footballeur, en tous cas il est loin de se tenir tranquille !!!
Voilà, je dois finir et aller dîner chez les Mogendorff qui nous ont invités ! Ce soir nous allons à Meritjian chez les Engelhart.
Un bon muntschi à chacun, aussi à mes frangins que je n’oublie pas surtout !
…..tout le cœur de votre Ge… bien gaie ! et son Boili et son Oscarli ! qui ne s’appellera pas Oscarli !




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