dimanche 19 février 2017




Kediri

11 janvier 1939
à ses parents

Je prends le parti de vous écrire sur mon papier  double, vu que ma provision en papier avion est épuisée. J’en ai encore énormément dans mes caisses, mais je ne pensais pas que j’écrirais tant à l’hôtel, je ne me représentais pas qu’un mois puisse être si long, et je ne veux pas aller acheter du papier puisque j’en ai encore.
Hier Oscar est reparti en tournée pour 4 jours, et justement avant de partir, il m’apporte enfin ta lettre…. Et ce matin, un autre grand plaisir : la lettre de fin d’année de mon cher vieux et unique Macaroni. Vraiment ta Ge… a eu du plaisir que tu penses encore vite à elle avant de boucler les comptes de 38. Merci, et aussi pour les bons vœux de mon vieux Caclon (Charlot).

L’adresse de Engelke (ancien client) est :
B. Engelke
Katja Wetan 108, Bandoeng Java

Vous avez raison si vous lui écrivez un mot, l’invitant à venir vous voir quand il sera en Suisse, mais ne faites pas de longue scie. Il ne faut pas qu’il ait l’impression d’être cramponné s’il vient vous voir.
Quant à Stöcker (magasin d’horlogerie à Bandoeng), tu ferais bien de lui offrir la vente d’un type de montre, un article bon marché mais bon, courant, qu’il puisse prendre dans son catalogue. Ne le lâche pas, car je crois qu’il est bon et maintenant que Engelke abandonne à Bandoeng, ce sera bien Stöcker qui prendra fortement le dessus. C’est le seul magasin là, qui ne vende que des montres, les autres sont aussi bijoutiers.
Alors c’était bien Schorer, ce type d’Engelke ? J’avais peur d’avoir oublié ou peut être mal compris et surtout mal rappelé le nom. Je suis contente si vous le connaissez et j’espère que vous arriverez à un bon résultat.
Je ne sais pas à quoi en sont les garçons (ses frères) maintenant, mais à mon avis, il vous faudrait « travailler le client » selon un système établi, étudié. Surtout ces nouveaux. Il ne s’agit pas seulement de leur écrire lettre sur lettre, non, c’est dommage pour les timbres, mais il faut d’abord longuement étudier et peser les choses, ensuite établir une série de lettres bien visées. Est-ce que Charlot n’a pas aussi étudié cette manière de réclame ?
Envoyez-moi un peu de matériel, de ce que vous faites maintenant, mais il me faut des illustrations avec les prix et les descriptions, car il y a trop longtemps que je suis hors du bureau, je n’ai plus bien le filon. Quand je serai un peu au courant de ce qui se fait et se vend, j’essayerai à Soerabaya. Il y a aussi un Suisse là, mais c’est un burestöffu (un paysan). Enfin on verra ce qu’on peut faire.
Seulement encore une chose, mes vieux, si j’attrape encore une fois sous le nez une de vos lettres mal écrites et mal soignées, c’est fini, et bien fini. N’économisez pas sur vos rubans de machine à écrire, et faites attention à votre orthographe, surtout aussi pour vos lettres anglaises. Donne les donc à corriger à Maman (parle parfaitement l’anglais après un séjour de plusieurs années aux USA) quand tu te mêles de les écrire, Padre, mais pour l’amour n’envoyez plus de ces horreurs telles que j’en ai reçues quelques-unes. Pour les lettres en français, soyez courts, concis et précis.
Mon cher Padre, oui, cela me fait vraiment quelque chose que 1939 soit l’année jubilaire (50 ans) de la maison, et permets-moi de te féliciter de tout cœur, mon cher Padre, et d’y joindre mes vœux les plus chaleureux pour un futur prospère et une extension saine et solide. Si tes deux fils y trouvent aussi leur contentement et leur intérêt de travailler avec toi pour la continuation de la firme, je vous souhaite une bonne coopération et toujours la bonne entente, deux choses essentielles pour la réussite. L’union fait la force !
Et pour terminer, encore un petit signe d’amitié à Mottet (le comptable) qui fait partie de l’Elem aussi !! Mes chers, toutes mes pensées affectueuses. Mon Padre, toujours bien ta Ge….





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