mardi 27 septembre 2016




Batavia

21 mai 1937

A sa maman
Depuis deux jours je ne fais que lire dans ton rapport de voyage que je trouve épatant, sans vouloir te flatter. Tu ne peux pas t’imaginer le plaisir que j’en ai. Je vais bien te le renvoyer, mais d’abord je veux encore le lire quelques fois. Tu as vraiment eu une idée merveilleuse, et j’admire encore plus ta volonté et ton application à l’exécuter jusqu’au bout. Vraiment j’ai du plaisir et je suis fière de toi. Je le montre à tout le monde et tu devrais voir comme les gens me regardent parce que j’ai une Mamms pareille. J’en ai vraiment un plaisir fou. Maintenant c’est Buby qui est en train de le lire. Dans ma lettre générale, je n’ai exprès rien dit vu que tu ne veux pas le donner à lire à la Banely, alors je me suis dit que je ne voulais pas lui faire envie. J’ai fait tout le voyage avec vous, tu n’as aucune idée comme j’en ai joui. Dis-moi qui est SkySky. Est-ce que c’est un chien ? Moi aussi je voudrais manger de la Pizza, cela m’a mis l’eau à la bouche bien des fois.
Oh comme cela devait être beau, San Pietro et le Pincio et tout, tout. A propos, j’avais dans le temps un bel album des œuvres de Michel Angelo. Demande aux garçons si c’est eux qui l’ont. C’est  un grand album, pas très épais, à la couverture violette. C’est là-dedans qu’à 16 ans j’admirais et je tâchais de comprendre et d’apprendre à connaître Michel Angelo. Combien de fois est-ce que je n’ai pas admiré ses œuvres ! Pourquoi n’avez-vous pas été à Venise ? par manque de cumin (finances) ?
Tu sais, avec les robes de Max, j’ai pensé que je voulais le dire mais cela me fiche malheur, elles sont si jolies, et pas solides du tout. Aussi je ne peux pas les repasser, je ne sais pas comment traiter cette étoffe. Bon sang, il me faudra de nouveau lui écrire une fois. Je suis en train de coudre, coudre, il me faut plusieurs robes et j’en change aussi, modernise etc. Je veux tacher de tout finir avant l’arrivée des Heintzen (lointaine parenté de Oscar), pour qu’alors je puisse sortir avec la tante. Nous aurons naturellement aussi l’occasion d’aller avec eux. Si je n’écris pas ces prochains 15 jours, tu n’auras pas peur, cette Jacqueline me donne des idées merveilleuses et j’en profite.
Je comprends bien que tu ne puisses plus m’écrire si souvent avec ces lettres si chères. Ecoute, fais-le seulement toutes les trois semaines, je t’assure que j’aurai la patience d’attendre. Ou bien attends toujours d’avoir une de mes lettres pour répondre. Tu sais, tes Stampere, (épîtres) je les aime bien !!!
cerisiers près de Sutz
lac dans la brume
Je t’assure, je trouve de la sympathie partout. Je l’ai de nouveau pensé ce dimanche à la rijsttafel et cette Consulate, elle m’adore. Elle dit toujours comme elle est heureuse de m‘avoir  etc. Mais tu sais, je ne crois pas tout. Je lui laisse croire qu’elle aussi est une grande amie pour moi, mais au fonds, entre toi et moi, je me tiens sur mes gardes. La semaine quand je devais rester dedans à cause de mon pied, j’ai eu la visite de deux fois deux grandes amies. Il s’agit de Mimi et sa grande amie madame Mounier, et de Jacqueline et la Consulate. Lundi Mimi, mardi Jacqueline, mercredi madame Mounier et jeudi la Consulate. Eh bien veux-tu croire que chacune de ces femmes a crié sur son amie. A la fin j’aurais pu en vomir de tant de fausseté et si j’avais voulu, qu’est-ce que je n’aurais pas pu faire comme histoires !

Est-ce que tu as pu aller voir les cerisiers en fleurs ? c’est sûr que je me rappelle leur beauté. 

Ach Mamms, on a passé de bons moments ensemble, hein ?
Il y a encore des tas de choses que je voulais te raconter, mais maintenant je ne me rappelle plus. Je commence de nouveau à gondle (se balader) je vois beaucoup de monde, parce que je suis si gaie et si bien équilibrée, toutes ces femmes aiment que j’aille vers elles, on m’invite de tous côtés, mais naturellement je soigne d’abord les intérêts de Buby. Il est ici à côté de moi qui lave des timbres.
Terminé à la main



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