dimanche 22 janvier 2017





Tjilatjap

26 septembre 1938

Mynes Rötteli,
Voilà, je suis assise près du lit de Boili pour blaguer avec toi.
Comme je suis contente que la Banely (sœur de Rose, gouvernante) soit de nouveau engagée, je ne peux pas assez te le dire ! Surtout pour toi, je suis contente, car je pouvais bien me représenter ce que c’était pour toi de l’avoir toujours autour de toi. Surtout encore avec la maison pleine de visites ! Que Ebetine (Sossich, Rome) t’ait aussi fatiguée, je n’ai aucune peine à le croire, car je pensais bien que tu te sentirais de nouveau obligée de faire un effort. Peut être que tu ne le fais plus autant que dans le temps, mais tu le fais encore toujours trop. D’un autre côté je te comprends aussi, elle était chez toi en visite, et soi disant pour avoir un peu de bon temps après tout ce qu’elle a passé, et je puis bien me représenter toutes les difficultés que cela te donnait. Tu as donc raison de ne plus prendre de personne dans ton ménage, du moins pas pour si longtemps. Aussi pour les garçons, c’est mieux. Il n’y a quand même que les vraies sœurs qui sont comme des sœurs avec eux. Sans vouloir insinuer quoi que ce soit et surtout sans jalousie aucune, je puis bien me représenter les mille et une petites choses que cette visite ou n’importe quelle autre de ce genre, t’a amenées. Oui, il y a toujours des obligations envers une dame et bien que ce n’ait pas été mauvais pour les garçons dans le temps, pour leur éducation, je suis d’avis qu’ils en savent assez maintenant à ce sujet et qu’ils n’auront donc plus besoin qu’on les leur imposent.
Enfin, vous êtes de nouveau à Bienne maintenant, tu seras plus tranquille et surtout tu pourras aller au lit quand tu veux. Car mynes Rötteli, ta maladie, je commence à l’avoir aussi. J’arrive à détester les visites qui restent tard le soir et qui m’empêchent d’aller me coucher quand j’en ai envie. Il faudra de nouveau que j’aie Mily (ex femme du consul suisse) et c’est bien la seule raison pour laquelle cette visite m’embête, elle aime aller au lit tard, faire de longues soirées, car elle ne peut jamais bien s’endormir. Le matin alors elle se lève tard, mais moi je suis tout de même debout à 6 heures et ainsi au bout d’un certain temps je tombe de sommeil. Aussi quand elle viendra cette fois-ci, j’invite Janine Boese avec, ainsi elles seront deux pour se tenir compagnie et moi je m’en ficherai, j’irai au lit quand cela me plaira. Janine Boese aime aussi aller se coucher tôt, ainsi Mily devra bien suivre notre exemple.
Je te comprends tellement bien que tu doives avoir une vie calme et tranquille, moi aussi je fais tout mon possible pour l’avoir, et je suis déjà si bien arrivée à ne plus m’en faire, à prendre les choses aisément. C’est le secret pour rester jeune !
As-tu encore de la pommade chinoise ? Sinon je t’en enverrai un nouveau stock ! Dis-le moi. Aussi dis moi les No de col des chemises des garçons. Je t’envoie par même courrier, par bateau, une vieille chemise de Buby qui est encore très bonne et dont j’en ai encore 4, si Loulou peut les porter. Aussi des chemises smoking !
Je crois bien que la promenade au Saut du Doubs était jolie et je suis contente pour toi que tu puisses en profiter.
Pendant que j’y pense, dans le paquet de la chemise pour Loulou, il se trouve aussi une vieille chemise à moi, de la sorte que j’aime. Quand je te demanderai de nouveau des combinaisons, tu tâcheras de m’en envoyer de cette qualité là, car c’est la plus solide. Les dernières que tu m’as envoyées, les blanches donc, ne sont pas solides du tout. Pour le moment j’en ai encore assez donc ne m’envoie rien avant que je te le demande.
Je me réjouis de voir ton Hüteli (petit chapeau). J’ai enfin trouvé la manière de porter ce béret noir que tu m’as envoyé et tu auras une fois une photo. Toutefois il vaut mieux ne plus m’envoyer de chapeaux, c’est trop personnel, il vaut mieux que je les essaye avant de les acheter.
Non, à aucun prix il ne faut accepter Roy (fils de  René Marchand, Londres)  chez toi, et j’espère que Padre sera assez gentleman like envers toi pour ne pas te le demander. Personne n’a rien fait pour tes gosses, si ce n’est toi, et nous faisons bien notre chemin tous seuls alors que les autres en fassent autant.
So Mamms, je n’ai plus beaucoup de temps, la lettre doit partir. Je n’ai aussi rien de bien spécial à te dire. Je vais jouer au tennis tous les jours, cela me fait du bien et j’ai déjà fait des progrès depuis le temps où je jouais à Sutz avec les garçons ! Maintenant que j’ai fini avec toute ma couture et les raccommodages, je vais me mettre à ma correspondance de Noël, pour que je sois prête avant la visite de Mily. Ainsi tu vois j’ai toujours beaucoup à faire, et je ne me lève jamais un matin en me disant : qu’est-ce que je pourrais bien faire aujourd’hui ? Non, aussi longtemps que je suis 
Sale cochon, voilà mon papier qui s’est de nouveau déchiré…
Aux Indes, je n’ai encore jamais dû me demander cela. Comme tant de ces autres femmes. Il est venu ici une dame qui m’a demandé de la conversation française, alors elle viendra une fois par semaine pour parler français avec moi. Nous allons commencer jeudi, et mercredi matin je vais jouer au golf avec une autre. Ce sont toutes des femmes qui ne me sont pas trop sympathiques, mais la Näggeli a tellement appris de ce côté-là !!! Et vraiment je suis bien recherchée, plus je me retire, plus je suis indifférente vis à vis des gens, plus ils me recherchent. Voilà Rötteli de mon cœur, ta Schnitzli doit courir à la poste. ….un muntschi de Boily qui siffle au lit et qui pense à sa belle-mämä…












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