18 juin 1934
Keboemen
Maintenant
c’est enfin votre tour. Depuis hier j’ai écrit 3 lettres dont une à St Gall, 1
à oncle Hepner et une à Kitty. Nom d’une pipe, je suis contente d’avoir fait la
correspondance au bureau avant mon mariage, ainsi heureusement j’en ai
l’habitude.
Merci
infiniment pour vos lettres collectives du 5 juin. Je suis sûre qu’il a fait
beau là, au bord du lac par ce temps brumeux, je puis bien m’imaginer le
paysage dans tous ses tons de gris. Je l’ai toujours aimé.
Mamali, j’aimerais
beaucoup que tu m’écrives exactement combien de droits de douane tu as dû payer
pour ces poupées, afin que je le sache pour une autre fois, si je peux encore
vous envoyer des choses pareilles ou non. Si vous devez payer plus que moi je
ne les achète, alors cela ne vaut pas la peine, tu comprends. N’oublie pas de
me l’écrire, stpl.
Et
maintenant voyons la chronique de la semaine. Vite mon agenda. Dimanche passé
donc, le pic-nic sous les arbres. Vous allez recevoir des photos de cela (voir lettre du 11.6.34). Lundi vous le
connaissez aussi. Mardi nous avons fait une promenade avec Buby et le soir nous
avons été nous coucher tôt.
Ma lettre
a été interrompue par la haute visite de Madame Ricshaw, qui venait me
rapporter mes aiguilles à tricoter. Elle est restée jusqu’à midi, et n’est
partie qu’après que Buby soit rentré.
J’ai été très gentille, j’ai parlé du beau temps et d’un tas de sujets
également intéressants. Elle aurait bien voulu que je lui donne une occasion de
parler du bal où ils ont été samedi, et de ses visites répétées ces derniers
temps aux Engelhart, mais la Näggeli
n’a rien senti. Elle m’a parlé des petits chiens, que je pouvais les avoir
maintenant, qu’elle les avait vus, qu’ils étaient jolis. Alors elle me
demande : « Comment feras-tu pour les emmener chez toi ? »,
« Ne t’en fais pas, quand le moment sera là, nous trouverons bien une
solution ». « Peut être que si tu demandes à Madame Visser de les
prendre la prochaine fois qu’elle ira à Premboen ! ». Tableau !
Deux minutes avant elle me chantait qu’elle y avait été 1 jour avant et qu’elle
y allait souvent ! Elle s’attendait naturellement à ce que je lui demande
le service de les apporter puisqu’elle y va si souvent en auto mais encore une
fois, la Näggeli n’a pas senti le formage. Non mais des fois, est-ce qu’elle pense qu’elle peut me
réduire à sa merci ? Il en faut des plus fortes pour attraper la
Näggeli ! La seule chose qui m’embête vraiment dans tout cela, c’est sa
réussite à nous couper toutes les relations avec les Engelhart, parce que Buby
comme moi, nous y attachions du prix. Pour moi, passe encore, mais pour Buby
cela m’embête fortement, car il n’a pas souvent l’occasion de causer avec un
homme intéressant. Enfin, qui vivra verra. Mais Buby a besoin de relations, je
m’en suis aperçue le soir que nous avons été au cinéma. C’était jeudi.
J’avais vu
la Ric dans la matinée sans qu’elle m’en souffle un mot, moi je ne savais pas
encore que nous y irions. A 4 heures seulement, en recevant le programme nous
nous sommes décidés et avons filé comme deux gosses en vacances à pied vers le
cinéma. Nous étions justement à la caisse, voilà l’auto des R. qui arrive avec
les Hartong. Ils ont fait de drôles de têtes quand ils nous ont vus là, surtout
les femmes, j’avais mis mon costume gris, ma petite blouse écossaise bleue, et
Buby son habit gris aussi. Puis les deux femmes sont vite entrées prendre des
places, pendant que moi je me retournais vers Buby. Celui-ci avait entre temps
salué M. Hartong avec un plaisir évident et sans autre est allé s’asseoir à
côté de lui. Naturellement il m’a bien fallu aller vers les femmes, et la Ric
m’a gentiment indiqué ma place. De ce fait j’ai été tout à fait séparée d’Oscar
ce dont il ne s’est pas aperçu d’abord tant il était en conversation avec M.
Hartong. J’ai vu à cela qu’il lui fallait absolument du social intercourse et
je vais tout faire pour lui en procurer. Le film, Trauer um Liebe, a été de 3ème
qualité, mais flûte, à Keboemen il ne faut pas trop faire les difficiles, et
j’ai bien ri quand même. C’était parlé et chanté en allemand, la Ric n’y
comprenait que du feu et de la paille de fer. Aussi elle ne voulait pas en
avoir le nom qu’elle ne comprenait rien. A la sortie le vieux Röhwer nous
dit : eh, bien, puisqu’on est si nombreux les dames vont dans l’auto et
les messieurs marcheront à la maison, mais il a reçu force signe de sa
meilleure moitié et j’ai entendu qu’elle lui chuchotait : ne fais pas la
bête viens avec nous dans l’auto, dépêche-toi. Il n’en fallait pas plus pour
que la Näggeli réponde : merci infiniment, mais nous préférons marcher,
nous sommes encore jeunes et apprécions le clair de lune ! Oscar de son
côté avait remarqué la manœuvre et a aussi refusé. Si je vous raconte tout cela
il ne faut pas en faire un drame, rappelez-vous que sur le papier les choses
ont toujours l’air plus importantes qu’elles ne le sont réellement. C’est aussi
plutôt pour maman que j’écris toutes ces histoires en détail, cela donne à
beinle (jaser), pour Tata aussi
naturellement. Vous les hommes, occupez-vous d’autres choses !
Samedi,
pardon, vendredi d’abord j’ai passé toute la matinée chez Mme. Visser, on a
cousu au jardin, ou plutôt on a blagué, ensuite M Visser est venu et à midi on
a fait appeler Oscar. Samedi soir après le tennis ils sont vite venus chez
nous, j’avais fait faire des glaces à la vanille, et le matin j’ai fait ta
tourte au chocolat. La tourte a bien réussi, mais je ne sais pas, j’ai employé
du cacao pour la faire, et la quantité indiquée était un peu trop grande pour
de la poudre de cacao non sucrée, de sorte que ma tourte était un peu amère.
Sans cela elle est très bonne.
Hier
dimanche, j’ai écrit toute la journée, Buby a lu un peu, et l’après-midi nous
avons dormi puis joué au tennis, nous avons perdu les trois set par 6-0 et une
fois par 6-2. Ce soir toutefois nous avons gagné un set et perdu l‘autre.
Gunung Merapi |
Ce matin
il y a eu une fine pluie de cendre, il paraît que le Merapi (plus haut volcan de Java) est de nouveau en action, ce n’est pas étonnant, car depuis
quelques jours nous avons un temps couvert, toujours le ciel gris. Oscar a
remarqué cette pluie de cendre distinctement ce matin à 9 heures à la fabrique.
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