Keboemen
6 février 1935
Mynes
Mamms chérie,
Voilà bien
longtemps que nous n’avons plus gschnäderet (blagué)
ensemble, et je vais me rattraper autant que possible. C’est fou le plaisir que
j’ai de nouveau à cette deuxième série de photos, mais naturellement je ne veux
pas en parler devant les garçons, mais je les boufferais. Oui oui tu peux être
fière avec raison. Comment est-ce allé avec Tata ? Ne vous êtes vous pas
chicanées ? Ma dernière lettre que je t’écrivais alors que Buby était à
Tjilatjap, je me suis rappelée que tu la recevrais pendant que Tata serait à
Bienne, c’est pourquoi j’ai si vite terminé, pour ne pas te faire de
difficultés ! J’espère que tu auras compris.
Je vois
que vous avez au moins profité de faire des promenades, toi et Tata.
Je suis
contente pour Claire Rossel qu’elle puisse se marier, tu la salueras bien si
jamais tu la rencontres. Et aussi le père Giuglio, je pense souvent à lui quand
j’ai des trous à mes souliers, tu lui diras qu’ici on ne sait pas les réparer
comme lui, mais par contre que c’est aussi meilleur marché. J’ai toujours fait
des parties de blagues avec lui, vas en faire autant. Tu vois, je te présente
encore une nouvelle occasion !
L’échantillon
de ton nouveau costume est joli, il me plait bien, et si une fois vous avez un
film de trop, eh bien, j’en aimerais bien une photo. C’est honteux, mais nous
n’avons pas encore fait les nôtres, j’attends toujours que Boili les fasse,
mais une fois il n’y a pas de soleil, et quand il y a du soleil, il n’y a pas
de Boili. Toutefois je ne l’oublie pas.
Nous
n’avons déjà longtemps plus rien entendu de Solo, mais ils vont venir nous
surprendre un jour ou l’autre, il faut toujours s’attendre à tout avec
eux. Oui, ma Jans, je l’aime bien,
et elle aussi maintenant qu’elle me connaît mieux.
Merci
beaucoup pour la recette du pudding au
caramel. Je l’ai déjà essayé souvent, mais encore jamais réussi. Je vais de
nouveau en faire un et exactement suivre tes instructions.
Pour faire
des sandwiches, j’ai trouvé une autre combine. Tu mets 2 jaunes d’œufs dans une
petite casserole, une cuillère à soupe de vinaigre, ou moitié vinaigre, moitié
citron, un peu de sel, et tu mets le tout sur le feux, en tournant vivement
avec le balai ou une spatule en bois,
ce qui te va le mieux. Au bout de 2-3 minutes, les œufs deviennent durs,
ou plutôt épais. Tu tournes toujours et laisse venir bien épais. C’est à ce
moment là que tu les prends du feu et tu fiches un morceau de beurre dedans
avec la quantité de Worcester sauce que tu juges bonne, et du poivre. Moi, je
mets cela entre deux tranches de pain, sans beurre. Cela fait des sandwiches
avec un peu de pep, que tu peux offrir avec du vin ou de la bière. Monsieur
Voskuil les a très appréciés hier soir. Il te faut toujours compter une cuillère
à soupe de vinaigre pour 2 jaunes d’oeuf. C’est d’ailleurs aussi la manière
dont je fais ma mayonnaise, dont je t’ai déjà envoyé la recette.
Dimanche matin. Il fait un jour très gris,
froid, il pleut finement. Un bon dimanche pour traîner à la maison. Nous nous
sommes levés tard, Buby a dormi jusqu’à 8 ½ heures, tandis que moi j’ai lu,
parce que je sus tellement habituée à me réveiller toujours à la même heure,
pour ouvrir au djongos. Ensuite nous sommes allé nous laver, nous avons déjeuné
et maintenant Buby est au bureau jusqu’à midi. Moi, je vais en profiter pour
terminer mes lettres afin de pouvoir écrire à papa Woldringh cet après-midi,
car il y a plus de 6 semaines qu’il n’a plus eu une vraie lettre de ma part.
Merci
aussi pour ta lettre 73 qui comme
toujours m’a fait un énorme plaisir.
Merci de
tout cœur pour le béret que tu me crochette. Tu es un chou, mais stpl. ne te
fatigue au moins pas trop. Vois-tu, à la rigueur je pourrais aussi en crocheter
une, mais c’est vraiment le temps qui me manque, car les moments que je
n’emploie pas à la couture, je les passe à vous écrire. Je fais des petits
tapis pour mes plateaux, pour le panier à pain, car tu te rappelles aussi que
je n’ai presque rien pris avec de ces choses-là. J’ai toujours un à deux de ces
ouvrages en cours, je ne suis plus jamais sans rien faire !
Oui, je
vais être encore plus prudente à l’avenir. Je commence à me connaître, à savoir
ce qui n’est pas bon pour moi, ainsi je saurai toujours mieux éviter ces coups
de froid.
J’ai eu
tant de plaisir à madame Voskuil, à la voir ici avec ses cheveux blancs,
coupés, c’était un peu comme si toi tu étais assise dans une de mes
chaises ! Je suis bien contente d’avoir pu lui dire un tas de choses et
surtout d’avoir été si bien comprise. C’était bon de pouvoir parler à cœur
ouvert une fois de nouveau, et elle n’ira pas le dire plus loin, car c’est elle
qui m’a encore prévenue de faire bien attention à tout ce que je dis ici, car
elle aussi connaît très bien les conditions. Elle va toujours faire ses
promenades, et elle n’a pas assez pu me conseiller d’en faire autant. Elle
aussi va toujours toute seule parce qu’elle n’a personne pour l’accompagner.
Je suis si
contente que le costume de Hedy t’aille bien et que tu en sois enchantée. Je
vais écrire à Hedy, cela lui fera plaisir, et en même temps du bien pour ta
prochaine robe ! Oui, je comprends que la Mmattamm DDDanzz ne soit jamais
si bien habillée que toi, d’ailleurs ces femmes ont aussi un goût impossible.
Quant à
cette robe grise en soie artificielle de Hedy, non je n’en veux pas de nouvelle
pour le moment. Maintenant je suis bien équipée pour un temps et je tiens aussi
à en faire moi-même, des robes. Vois-tu
j’ai tellement plus de chic que les femmes d’ici atour de Keboemen, que
la chose la plus simple que je porte est encore plus jolie que toutes leurs robes
les plus compliquées. Je tiens aussi à ne pas trop me laisser gâter, il faut
que je sache travailler à ma toilette moi-même.
Quant à Flock, je ne sais pas trop ce qu’il
faut en penser. Tu sais, ces sales Raball l’ont traitée salement souvent. Je
savais bien qu’elle avait un sale caractère, vis-à-vis de moi elle le cachait
toujours soigneusement, et maintenant c’est aussi fini entre nous. Je vais de
moins en moins lui écrire. Même dans ses lettres elle flirte, cette vache, non
mais même quand je reviendrai je ne veux plus rien savoir d’elle, il y a assez
d’autres choses dans la vie sans qu’on courre après ces personnes.
Voilà,
Buby rentre du bureau, bon, zut, il vient de perdre 10 cents parce qu’il a oublié d’enlever sa cigarette.
Malheureusement, je m’enrichis bien de cette manière et je voudrais que cela le
punisse, mais ce Boili me regarde toujours en riant quand je cours mettre 10
cents dans mon porte monnaie.
Jusqu’à la
prochaine fois.
Ta Girly.
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