16 juillet 1934
Keboemen
Mynes
liebe Mamms
C’est
toujours pour cette lettre que je me réjouis le plus, il fait si beau causer
avec toi toute seule, comme on le faisait toujours, et je suis contente de
pouvoir continuer ainsi.
Merci
beaucoup pour ta lettre et toutes tes nouvelles. Tu me demandes si j’aime bien
la chemise et les pantalons en tricot que tu m’as envoyés. Oui, je les aime
beaucoup et je vais les porter souvent et les faire laver, alors s’ils se
maintiennent bien, tu pourras encore m’en envoyer quand je te le demanderai.
Merci pour la chemise polo pour Oscar, je t’accuserai réception dès que je
l’aurai reçue.
Mamali,
j’ai tant de plaisir à ta photo, tu es très bien, mais il semble que tu sois
devenue un peu plus forte, serait-ce le cas vraiment ?
Oh !
le Faaather qui voulait m’envoyer des
cerises, c’est gentil de sa part et tu l’embrasseras pour moi, mais je
doute aussi qu’elles seraient bien arrivées. Est-ce que vous avez au moins pu
vendre des cerises à un bon prix ?
Pour cela
je suis contente, je n’ai jusqu’à présent pas encore eu envie de quoi que ce
soit de la maison, tel que les cerises ou des fraises etc. On a tant de fruits
ici aussi et qui sont bons.
le chalet |
Oui, je peux m’imaginer comme le Chalet doit être
beau de nouveau, tu as raison, profites-en, c’est la santé, et même si te es
souvent seule, cela ne fait rien, tu n’es pas seule dans ton cœur, tu sais que
tu es aimée et cela c’est le principal.
Conc. la
Ricshaw il ne faut absolument pas te faire des soucis à mon compte. Cela va
très bien maintenant, elle me laisse tranquille et moi aussi, ainsi on vit très
bien. Au fond j’aime encore mieux avoir à faire à une vache pareille qu’à une
femme plus rusée qui s’y entend à détourner les hommes. Maintenant qu’on la
connaît bien, qu’on a fait ses expériences, c’est fini, on en prend son parti
sans plus se faire un cheveu gris, je t’assure c’est si facile maintenant.
Quant à Itje et Loulou, non, non, non, tu te
fais des idées là. Pense donc, tâche de te mettre seulement pour un moment au
pas des jeunes de 17-20 ans. Quand de nos jours ils se donnent le bras et
flirtent un peu, cela n’a pas plus d’importance que dans ton temps quand les
messieurs tournaient un joli compliment aux demoiselles. Cela n’a absolument
pas d’importance et il ne faut pas te faire une seule idée là-dessus. En fin de
compte, il ne te faut pas oublier que Loulou est le fils de papa et qu’il aura
encore beaucoup de ces petites histoires dans sa jeunesse. Il sera un peu plus
fin j’espère, mais n’oublie pas que c’est un Marchand. Quant à Itje, elle n’a
que 17 ans, elle en jouit, et elle a
aussi de petits béguins à St Blaise, va, je le sais par Flock, mais je lui ai
fermement promis de garder le secret, donc tu ne feras pas les semblants, ni à
Papa. Quant à ce qu’un de ces petits flirts ait des conséquences désagréables,
pour cela il ne faut pas te faire de soucis, tes fils ont bien été introduits
dans la vie, ils ne feront pas de vilaines choses, sois tranquille, moi-même
j’y mets ma main au feu sans autre. Sans être trop idéaliste, je ne pense tout
de même pas comme papa là-dessus. Non, non, ne t’en fais pas, à aucun prix.
D’ailleurs pour que cela aille plus profond avec Loulou, il n’aurait pas dû
avoir cela avec Linette. Là on ne pouvait presque rien soupçonner et vois-tu je
suis sûre que cela aurait donné quelque chose. Quand cela sera sérieux avec tes
fils, tu seras peut être la dernière à t’en apercevoir. C’est ainsi la
vie !
J’ai eu un
beau jour aujourd’hui. Ce matin j’ai bien marché avec Mme V. à 6 heures déjà,
jusqu’à 7 ½ heures. Ensuite après déjeuner, j’ai marché à la poste et fait
quelques commissions, j’ai entre autre acheté des pantoufles pour aller à la
chambre de bain. Il en faut des spéciales ici, des extra bon marché, car elles
deviennent toujours mouillées et ne peuvent pas durer longtemps. Jusqu’à la
poste il y a toujours 3 km. Bien comptés. Quand Buby est rentré à 5 heures,
nous avons joué au tennis jusqu’à 6 ½ h. tu vois que j’ai eu beaucoup
d’exercice !
A midi tu
aurais eu du plaisir. Buby a reçu des intérêts de quelques un de ses papiers,
cela faisait dans les Fl. 60.-- alors il m’en a donné Fl. 25.-- pour mon compte privé. Il m’a dit qu’il en gardait un peu
pour lui pour quelque chose de spécial que je ne devais pas encore
savoir !!! J’ai du plaisir à cet argent, cela me rappelle tant quand papa
t’en donnait dans le temps, je suis contente que je sois traitée la même chose.
J’ai aussi reçu à midi un paquet de Ir
avec 6 paires de très jolis caleçons en tricot indémaillable blanc et rose, et
une boîte de biscuits, une spécialité de la Haye. J’en suis contente et
maintenant je suis bien équipée en fait de linge, cela va durer un moment. Il
n’y avait pas de lettre incluse, je pense qu’elle arrivera par prochain
courrier. La lettre de Kitty m’a fait si plaisir, elle doit tout de même avoir
changé, elle me demande aussi si elle doit m’envoyer quelque chose dont j’ai
besoin, je n’aurai qu’à m’adresser à elle. C’est pas comme les Haury (tante de St Gall), est-ce que tu
n’arrives encore pas à te faire envoyer une petite robe ? Ces pingres,
avec leur contingent ! Ils cherchent les poux dans la paille. Je regrette
tellement que tu n’aies pas pu trouver le filon avec papa W. , car c’est
justement pour cela qu’il se réjouissait de vous revoir, toi et aussi papa.
Mais j’ai bien pensé que du moment qu’il y avait ceux de St Gall cela ne
donnerait qu’une partie de boustifaille et blagues douteuses, je le regrette
beaucoup. Enfin, c’est passé.
![]() |
vue depuis Bienne |
Tu as
raison d’avoir repris les bains, ce qu’il doit faire beau dans le lac
tranquille. C’est aussi une chose dont on profitera quand on reviendra. Quand à
faire le voyage au bout de trois ans, je ferai mon possible, mais ne puis rien
promettre, avec les conditions actuelles on ne peut pas mettre beaucoup
d’argent de côté, mais il faut toujours être content quand on reçoit
régulièrement sa paye.
Comment va
ta santé ? ne te fatigue donc pas trop stpl. Papa W. nous a écrit qu’il
avait reçu de bonnes nouvelles de notre part de M. Voskuil qu’il nous fallait
continuer ainsi et que tout irait très bien ! Tu peux penser si cela m’a
réjouie. Oscar, lui, a pris la nouvelle plus calmement, disant qu’il y avait
une bonne part de flatterie. Moi, je n’en sais rien, mais est-ce que cela t’est
très difficile d’avoir les Voskuil un après-midi ? Mais sans Brero, stpl.
Tu sais, il y a quand même beaucoup qui dépend des bonnes relations dans la
vie, toutefois si cela ne va pas, ne t’en fais pas et surtout ne te force pas,
mamali, gäll.
En
suisse-allemand :
Tu sais le bueb est un coquin, il est si bon, je suis
si gâtée, autant que par toi, et si je voulais je pourrais tout avoir et tout
faire. Heureusement que je ne suis pas avec l’autre, oh ! j’aurais des
crève-cœur et toi aussi en me voyant malheureuse, mais ce ne serait jamais aussi
bien si nous n’étions pas si loin. Il est toujours encore si tranquille, mais
dans ses yeux dansent les diablotins. Et il travaille si bien.
L’assurance vie est payée et nous avons Fl.
200.-- de côté. Cet argent est
tout à nous, je m’en réjouis. Je sais bien compter et marchander, j’en ri toute
seule, je suis bien comme le Faaather, mais plus fine, je ne le laisse pas
voir. Noblesse oblige.
Voilà et
maintenant je vais terminer. Je veux encore raconter l’histoire du pendentif à
papa W. parce qu’Oscar ne peut écrire qu’une courte lettre, ayant dû travailler
hier. Quand tu m’écris, prends aussi mes lettres à côté de toi pour me
répondre, cela va très bien ainsi, pas ?
God bless
you and all my love,
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