Tjilatjap
20 juillet 1938
A sa maman
Merci
mille fois pour ta bonne lettre 188.
Je l’ai lue comme on mange un bon
dessert, lentement et par petits bouts pour mieux pouvoir en jouir. Il ne
faut pas du tout t’en faire parce que tu n’as pas écrit plus vite, je comprends
très bien que s’il fait beau temps à Sutz, tu dois en jouir, cela me fait même
plaisir de penser que tu en jouis. D’ailleurs, moi je ne te gâte pas non plus
avec mes lettres qui ne viennent jamais régulièrement.
Non, non,
aime seulement Ebe (Ebetina Sossich, de
Rome), du moment qu’elle aussi t’aime bien et qu’elle réussit un peu à me
remplacer. Je ne suis que trop contente, tout ce qui contribue à te rendre un
peu heureuse me fait plaisir. Je regrette tant pour elle qu’elle ait perdu sa
maman et je sympathise avec elle de tout cœur. Je suis heureuse qu’elle puisse
être avec toi un peu, car je ne doute pas que tu puisses faire beaucoup pour
lui aider à supporter son chagrin. Pauvre Ebe, elle doit se sentir si seule à
présent, mais dis-lui de ne pas perdre courage, elle est jeune et jolie et pas
bête, elle saura refaire sa vie et combler le vide que laisse sa maman.
Mince, il
est venu des visites, une dame avec deux enfants et m’a fait perdre mon temps.
Maintenant il est bientôt midi, quand la lettre doit partir.
Je pense
bien que notre Chalet est beau de nouveau. C’est drôle, juste quelques jours
avant de recevoir ta lettre où tu me dis que les petites roses du portail sont
en fleur, j’y ai pensé et me suis demandée si elles fleurissaient.
![]() |
le portail avec les roses |
Merci pour
le corselet et la petite chemise que tu m’as envoyés mais que je n’ai pas
encore reçus, je pense qu’ils arriveront la semaine prochaine. C’était juste
pour cela que je t’ai envoyé Frs. 50.- par mandat avion. Tu déduiras donc cela
et avec le reste tu te payeras de bons quatre- heures (goûter), mais rien qui te fasse du tort, compris ???
Sitôt que
tu m’auras dit combien coûtent des souliers Bally, prix approximatif, je
t’enverrai encore des sous. Je veux ouvrir un compte courant chez toi pour
touts les achats que tu devras faire pour moi. Mais tu n’oublieras pas non plus
de marquer les frais de port, hein, Mamms ! Des petites chemises, hemdhosen,
je les aime bien telles que tu me les envoyais dans le temps, qui se ferment
par une patte avec deux petits boutons. De préférence du tricot de coton, blanc
et en couleur aussi. Dernièrement tu m’en as envoyé une rose en tricot
mercerisé, eh bien, elle se détend affreusement, et quand je la mets, elle me
pend comme une vieille nippe. Le tricot de coton conserve mieux sa forme. Pense
toujours, en m’achetant des choses pareilles, que j’aime beaucoup avoir une
bonne coupe avant tout.
Si le
corselet de Emmy Pauli me plaît, j’en demanderai encore, mais pas du luxe, dans
cet article-là, je veux de la qualité mais pas du luxe, car il m’en faut un
neuf presque tous les deux mois.
J’ai tout
de suite écrit une belle lettre de bons
vœux à Max (il se remarie) !
Il fallait toujours s’y attendre qu’il fasse une chose pareille, et maintenant
Banely n’a plus de place du jour au lendemain. C’est bien la raison pour
laquelle je n’étais pas trop d’accord qu’elle aille chez Max, je savais que
cela finirait ainsi, je t’avais même avertie.
Hier nous
sommes revenus de la montagne où les Oliemans nous avaient invités pour le
weekend. Il a fait très beau. Ma santé va de mieux en mieux, je bouffe comme un
ogre et me fortifie bien.
On vient
de recevoir un téléphone de Batavia, qu’il ne fallait pas encore faire des
projets pour nos vacances au mois d’août. Quand Buby a demandé pourquoi, on lui
a répondu qu’on ne pouvait pas encore nous le dire, qu’il fallait attendre une
lettre d’Amsterdam. Est-ce que nous serions déplacés ? Aucune idée. Enfin,
qui vivra verra, en attendant je ne m’en fais pas et prends la vie comme elle
vient, cela se peut aussi que Engelenberg soit déplacé et qu’alors Buby ne
pourrait pas quitter ici s’il y a un nouveau comptable. Peut être que je
pourrai vous le dire dans ma prochaine lettre. Mes chers tous, votre Ge…
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