jeudi 23 juillet 2015




23 octobre 1933


Keboemen,
Insulindenweg

Déjà une semaine de passé et quelle semaine ! Mardi nous avons quitté l’hôtel et sommes venus dans notre maison. Nous logeons ici avec des meubles que les Visser et les Röhwer, nos voisins de la Mexolie (la fabrique) nous ont gentiment prêtés. Nous avons un lit, 6 fauteuils, 1 table deux chaises et le reste je l’ai fait avec des caisses. La première semaine de ménage, il me semble qu’il y a des années que je conduis une maison et que je … cuis.
Mes chers, quelle frousse j’ai eue le premier jour, mais maintenant je fais cela comme le reste, cela ne me donne plus la moindre peine, ni difficulté. Aujourd’hui par exemple, nous avons eu des fricandeaux, des choux blancs, des pommes de terre à l’eau et une salade de fruits. Ce soir des pommes frites et une omelette faite avec des restes de viande. Oscar dit toujours que c’est bon et n’a encore jamais eu envie d’aller manger à l’hôtel, c’est bon signe, pas ? Cela me prend beaucoup de temps, mais j’aime cuire, ah ! j’ai cela dans le sang.

Nous prenons le café à la véranda et à deux heures Oscar repart jusqu’à 5 heures. Le plus souvent il joue au tennis ; ils sont 4 à la fabrique qui jouent. Le directeur, M. Visser, Oscar, le comptable et le chimiste analyste. Pendant que les messieurs jouent, les dames vont généralement l’une chez l’autre. A 6 heures il fait nuit, un crépuscule de 10 minutes. Nous soupons généralement entre 6 et 7 heures et passons nos soirées à écrire, lire, arranger la maison, faire des plans pour quand les meubles arriveront. De toute ma porcelaine, j’ai eu un verre à champagne cassé, le linge de Ferwerda est très beau, excepté mes monogrammes qui ne sont pas aussi bien faits que ceux de Schwob, mais comme ils sont gratuits, je ne peux rien dire. Aujourd’hui on nous a posé notre cuvette d’émail, achetée  à Batavia. Nous la faisons poser dans notre chambre à coucher pour ne pas être obligés d’aller à la mandi kamer /toilettes chaque fois que l’on veut se laver les mains. Cette cuvette est plus grande que celle que nous avons à Bienne à la salle de bain. Elle est très jolie, une belle glace et tout ce qu’il faut avec. Demain on va demander qu’on nous perce la paroi de la chambre à coucher pour faire communiquer avec le salon, sans cela le salon était tout à fait séparé des autres chambres et on y accédait par la véranda. Ainsi nous pourrons y aller par la chambre à coucher, sans passer par dehors. Ce sera surtout commode lorsqu’il pleut. Notre maison est chou.

24 octobre
Je vous ai écrit hier soir que nous avons fait poser notre cuvette en émail, c’est moi qui ai dit où elle devait et maintenant cette charrette est posée à un mètre de haut, c’est affreux à voir, il faut presque lever les bras pour se laver les mains. Tout est posé, je ne peux rien changer, ce que cela m’embête ! Habituellement elles sont posées à 85-90 cm . Bah ! tant pis, c’est une expérience de plus.


Alentours de Keboemen (25.11.13)

Il est 7heures (du matin) et je viens de faire une promenade avec Mme Röhwer, la femme du contre-maître. Elle est javanaise, gentille, mais pas très intelligente, pas beaucoup du côté intellectuel, mais elle sait bien coudre et bien des choses utiles concernant les Indes. Elle a un grand chien et nous irons tous les matins faire une promenade. Ainsi je commence à connaître les environs de Keboemen. Juste derrière notre maison il y a des champs de riz entre des forêts de palmiers. Partout il y a de beaux chemins, propres, bien entretenus. Ce qui me rappelle que je suis aux Indes, ce sont les petits enfants bruns qui viennent nous regarder avec des gros yeux étonnés. On pourrait les croquer, ces petits, toujours tout nus.

Oscar se plaît à la fabrique. Je crois que nous allons bien nous entendre avec tout le monde ici. M. Visser a déjà demandé quand nous donnerons notre première houseparty et s’est recommandé pour que je cuise quelque chose de bon. Mme Visser est excessivement gentille, c’est elle qui me fournit l’eau potable, qui doit toujours être passée par une pierre spéciale ensuite cuite et filtrée. Dimanche c’est elle qui m’a fournit un poulet pour la rijsttafel, et l’autre jour, par un malentendu (parce que je ne connais pas la langue) le boucher ne m’a pas apporté de viande, alors elle m’a donné un poisson qui nous a fait un excellent dîner avec des pommes de terre rôties, des petits pois et de la salade aux concombres. Dans son jardin, elle a des oies, des pigeons, des dindons et un bassin pour du poisson frais. Ces choses je les ai aurai aussi plus tard, mais mon jardin ne s’y prête pas si bien parce qu’il est ouvert sur la route, c’est plutôt un jardin d’agrément. Mais j’aurai des poulets, ils coûtent ici 25-30 centimes pièce, c’est la viande que l’on mange le plus souvent.

Nous avons eu la visite de John et Jans, ils sont à Solokarta, 3 heures d’auto de Keboemen, ainsi nous pourrons nous voir souvent. Je les ai eu à dîner, j’ai fait la Rijsttafel javanaise, ma baboe sait bien la faire, ainsi je n’avais pas besoin d’être à la cuisine tout le matin. Si tous les compliments que j’ai reçus d’eux étaient vrais, eh bien, je peux me monter le cou !

J’ai toujours mon dictionnaire malais sous le bras et c’est  ainsi que nous nous comprenons, mais ça va long et cela donne bien des malentendus. Je ne me suis encore jamais fâchée, je dois dire qu’ils sont très gentils, mes factotums.

Nous n’avons pas encore reçu notre gramophone, pourvu qu’il ne se soit pas perdu !

Voilà, ma lettre doit partir, j’attends de vos nouvelles avec impatience et je me réjouis d’avoir une correspondance régulière une fois que je serai installée…….






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