Laren/Hollande, 14 novembre 1932
Samedi matin nous sommes donc
allés à Amsterdam, Oscar (mon fiancé) et moi. Nous sommes partis de Laren à
midi et avons pris le lunch à Amsterdam. Oscar m’a emmenée voir la Ned. Ind.
Handelsbank. (Banque centrale des Indes Néerlandaises). Nous devions aller à 8
heures chez Monsieur Dunlop, un des directeurs. Tout le monde ici nous
conseille de partir ensemble, surtout parce que nous allons à Keboemen/Java, situé dans les montagnes
et plutôt un petit village.
M. Dunlop est le directeur commercial
des fabriques aux Indes néerlandaises et le seul qui soit contre le
projet de nous laisser partir ensemble. Premièrement parce qu’il doit payer mon
voyage et ensuite c’est un
principe de la société de ne pas laisser les jeunes partir mariés, ils
ont peur, à la Banque, qu’une jeune femme distraie trop son mari et que
celui-ci néglige son travail. Oscar a dit que quand M. Dunlop me connaîtrait,
il ne serait plus contre ce projet parce que j’allais lui plaire. On m’avait
aussi dit que cela dépendrait beaucoup de moi et que je devais me donner la
peine de le convaincre !!! Nous arrivions là dans la meilleure ambiance
après un bon dîner et du vin et des apéritifs. Enfin, j’ai fait sa conquête et
une heure plus tard, Oscar et moi sortions de la maison en riant et sautant le
long des « grachten » comme deux gosses en vacances. Naturellement
nous ne savons encore rien de définitif maintenant.
M. Dunlop n’a pas dit qu’il était
d’accord de nous laisser partir ensemble, mais il m’a demandé si j’avais déjà
fait des préparatifs de départ. J’ai dit que non : You don’t expect me, as
a sensible girl, to prepare for leaving for India, when I don’t know anything sure about it ! Il a
répondu : Yes that I must say, you are a sensible girl, and I advise you
to go home and begin to prepare.. Donc il faut s’attendre à ce que nous
partions ensemble et cela bientôt.
Je n’ai pas peur pour moi, je sais
que je peux supporter beaucoup et je crois que Oscar n’est pas le plus mauvais
et je crois aussi qu’il m’aime sincèrement, je le connais mieux maintenant. Est-il
le bon pour moi ? saura-t-il me rendre heureuse ? Je le crois. Il me
comprend si bien, nous avons les mêmes goûts, c’est pourquoi je n’ai pas peur
de partager une vie avec lui.
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